CHRONIQUES CONCERTS

Certains pensent que le rock est mort. D'autres sont persuadés que les metalleux sont juste bons à montrer leurs postérieurs à la télé quand on les filme au Hellfest. Bien... Mais il va falloir qu'on leur explique que le metal et le rock, c'est loin d'être uniquement ça. Ou alors, il va falloir m'expliquer comment un groupe français originaire de Bayonne, 4 garçons dans le vent, arrive à se retrouver dans des salles telles que La Halle Tony Garnier de Lyon ou le Zénith de Paris en tête d'affiche et faire exploser une jauge que certains artistes français n'arrivent pas à tenir tout en étant ben plus médiatisés. Oui, parce qu'il faut bien le dire, ce n'est pas sur les grandes chaînes de télé ou de radio, à des heures de grande écoute que vous entendrez des morceaux de GOJIRA. Pourtant, le groupe est reconnu à l’international et tourne au côté des plus grands comme METALLICA et ce depuis pas mal de temps. Mais bon, ce que j'écris aussi s'adresse une nouvelle fois à ceux qui vivent à côté du metal et de son incroyable réseau parallèle. Parce que ceux qui suivent le mouvement connaisse ce groupe et le savent. GOJIRA est le plus grand groupe de metal français depuis bien longtemps et le rendez-vous de ce soir ne pouvait en aucun cas se manquer. Une date repoussée mais mais une date qui a finalement eu lieu et qui a rassemblé les fidèles pour une communion metal des plus intenses.

Ce sont les britanniques de EMPLOYED TO SERVE qui prennent d'assaut la scène à 19h30 emmené par leur chanteuse Justine JONES. Le groupe mélange les styles punk, hardcore et metal pour un résultat qui fonctionne parfaitement en live. L'énergie est bonne et le groupe profite de cette opportunité pour nous faire découvrir des morceaux de ses deux albums « Conquering » et « Eternal Forward Motion ». Une bonne entrée en matière pour s'échauffer et une découverte pour mal de monde ici ce soir.

Après un haka de rigueur, ce sont les néo zélandais de ALIEN WEAPONRY qui s'empare de cette scène. Les membre du groupe ont des racines maori et leur font honneur en utilisant la langue de leurs ancêtres pour les textes des morceaux. On trouve aussi pas mal de références musicales dans ce groupe, SOULFLY et KORN pour les plus évidentes. Mais je citerais bien Peter TAGTGREN pour le chant, notamment les chants clairs. Là encore, l'énergie est de mise. On retrouve une très bonne dynamique et un deuxième groupe de choix pour ouvrir cette soirée. Il s'agit encore d'une bonne découverte.

On l'attendait avec impatience ce concert. En effet, avec « Fortitude » sorti en 2021, GOJIRA nous a proposé un album qui les propulse sur un terrain quelque peu plus nuancé qu'avec leurs précédents albums. En simplifiant certains éléments tout en gardant une énorme dynamique, le groupe de Bayonne s'affirme comme une valeur sûre du metal français et encore une fois international. « Fortitude » se rapproche des grands albums façon « Chaos A.D » et « Roots » de SEPULTURA. On garde l'essentiel et on vient ajouter de nouveaux éléments. C'est valable pour les titres « Amazonia » et « The Chant ». Certes, ce n'est pas aussi iconoclaste que ce qu'avait proposé SEPULTURA en son temps mais ces nouveaux éléments donnent au groupe une nouvelle ampleur. A mon sens ce « Fortitude » fera date et restera dans les esprits pour quelques années comme un album incontournable. Les dates de cette tournée sont forcément attendues et c'est bien pour ça que le groupe se retrouve dans des salles de cette capacité. Et qui dit grande salle dit show conséquent et set list bien choisie. A tous les niveaux vous en avez pour votre investissement et votre temps d'attente que nous ont valu les reports. Dès les premières notes de « Born To One Thing », on comprend que le concert va être grandiose. Certes, le son de la Halle n'est jamais le meilleur du monde mais ça, on le sait depuis des années. Cette grande structure métallique n'a jamais été conçue pour de tels éléments. N'empêche que cette architecture particulière donne une touche visuelle supplémentaire pas désagréable. Mais mis à part ce léger élément perturbateur pour certains, le concert de ce soir se relève être un moment hors du temps. GOJIRA est habitué aux grandes salles et aux grandes scènes, un peu moins en tête d'affiche mais tout de même. Le groupe sait tenir son public et le public le lui rend parfaitement. Et ce qu'il y a de relativement étonnant, c'est que cela se passe avec des morceaux tels que « The Heaviest Matter Of The Universe » ou « Backbone ». On n'aurait pas forcément parier à la sortie de « From Mars To Sirius » en 2005, que le groupe les interprèterait un jour dans de telles conditions, avec écrans géants, effets de lumière et pyrotechnie. C'est pourtant ce qui est en train de se produire sous nos yeux ébahis. On se laisse porter bien volontiers par des morceaux tels que « Stranded », « Flying Whales », « The Cell » et bien sûr « The Art Of Dying ». Pour ma part, je reste encore scotché par l'impact de « Another World » en live. Le morceau est déjà une belle pièce. Je dirais même que sa sortie a fait évoluer ma perception du groupe. Son interprétation live en public avec le clip diffusé sur écran géant est totalement renversante. On gardera tout autant en mémoire « The Chant » et « Amazonia » qui prennent ici une dimension extraordinaire. En guise de rappel, GOJIRA nous gratifiera de 3 morceaux d'une puissance incroyable, « Silvera », « New Found » et enfin « The Gift Of Guilt ».

GOJIRA nous aura livré un show quasiment parfait, techniquement incroyable et d'une énergie à toute épreuve. On a vraiment de quoi être fier d'avoir un groupe de cette trempe en France. GOJIRA a proposé un style novateur qui a énormément influencé d'autres groupes mais que lui seul maîtrise à la perfection. Il s'agit bien d'un très grand groupe qu'on le veuille ou non et qui mérite amplement sa place dans ce type de salles en tête d'affiche. Si vous les avez ratés, pensez y la prochaine fois car ce genre d'expérience, même si j'essaie d'y mettre des mots, se doit d'être vécue pleinement pour tout le plaisir que cela procure !