FESTIVAL LEZ’ARTS SCENIQUES
Avec : kreator, ministry, suicidal tendencies, sodom, destruction, finntroll, new model army, lofofora, black bomb a, municipal waste, fall of death
  Date du concert : 27-07-2012
  Lieu : site des Tanzmatten - Sélestat [ 67 ]
  Affluence : NC
  Contact organisateur : http://www.lezartssceniques.com
 
 
 
  Chronique : 03 août 2012 , réalisée par Blackened - Photographe : Blackened
   

Après un Sonisphere disons en demi-teinte début juillet, l’Est de la France offre une séance de rattrapage dès cette fin de mois. Le festival « LEZ’ARTS SCENIQUES » est désormais une véritable institution en terre alsacienne, proposant depuis plusieurs années déjà des affiches bien alléchantes. Citons en vrac Motörhead, Gojira, Death Angel, Helloween, Arch Enemy, Cradle Of Filth, Epica, Loudblast, Dagoba et bien d’autres, qui ont déjà foulé les planches lors des éditions précédentes. Le principe est simple : 3 jours de musique live en plein-air, et en plus pour tous les goûts. Le premier jour est consacré au Metal, le second à la chanson au sens large du terme, et le troisième aux musiques plus électroniques ou hip-hop. Evidemment, nous nous intéresserons au premier des trois jours de festival, avec cette année une programmation des plus intéressantes, qui montre que le festival monte en puissance. Et si l’annulation de TESTAMENT, initialement programmé en tête d’affiche en a déçu plus d’un (dont moi), son (ou plutôt ses) remplaçants de luxe comblent largement le manque. Les américains ont en effet été remplacés au pied levé par un trio gagnant venu tout droit de la Ruhr allemande, puisque les thrasheurs pourront headbanguer au doux son du « Big 3 of Teutonic Thrash Metal » : KREATOR, SODOM et DESTRUCTION ! Dans une veine similaire, citons les allumés de MUNICIPAL WASTE. Les amateurs de « Core » se déchaîneront pour LOFOFORA, BLACK BOMB A et les jeunes Mulhousiens de FALL OF DEATH. Le reste sera très éclectique : de l’industriel MINISTRY au folklorique FINNTROLL, en passant par le groovy SUICIDAL TENDENCIES ou le psychédélique ONE MODEL ARMY. Eh bien mes amis, quelle belle affiche ! Et à seulement 35 € le billet, mieux vaut ne pas se priver ! C’est ce qu’ont compris les 7 000 à 8 000 personnes (à la louche) présentes en ce jour.


Le festival, organisé par l’association Zone 51, met encore une fois le paquet au niveau de l’organisation. Le site des Tanzmatten à Sélestat (un immense parking entouré de verdure à proximité du centre-ville) est suffisamment grand pour accueillir scènes, camping, stands divers et variés (bouffe, merchandising…), et bien sûr festivaliers. Cette année, la disposition des scènes à été repensée. Les 2 scènes se faisant face lors des éditions précédentes sont désormais accolées l’une à l’autre sur la même ligne, à l’instar du Hellfest par exemple. La journée s’annonce longue et éprouvante, puisqu’aucun temps mort n’est prévu entre les groupes qui s’enchaîneront non-stop, le tout sous un soleil de plomb qui encourage hommes et femmes à venir pour un bon nombre d’entre-eux assez peu vêtu sur le site.


