POUL'HARD DE BRESSE
Avec : Black eyes crocodile, obsession, messaline, revenge, rosenkreuz
  Date du concert : 19-10-2019
  Lieu : La Plaine Tonique - Montrevel-en-Bresse [ 01 ]
  Affluence : 180
  Contact organisateur :
 
 
 
  Chronique : 2019-10-23 , réalisée par Der.Lehrer - Photographe : Didier K.
   
La Bresse est mondialement réputée pour la qualité de sa volaille, poulardes et poulets de Bresse élevés en plein air et nourris au grain...Et Le Poul'hard, vous connaissez ? C'est l 'événement organisé par quelques figures locales du hard- rock et du heavy-metal, Thierry Collet de SALHEM et Eric Martelat de MESSALINE. Cette année, ce n'est pas à Attignat, mais au coeur de la Bresse, dans la grande salle de « La Plaine Tonique », à Montrevel, qu'aura lieu la onzième édition du Poul'hard, en ce samedi d'automne, un peu triste. On y attend tous les amateurs de ces genres musicaux de la région de Bourg-en-Bresse et de l'Ain. Mais d'autres événements se déroulent non loin d'ici , et Lyon n'est qu'à une heure de route, ce qui explique, en partie, que c'est devant un public relativement restreint que vont se succéder sur scène cinq formations françaises, originaires de Rhône-Alpes et de Bourgogne-Franche-Comté.
Dès 18h 30, c'est un jeune duo qui s'installe au fond de l'immense salle. Ces deux copains, à peine plus de vingt ans, ont nommé leur « groupe » BLACK EYES CROCODILE. Ils mettent leur talent et leur sérieux au service d'un rock axé sur la rythmique et le riff (sic), proche de ce qu'on pourrait appeler « rock fusion ». Isaac, batteur et vocaliste, et Robinson, guitariste, deux prénoms, deux amis qui aiment RAGE AGAINST THE MACHINE depuis leurs années-collèges, nous auront servi un hors-d'oeuvre haut de gamme, leur set de 40 minutes a recueilli les applaudissements d'une vingtaine de spectateurs seulement, intéressés ou simplement curieux. N'oubliez pas B.E.C., l'avenir leur appartient.
Dès 19h 30, ce sont nos amis, les thrasheurs d'OBSESSION qui prennent le relais. Ce quintette qui réunit des musiciens du Jura, de l'Ain et de Saône-et-Loire a vécu une semaine chargée en concerts, mais ils sont en forme ! Qu'il s'agisse d'Antoine, le chanteur, de Laurent, surnommé Cachou, le batteur, d'Alex, le bassiste, de Stéphane et Alexis, les deux guitaristes, ils ont réussi en trois ou quatre ans, après une phase de reprises, à interpréter leurs propres compos, la preuve, leur album « Century Of Decadence », sorti fin 2017, est très favorablement accueilli par la critique et les métalleux en général. Leurs nombreux concerts attirent de plus en plus de monde, notamment quand ils partagent la scène avec les Lyonnais de SKOX, autre groupe de thrash metal, avec lequel ils ont noué des liens d'amitié. OBSESSION sortira un nouvel album en 2020.
Ce soir, ils ont une dizaine de titres à proposer aux spectateurs, enfin plus nombreux, devant la grande scène du Poul'hard.
Le charismatique chanteur, Antoine, séduit visiblement le public, sa voix puissante qu'il module en fonction des titres, ne laisse pas indifférent, même remarque pour Alexis, le jeune guitariste tellement à l'aise sur scène. OBSESSION, groupe soudé et uni, ne recherche pas à tout prix l'originalité, mais plutôt l'efficacité. On les retrouvera avec plaisir début décembre à Bourg-en-Bresse.

Petite pause, et MESSALINE, groupe de heavy-rock emblématique de Bourg-en-Bresse, mais dont la notoriété va bien au-delà des frontières de l'Ain, va animer la soirée pendant une petite heure. Quel rapport , me direz-vous, entre ce groupe de rock et Messaline, la troisième femme de l'empereur romain Claude, exécutée pour sa prétendue conduite scandaleuse ? Demandez donc à Eric Martelat, déjà cité, très connu à plusieurs titres,-c'est le cas de le dire- dans la région, fondateur du groupe en 2003, après ABSURD. L'infatigable chanteur et musicien est le seul « survivant » du line-up d'origine, lequel s'est largement renouvelé au fil des années. Eric est désormais entouré de trois musiciens chevronnés, qui servent efficacement l'image de MESSALINE, à savoir Alain Blanc, batteur, Matthieu Gilbert, guitariste et Jaimé Gonzalez, bassiste depuis 2011.
Le genre musical de MESSALINE , dont les textes en français dans un style recherché, véritable exercice littéraire, traitent de l'histoire des peuples, des religions entre autres, s'apparente au heavy-metal teinté de hard-rock, ou l'inverse. Eric évoque fréquemment le leader du groupe ANGE, Christian Décamps, dont il est un peu le disciple et un ami proche. Maniant l'humour décalé, volontiers amateur de jeux de mots et de contrepèteries, « Barbie Tue Rick, Cailles Au Fenouil etc. », il s'identifie à MESSALINE. Pour mémoire, citons quatre titres d'albums : Guerres Pudiques (2005), In Cauda Venenum (2009), Eviscèrer Les Dieux (2013), Illusions Barbares (2015).
Le set de nos Bressans, une musique et une voix reconnaissables entre mille, s'achève sous les applaudissements du public.

