CHRONIQUES CONCERTS

Qui a osé prétendre que le rock metal n’était pas apprécié dans cette région de l’Ain qui s’appelle le Bugey ? Ignorance ! Citons le Sylak, le Leym’fest, Rock’infrat !, et ajoutons-y, pour faire bonne mesure, un modeste bar à bières, discrètement situé à Ambérieu-en-Bugey, la « cité cheminote ». Si, il y a des métalleux dans cette ville et dans les communes rurales avoisinantes, la preuve en est que, ce vendredi soir, le Sans Pression affiche complet. Deux groupes de « musique extrême », comme on dit pudiquement, auront réussi à attirer des dizaines d’amateurs de brutal/death et de grindcore dans cet établissement dont la notoriété s’affirme rapidement. Un public majoritairement masculin, une ambiance conviviale et chaleureuse, parfois virile, autour des deux groupes qui vont animer la soirée, à savoir les Lyonnais de SHARKED et leurs potes de FESTERING PROCESS qui viennent en voisins du Nord-Isère.

Dès 21 heures, dans un angle de la grande salle du SP, qui tient lieu de scène, les musiciens de SHARKED donnent le ton du spectacle devant de nombreux amateurs qui ne sont pas là par hasard. Ce groupe régional a une expérience de près de 10 ans, son line-up a connu quelques remous dans ses débuts, il est désormais stable, ils sont cinq, dont le frontman-chanteur charismatique David, alias l’Abbé SM, qui ne manque pas de saluer et de remercier les présents et le « patron » de l’établissement. On notera aussi une présence féminine, ArtRose, qui s’occupe des samples et des synthés. TomRoger, Alan et Thomas, des musiciens chevronnés,complètent le tableau. Pour mémoire, on a pu voir SHARKED en décembre dernier au Dark Breath Fest de Bourg-en-Bresse et en juin 2019 à Trept (38).
Nos amis pratiquent depuis la naissance du groupe un death brutal aux accents de grind. La voix gutturale et le chant growlé de l’Abbé SM, en parfaite harmonie avec les instruments, dégagent une énergie et une puissance hors normes, au point qu’une demi-douzaine de fans, jeunes et moins jeunes, se déchaînent dans un joli pogo, limité certes, compte tenu de l’exiguïté du lieu.
Pendant près d’une heure, SHARKED sera au centre de toutes les attentions avec une bonne dizaine de titres (voir la set-list en photo). Tant pis pour ceux qui sont restés dehors ! Pour ceux qui l’ignoreraient encore, rappelons que David est également le chanteur et leader du groupe ROSENKREUZ. Précisons par ailleurs que la sortie d’un CD est prévue pour 2021 Personne n’aura été indifférent au style et à la prestation de SHARKED, découverte pour certains, confirmation pour d’autres, un plaisir en tout cas ! Bravo et merci.

Petite pause de 15 ou 20 minutes, et ce sont les gars de FESTERING PROCESS, groupe actif depuis 2008, nos voisins du Nord- 38, comme on dit, qui vont s’imposer pendant plus d’une heure, avec leur style propre, le brutal death- grind , tendance technique, dans toute sa splendeur . Leur batteur et celui du premier groupe sont une seule et même personne.
Mathieu, le chanteur de FP, un colosse impressionnant,se mêle à deux ou trois reprises aux costauds, purs et durs, qui s’agitent à un mètre des musiciens. Et puis, en invité surprise, c’est l’Abbé SM qui réapparaît pour quelques minutes dans un duo improbable. Jamais statique, en mouvement perpétuel, en osmose avec son public, pas de temps mort, c’est cela un concert de FESTERING PROCESS, la sueur ruisselle sur les visages, on se défoule, on se fait plaisir, c’est bien là le sens de la prestation de FP dont un titre en particulier, parmi une douzaine, se détache dans la set-list : »Impies soient-ils ». On joue les prolongations, dans une ambiance amicale et fraternelle. Bravo et merci les amis pour ces moments inoubliables.

C’est bien là la preuve que des concerts a priori modestes, dans une salle de bar, peuvent marquer les esprits...et les corps ! La preuve aussi qu’un style musical théoriquement « brutal et extrême » peut, paradoxe apparent, receler une réelle sensibilité, une dimension humaine. Musique, amitié, bière avec ou sans pression, émotion, voilà ce que je retiendrai de cette soirée pas comme les autres. Un grand merci à ceux qui l’ont organisée, aux deux groupes, au public de l’Ain et d’ailleurs.