Quelques lenteurs au niveau de la distribution des accréditations et pass photos me font rater la première moitié du set de FALL OF DEATH. Comme chaque année c’est un groupe « local » (c’est-à-dire alsacien) qui a l’honneur d’ouvrir les hostilités. Les Mulhousiens sont évidemment ravis de fouler les planches de la « EMP Stage », située sur la droite, même si le parterre est encore largement clairsemé. Les cinq membres de ce combo de Metalcore ne sont pour autant pas impressionnés, ni par l’ampleur de l’évènement, ni par l’immensité de la scène. En effet, l’an passé ils ont pu ouvrir pour AVENGED SEVENFOLD au Zénith de Strasbourg et ont déjà accompagné de nombreux groupes de renom (BLACK BOMB A par exemple). Le Metalcore des Alsaciens n’est malheureusement pas des plus originaux, loin s’en faut. On trouve même le temps un peu long malgré les trente petites minutes qui leur sont allouées, tant les titres se ressemblent en utilisant les mêmes accords et les mêmes gimmicks, propres à ce style. FALL OF DEATH défend son premier album paru l’an dernier, mais peine à obtenir de grosses réactions du public malgré les sollicitations répétées du frontman. L’arrivée de Poun sur scène (BLACK BOMB A) le temps d’un titre fait soulever quelques bras, mais n’a visiblement pas l’effet escompté. Les deux guitaristes font toutefois montre d’une implication sérieuse comme en témoignent leurs sourcils froncés et leurs visages concentrés. Le bassiste reste plus en retrait avec un jeu de scène timide, tout le contraire du hurleur qui n’hésite pas à grimper sur les retours de scène pour haranguer la foule. Si l’originalité n’est pas de la partie dans les compositions, la précision et l’efficacité sont présentes. Le groupe joue propre et carré, à l’image d’un batteur impeccable derrière ses fûts, notamment à la double pédale. Mais cela ne suffit pas à faire du set de FALL OF DEATH un moment inoubliable du jour. Peut-être qu’avec une créativité supplémentaire, le groupe saurait sortir son épingle du jeu. Le réchauffé de Metalcore proposé ne m’a personnellement pas convaincu.



Place désormais au Thrash Metal, largement mis à l’honneur sur l’affiche, avec son premier représentant du jour. Les Californiens déjantés de MUNICIPAL WASTE déboulent sur scène, devant le backdrop bien dégueulasse de leur dernier album en date « The Fatal Feast ». La foule est déjà plus fournie pour accueillir ce groupe ô combien sympathique. Les riffs rapides et accrocheurs de Ryan Waste et sa guitare à la forme particulière déferlent à une vitesse folle, accompagnés par le jeu brut de Dave Witte derrière les fûts, qui manque malheureusement d’un peu de claquant dans sa caisse claire, pas toujours audible. Tony Foresta remue sa tignasse quand il ne grogne pas très rapidement ses paroles. Le groupe ne se prend pas du tout au sérieux, et place son set sur ce créneau de la déconne. Foresta et Waste enchaînent les interventions fendardes entre les morceaux. Le chanteur n’hésite pas à pousser une gueulante sur Hervé Coquerel qui fait son sound-check batterie pour Black Bomb A sur la scène juste à côté, car il fait trop de bruit et parasite leur concert. En 45 minutes, le groupe réussit à caser une bonne quinzaine de morceaux, ses titres oscillant entre 2 et 3 minutes. Les guignols de Richmond envoyant même un énorme titre d’environ une demi-seconde intitulée "Black Penis"( ?! ). Les premiers circle-pits se font voir sur des titres (vraies compositions cette fois-ci) comme "You’re Cut Off", ou "The Fatal Feast" issus du dernier album en date du même nom, mais aussi sur l’excellent "Sadistic Magicians", le pétillant "Beer Pressure" (consommée sur scène d’ailleurs), "Bangover" et ses plans à la Maiden singés par Waste et Phil, ou les plus « anciens » "Born To Party", "Black Ice", "The Thrashing Of The Christ", ou "Sweet Attack". L’ambiance très Punk de la musique du groupe se retrouve dans le public qui n’hésite pas à en découdre dans des pogos violents. Et ce n’est pas le problème d’ampli de Waste (son Mesa Boogie en fait des siennes) qui aura raison de la bonne humeur du combo qui s’amuse de l’affaire. Un moment très fun et énergique, MUNICIPAL WASTE en a retourné plus d’un en ce début d’après-midi !