Il est bientôt 22h lorsque les Lyonnais de REVENGE (non, pas les Canadiens!) précédés sur scène par la belle et douce voix d'un enfant, entament leur prestation. Des revenants, les gars de REVENGE ? Pas vraiment. Certes, le groupe a vu le jour en 1995, vécu de nombreux changements de line-up, observé une assez longue pause, vers les années 2010. On se souvient des concerts de REVENGE au Lyon's Hall, notamment, entre 2005 et 2010. A l'issue de cette période de « stand-by », la formation, encore modifiée, jouera en première partie d'ALICE COOPER à Lyon 2017) et de SCORPIONS au Printemps de Pérouges (2018).
Séquence nostalgie, ce soir à Montrevel-en-Bresse, le chanteur de REVENGE, connu sous le nom de P'tit Jo, cheveux grisonnants, veste jaune moutarde, a conservé sa voix aiguë, voire stridente, qui rappelle étrangement celle de Udo Dirkschneider, le mythique chanteur d'ACCEPT. Un vrai spectacle vivant, on arpente la scène, on court, on saute, on frappe dans les mains. L'attitude théâtrale de P'tit Jo tranche avec celle, plus classique, de ses quatre collègues, Chris à la batterie, Romain à la basse, Philippe et Thierry à la guitarre. Face à un tel spectacle, le public, curieux, attentif et relativement calme, joue le jeu de l'interactivité lorsque le frontman lui tend son micro. Sans coup férir, REVENGE s'éclipse une minute, puis revient, encore plus fort, comme pour un rappel. P'tit Jo va jusqu'à s'allonger sur le sol, se relève et continue sa dernière chanson. Joli final ! C'était REVENGE …
23h 15 C'est l'heure de ROSENKREUZ ! Ils étaient prévus, paraît-il, pour jouer en avant-dernière position, finalement ils occupent la place de la tête d'affiche. Curiosité de la soirée, ROSENKREUZ est un groupe lyonnais de création récente (2015), qui pratique, pour être simple, un metal indus et gothique et réussit très bien cette synthèse assez originale. Ils sont six sur scène, le personnage principal, le chanteur, David, appelé aussi l'Abbé SM, et ses cinq disciples. Le timbre de la voix du chanteur rappelle celle du chanteur du groupe allemand RAMMSTEIN. Il retire ses vêtements, l'un après l'autre, ses lunettes noires et se retrouve torse nu devant des spectateurs éberlués, qui, pour certains, se demandent à qui ou à quoi ils ont affaire. Dans ce spectacle où le noir est la couleur dominante, rien n'est laissé au hasard, tout est calculé, le visuel et le musical, le fond et la forme. Il y a une dimension religieuse chez ROSENKREUZ -ou anti-religieuse ? Outre le frontman, c'est le guitariste (et compositeur), Phil, qui retient l'attention, avec sa casquette SNCF ou « genre Stasi ». Par ailleurs un claviériste intervient discrètement au fond de la scène. On ne soulignera jamais assez le talent et les qualités d'artistes de l'ensemble des membres de ROSENKREUZ.
Ange ou démon, David s'accroche à son micro, crie, hurle, avale une gorgée...et ça repart !
Une voix d'outre-tombe,bras en l'air, étrange spectacle...Nous sommes plongés dans un univers surnaturel. Et les gens dans la salle ? Subjugués ou conquis ? Les deux ! Choqués, peut-être en lisant au dos des T-shirts la devise : « Sex&Drugs= Rosenkreuz.
Varié et jamais ennuyeux, original à tous égards, le set de ROSENKREUZ aura marqué cette soirée. "Crystal City " est le titre de leur prochain album, CD qui sortira à mi-Novembre chez ADIPOCERE !
Le groupe prend le temps de saluer et de remercier le public, on est déjà dimanche…

On se souviendra longtemps du POUL'HARD 2019 ! Remercions les groupes, tous fort intéressants, et dotés pour les quatre principaux d'un leader incontestable, merci également aux gens qui se sont déplacés, et comme on dit souvent : »Les absents ne savent pas ce qu'ils ont manqué », et un remerciement particulier aux organisateurs de ce festival convivial et amical, Thierry, Stéphane, Eric, Christian et Sylvie d'Adipocère et tous les bénévoles. Rendez-vous en 2020.

* Les set-lists sont en photo