CHRONIQUES CONCERTS

Depuis bientôt dix ans que j'écume les salles de concerts en tant que chroniqueur, je suis toujours aussi ravi de découvrir de nouveaux lieux et de nouveaux groupes. Pour ce soir, ce n'est pas NO ONE IS INNOCENT que je vais découvrir, non, c'est le lieu. Je connais bien le quartier pour y avoir travaillé longtemps mais jamais je n'ai mis les pieds dans cette salle. Cela ne fait pas si longtemps que cette ancienne gare reconvertie plus tard en restaurant et désormais en salle de concert a repris une activité. Longtemps le lieu a été à l'abandon, trônant au bord de le route avec en fond un ancien puits de mine. Il y a déjà quelque chose d'intéressant dans ce lieu de 1926 avec ses deux balcons surplombant la scène. L'endroit est parfait pour une soirée rock, loin des SMAC habituelles.

On ouvre la soirée avec NIJUKO. Le groupe est tout jeune et il s'agit ce soir de son tout premier concert. Le trio vient tout juste d'enregistrer une première démo. Pour un premier concert, il est certain que ces musiciens sont plutôt bien servis. Si sur Saint-Étienne d'autres œuvrent péniblement depuis des années, eux ont eu plus de chance en ayant l'opportunité d'ouvrir directement pour un groupe de renom dans une salle qui affiche complet. Néanmoins le set est plutôt intéressant. La base est rock. L'énergie, la qualité et la maîtrise sont là. Affaire à suivre donc.

25 ans cette année que NO ONE IS INNOCENT écume les salles et nous distillent ses albums. Le groupe a bien connu un hiatus entre 1998 et 2004 pour revenir avec « Revolution.com » en 2004. Le groupe a ensuite évolué dans un style bien moins prononcé que sur ses premiers opus marqués à l'époque par l'influence de RAGE AGAINST THE MACHINE. Finalement le groupe revient à ses bases en 2015 avec l'album « Propaganda ». NO ONE IS INNOCENT a clairement connu des hauts et des bas comme bon nombre de groupes français. Si la scène est actuellement bien représentée par des piliers tels que LOFOFORA, MASS HYSTERIA ou TAGADA JONES, NO ONE IS INNOCENT semble évoluer dans une autre sphère. Si je dis cela c'est parce que bien habitué à la scène stéphanoise, je ne reconnais quasiment personne dans le public de ce soir. Et pourtant avec ce que nous vivons en termes d'énergie, d'engagement et de musique, il n'y a pas beaucoup de différence avec ce à quoi j'ai l'habitude d'assister dans le milieu du rock français. Le Clapier passe rapidement en surchauffe et il y a de quoi. Le groupe rentre dans le vif du sujet avec « Djihad Propaganda » suivi de « La Gloire Du Marché » et « Silencio ». Le ton est donné, la soirée promet d'être agitée. La petite salle du clapier est l'endroit parfait pour se défouler avec ses airs underground et le public lui fait honneur. « Nomenklatura », « La Peau », la reprise de « Bullet In The Head » de RAGE AGAINST THE MACHINE sont autant de points d'orgue dans cette set-list. On compte aussi sur les nouveaux titres tels que « Les Revenants » et « Frankenstein » qui apportent eux aussi leur dose d'énergie. Après un set écrasant le groupe nous quitte sur un trio dévastateur « Ali (King Of The Ring) », « Charlie » et « Chile ». NO ONE IS INNOCENT a trouvé sa place dans cette salle. Je n'en suis pas à mon premier concert du groupe et je dois dire qu'ici la conjonction était proprement idéale. La proximité avec la public donne forcément des moments intenses et nous n'en avons pas manqué ce soir.

Concert réussi, sans aucune contestation possible. NO ONE IS INNOCENT a connu en ce lieu une nouvelle jeunesse qui je pense pourrait l'amener bien plus loin. Les petites salles sont les lieux parfaits pour fédérer le public et cela a fonctionné à merveille. Hâte de retourner au Clapier dans de telles conditions !