Après le Thrash-Punk des Californiens, ambiance nettement plus Hardcore avec les attendus BLACK BOMB A, qui participant pour la troisième fois à ce festival après leurs passages ici même en 2004 et 2006. "Pedal To The Metal" ouvre les hostilités, et montre les Français remontés, à l’image d’un Poun au taquet comme d’habitude. Tout sourire, le frontman parle beaucoup au public qui le lui rend bien dans la fosse. Son alter-ego Shauny (au short de bain très seyant) est un peu moins communicatif, mais fait tout de même le show en explorant la scène sous toutes ses coutures. Torse-poil, Jacou à la basse, fraîchement arrivé dans le groupe, retrouve le public de Sélestat deux ans après l’avoir retourné ici-même avec Ultra-Vomit. "My Mind Is A Pussy" et "You Can’t Save Me" envoyés brutalement, laissent peu de répit au pit, qui accueille même l’espace d’un instant Poun descendu chanter au contact du premier rang, petit tour qu’il rééditera en fin de set en slammant au cœur de la fosse. La chaleur étouffante me fait quitter le théâtre des opérations en direction du guichet délivrant les jetons pour les boissons (longue attente en perspective…), d’où je peux repérer au loin des titres comme "Look At The Pain" ou "Mary", bien repris par le public. Avec ce set puissant et brutal, BLACK BOMB A confirme une fois de plus la qualité de ses prestations scéniques et sa bonne forme.



Retour sur la Goeland Stage pour une première dose de Thrash teuton. Le « Mad Butcher » fait rugir la tronçonneuse et DESTRUCTION peut entreprendre de mettre en pratique son nom. Le groupe est très attendu au vu de la foule qui se presse pour assister au show. Têtes de mort accrochées aux pieds de micros, clous et cuir de rigueur, la déferlante risque de faire mal quand Marcel « Schmier » Schirmer et sa bande arrivent sur scène. Le son est au poil, avec notamment une batterie bien réglée et percutante. Schmier beugle comme au premier jour, même lors de ses fameuses montées aigues de fin de phrasé, ce qui nous rassure sur la bonne forme du bonhomme, qui rougit de plaisir. L’agressivité est de rigueur, avec des titres phares de la féconde discographie des teutons, comme "The Butcher Strikes Back", "Total Desaster" ou "Thrash ‘Till Death" joué assez tôt dans le set. Le rouleau compresseur est en marche, et des titres comme "Mad Butcher", Eternal Ban" ou Nailed To The Cross" contribuent à aplatir une fosse déjà assommée, mais toujours motivée. Schmier jongle entre les trois micros disposés sur l’avant de la scène et son acolyte guitariste Mike Sifringer semble possédé par les riffs qu’il délivre avec une précision impressionnante. Le pauvre doit mourir de chaud derrière sa choucroute garnie grisonnante qui lui fait office de chevelure. "Armaggedonizer" ou "Hate Is My Fuel" issus du dernier bébé des Allemands passent avec brio le test du live, mais "Curse The Gods" bénéficie d’un suffrage accru du public. Malheureusement, la fin de set est entachée par un problème d’ampli (décidément), venant cette fois-ci des fréquences graves. La basse de Schmier ne délivre en effet qu’un son fluet sur "Hate Is My Fuel", et il faudra attendre plusieurs minutes avant revoir le gaillard finir le boulot. Vaaver occupe alors la fosse avec un solo de batterie dévastateur et technique. DESTRUCTION est venu, a détruit, et repart avec le sentiment du travail bien fait.



Le troisième (et dernier) groupe français à monter sur les planches est LOFOFORA. Reuno et sa bande ont déjà participé à ce festival il y a quelques années, et, même s’ils tournent intensément et n’oublient quasiment jamais de faire un crochet par l’Est de la France, ils restent très attendus par le public alsacien. 45 minutes de gros son, avec une guitare et une basse vrombissantes, bien en phase avec la voix rocailleuse et surpuissante du frontman. Ce dernier ponctue comme d’habitude son show de nombreuses allocutions, ou plutôt monologues, qui témoignent de la réflexion du garçon sur le monde qui l’entoure. Ses yeux brillant témoignent d’une réelle sincérité et d’un bonheur toujours intact de partager un moment unique avec le public. Et le public justement ? Eh bien on peut dire qu’il aura été des plus motivés ! C’est sur ce set que l’on voit les plus gros circle-pits du festival, tout simplement. Ambiance déchaînée donc sur des titres « classiques » comme "L’Oeuf", "Justice Pour Tous ", Auto Pilote", mais aussi sur des extraits plus récents du dernier album des Franciliens (« Monstre Ordinaire ») avec "Utopiste", "Elixir" ou encore "Cannibales". Excellent set de la part de LOFO qui malgré les années met une bonne raclée de maîtrise et de puissance à la française. Et ça fait du bien !



Retour au Thrash d’outre-Rhin avec le second trio allemand de la journée. SODOM se présente à un public tout acquis à sa cause. Tom Angelripper et sa fameuse basse rouge ne tarde pas à donner de la voix sur un "In War And Pieces" bien heavy, histoire de remuer les troupes avant la déferlante de tubes sodomiques. Citons en vrac "Sodomized", "M 16", "Outbreak Of Evil", "Agent Orange" et bien d’autres ! Si sa basse est un tantinet forte, son organe vocal raisonne juste ce qu’il faut. Armé d’un T-Shirt Oktober Fest qui en dit long sur ses occupations pour les vacances de la Toussaint, le bougre n’a rien perdu de sa puissance et de son agressivité, de bon augure pour un show puissant ! Tout sourire, le désormais gris et un poil dégarni « Bernemann » et sa Jackson Kelly en mode camouflage envoie du riff comme il faut. Arborant une technique irréprochable, le guitariste est très mobile sur scène et vient au contact du public à de nombreuses reprises par le regard. Le headbanging est de rigueur sur scène avec un Angelripper qui n’hésite pas à donner de la nuque, mais aussi dans la fosse, accompagné de nombreux slams et autres mouvements en tous genres.



Les fans sont ravis, le trio a envoyé du lourd en cette fin d’après-midi, et l’apéritif DESTRUCTION + SODOM lève déjà une barre bien haute pour le plat de résistance KREATOR prévu en tête d’affiche, juste après FINNTROLL. A noter que, hormis le Hellfest en 2011 et une tournée commune en 2002, ce fameux « Big 3 of Teutonic Thrash Metal » réuni ce soir est un évènement quasi unique.


Lez’Arts Scéniques reste un festo, avec son lot de moments funs, de déguisements et de rencontres. A ce niveau, je croise Stéphane Buriez (Loudblast) à plusieurs reprises sur le site. Le musicien/producteur se lance désormais dans le journalisme, puisqu’il animera une émission consacrée au Metal à la rentrée sur une petite chaîne. Le costaud nordiste fait le tour des festos estivaux accompagné de Fred Leclerc (bassiste français de Dragonforce) pour des interviews notamment. Affaire à suivre ! Au cours de la journée/soirée, de nombreux musiciens des groupes présents squattent le site du plein-air. Ainsi on a pu croiser Schmier ou encore Mille Petrozza au milieu de la foule, sans oublier les séances de dédicaces programmées pour la plupart des groupes qui permettent aux fans de garder quelques souvenirs. Bien cool également, ce qui rend ce festival à taille humaine éminemment sympathique ! Petite immersion dans le festival : ambiance.



Le set de FINNTROLL est l’occasion de prendre un peu de recul par rapport à la scène. Ne connaissant que très vaguement ce groupe, je suis agréablement surpris par la prestation des Finlandais. Leur Metal Folklorique aux forts accents Black est un cocktail détonnant et fort sympathique car très bien foutu il faut l’avouer. La voix hurlée de Mathias Lillmans est surpuissante et donne du punch à un ensemble somme toute très agressif. Si le frappeur Samu « Beast Dominator » Ruotsalainen, seul membre du groupe ne présentant pas de corpse-paints, semble totalement insensible à ce qu’il se passe autour de lui (aucune expression sur son visage), il n’en rend pas moins une copie absolument parfaite. L’ensemble du groupe est très actif sur scène, et les headbangs coordonnés ont dû être bossés en répète, ce qui a toujours son petit effet. Très bonne prestation, rafraîchissante et appréciée avant la leçon de Thrash qu’on s’apprête à recevoir de la part des maîtres allemands.



20h30. Le décor est déjà planté sur la Goeland Stage, d’une manière très intelligente qui a beaucoup d’effet. Le visuel du dernier album de KREATOR est décomposé en trois dimensions sur la scène à l’aide d’immenses panneaux verticaux et horizontaux, joignant au fond l’immense backdrop de « Phantom Antichrist ». L’introduction "The Patriarch" retentit et la bande de la Ruhr déboule pour envoyer un énorme "Violent Revolution" en guise d’amuse-bouche. Mille Petrozza (guitare/chant) est plus remonté que jamais et éructe ses paroles à s’user les poumons. "Hordes Of Chaos" achève déjà une fosse bouillante avec son final épique, avant un "Phobia" simple mais redoutablement efficace, repris comme un seul homme par le public. Petrozza dit alors son bonheur d’être là, en France, et n’oublie pas de saluer les nombreux Allemands qui ont traversé le Rhin pour les soutenir. On le sent d’entrée, les Allemands s’imposent ici en patrons, et leur position en tête d’affiche (ils bénéficient du temps de jeu le plus généreux du festival, soit 1h15) sera largement justifiée au vu de leur prestation. KREATOR puise dans sa féconde discographie et enchaîne ce qu’on peut quasiment appeler des tubes. La combinaison "Extreme Agression" / "People Of The Lie" fait très mal, de même que les nouveaux titres incorporés à cette set-list issus du dernier bambin des Allemands. Le titre éponyme "Phantom Antichrist" est l’un des plus percutants ce soir, et le plus convenu "From Flood Into Fire", pas indispensable, reste un moment sympathique. Le Soleil entame sa descente lorsque "Terrible Certainty" côtoie un "Enemy Of God" désormais indispensable à tout concert de KREATOR. Et on comprend pourquoi ! Ce brûlot, décidément l’un des meilleurs titres du groupe, est un pur bijou en live. Sami Yli-Sirniö et sa blonde chevelure assure à la perfection tant en rythmique qu’en lead malgré un jeu de scène peu expressif, et Mille Petrozza headbangue comme à ses vingt ans, haranguant la foule, lui demandant toujours plus de décibels. La section rythmique est également en très grande forme, à en voir l’action de Speezy Gieser à la quatre cordes et Jürgen « Ventor » Reil, kit impressionnant à portée de baguettes, qui assurent tous deux un set très propre. Le premier s’illustre notamment sur une introduction au tapping (le planant "Voices Of The Dead") et joue un rôle majeur en live, bien plus mis en avant que sur Cd. Le second martyrise ses fûts, même si on aurait aimé un peu plus de grosse caisse en façade. Les plus anciens morceaux sont réservés pour la fin du set et font mouche chez les plus « Old School » des fans de Thrash, à qui Petrozza dédie "Endless Pain", ainsi qu’à ses compères de SODOM et DESTRUCTION (le guitariste/chanteur porte d’ailleurs un T-Shirt à l’effigie du groupe de Tom Angelripper ce soit). "Pleasure To Kill" et son annonce en forme de question-réponse entre Petrozza et le public est évidemment offert, et le même schéma est répété à l’amorce du final "Flag Of Hate" / "Tormentor". Un set explosif, avec un Petrozza en très grande forme physique et vocale, le petit chevelu ne cessant de gesticuler et de demander la participation des fans. On peut tout de même reprocher aux Allemands de se reposer un peu sur leurs lauriers, ne prenant absolument aucun risque avec une set-list plus que convenue et sans réelle surprise. Les albums parus entre 1992 et 1999 relevant de la période « expérimentale » du groupe sont toujours ignorés (exception faite du titre "Phobia"). KREATOR veut proposer du bon gros Thrash à son public, et il est vrai qu’on entend un peu toujours les mêmes morceaux en live, ce qui risque au final de s’user un peu et de sentir le réchauffé. Mais comment leur reprocher, sachant que c’est exactement ce que les fans demandent ? Cependant, les premiers efforts du groupe renferment d’excellents morceaux qui mériteraient d’être mis en avant, peut-être pas en festival… Quoi qu’il en soit, avec ce nouveau décor impressionnant, un jeu de lumières au poil, et le groupe en très grande forme sur scène, mention très bien à KREATOR qui a mis tout le monde d’accord ce soir. Rendez-vous pris avec Mille et sa bande à la fin de l’année pour la tournée promotionnelle de « Phantom Antichrist » en compagnie de MORBID ANGEL et NILE. Les nuques vont souffrir !



Set List KREATOR : 1. The Patriarch, 2.Violent, Revolution, 3. Hordes Of Chaos, 4. Phobia, 5. Phantom Antichrist, 6. Extreme Agression, 7. People Of The Lie, 8.From Flood Into Fire, 9. Terrible Certainty, 10. Enemy Of God, 11. Voices Of The Dead, 12. Endless Pain, 13. Pleasure To Kill, 14. Terror Zone, 15. Betrayer, 16. Flag Of Hate, 17. Tormentor.


La nuit est désormais tombée, et, alors que des éclairs illuminant le ciel à quelques dizaines de kilomètres de Sélestat sans toutefois menacer le site en plein-air du festival, un roadie débarque sur la EMP Stage et annonce « Ladies and Gentlemans, coming from Venice Beach, California, SUICIDAL TENDENCIES ! ». Les musiciens investissent la scène sur une entrée tout en puissance où chacun se met en avant, d’Eric Moore à la batterie sur des roulements ressentis, à Dean Pleasants qui envoie des soli irréprochables de technique. Steve Brunner et ses cordes vertes fluo n’est pas en reste fait vrombir la sono par son jeu de basse furieux. A noter l’absence du guitariste Mike Clark, remplacé par un gamin qui doit avoir la moitié de l’âge de Mike Muir, mais qui se montrera à la hauteur par un jeu de scène absolument monstrueux de nervosité tout en faisant le boulot ! Le frontman, bandana enroulé autour de la tête, déboule enfin et se montrera absolument intenable tout au long du show. La scène, il l’aura parcourue sous toutes ses coutures, ne cessant pas une seule seconde de gesticuler à la manière d’un boxeur en rut. Et si la parlotte est un créneau qu’il connaît bien (en exagérant, la moitié du show se résume à un Muir parlant très vite au public entre les morceaux), cela en devient au bout d’un moment assez agaçant. Eric Moore s’illustrera aussi par de nombreux breaks et roulement très groovy, entre deux tournoiements de baguettes entre ses doigts. Si les Américains n’ont plus sorti de véritable album depuis une bonne douzaine d’année, Muir nous en promet tout de même un, une fois n’est pas coutume, ainsi qu’une grosse tournée en France. On attend de voir ! La scène reste un joyeux bordel énergique, qui se transmet sans difficulté au public, qui s’emploie malgré la fatigue de la journée. La fin du set verra même la scène investie par plusieurs dizaines de fans venus partager la fête avec les « ST » ! Show explosif pour un groupe inclassable et toujours mythique, avec son attitude punk/hardcore/funk. Alors qu’on aime ou pas le style, ST a envoyé une heure de bois ce soir, point barre !



Autre gros morceau de la soirée, les Américains de MINISTRY bénéficient eux-aussi d’un temps de jeu conséquent (1h15). Al Jourgensen et sa bande ont opté pour un visuel scénique différent, à savoir un écran géant en guise de backdrop derrière la batterie, qui diffusera des extraits de clips ou images en adéquation avec les morceaux. Si le Metal Industriel n’est absolument pas ma tasse de thé (et c’est peu dire), le show ne m’a pas convaincu outre-mesure. Les musiciens sont pourtant très carrés et professionnels, et ont assuré un concert sans réelle faille, si ce n’est leur relatif effacement. La set list, bien que n’étant pas connaisseur, semble contenter le public avec des titres engagés comme "No W", "Rio Grande Blood" ou "Lies, Lies, Lies" s’attaquant pour la plupart à l’administration Bush (un peu lourd et anachronique aujourd’hui), ou un final « classique » avec "Just One Fix", "N.W.O. " et Thieves". La mise en son est moyenne et assommante, avec des cymbales inaudibles, une grosse caisse triggée au taquet et écrasante, et des samples assez brouillons. Mais le principal problème vient en fait du charismatique leader du groupe, Al Jourgensen, qui a été tout simplement pitoyable sur scène. Déambulant difficilement, criant avec médiocrité ses parties vocales quand il ne singe pas un playback qui ne convainc personne (merci les bandes son pour les parties chantées et les refrains…), le papi de l’Indus semble complètement paumé. Bredouillant entre les morceaux des monologues incompréhensibles, le frontman, visiblement pourri de drogues et d’alcool, se montre fidèle à sa réputation de toxicomane et d’alcoolique notoire (il s’effondrera d’ailleurs en plein concert le lendemain à Paris). Minable tout simplement, et pas du tout respectueux du public, qui d’ailleurs ne semble pas lui en tenir rigueur. Après Dani Filth l’année dernière qui était à peu près dans le même état, Jourgensen réédite l’exploit, le tragique en moins. Pour les amateurs du genre, nul-doute que voir l’un des géniteurs du Metal indus près de trente ans après sa formation est un évènement, mais moi, je passe mon tour.



Il est maintenant minuit et demi, et le dernier groupe à fouler les planche est NEW MODEL ARMY, combo britannique de rock/punk alternatif. Et il faut avouer qu’après les rythmiques martiales de Ministry, les ambiances plus rock et plus mélodiques du groupe sont bienvenues. Après plus de trente ans de carrière, les Anglais, sous la houlette de Justin Sullivan (chant/guitare) accompagné de recrues plus jeunes que lui, délivrent une très bonne prestation. La mise en son est excellente, Justin est bien en voix en plus d’être affûté du haut de ses 56 ans. Le rock à tendance punk du combo n’hésite pas à s’aventurer sur des passages plus atmosphériques, planants et aériens à souhait. Le bassiste à la rose ( ! ) chevelure se transforme même pour plusieurs morceaux en percussionniste, puisqu’il seconde le batteur attitré du groupe à l’aide de toms ou tambours divers. Ca joue propre et clair, les morceaux sont bons, les fans, nombreux au premier rang, en transe et très en voix aussi : une bien belle fin de soirée !


Encore une fois, un festival réussi en tous points. Une affiche excellente et éclectique qui pouvait convenir à beaucoup, une organisation rodée et assez fonctionnelle (site, disposition des scènes et des stands, boissons et nourriture variées, tente destinée au merchandising avec boutiques T-Shirts et Cd…) : que du bon ! Encore merci à Zone 51 qui propose chaque année une journée Metal franchement excellente, et un grand bravo aussi à tous les bénévoles qui s’affairent à rendre cet évènement possible. Evidemment, à l’année prochaine !


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