CHRONIQUES CONCERTS

Mediatone nous a habitué à des soirées exceptionelles, et celle de mardi soir au CCO n'a pas dérogé à la règle !
Quatre groupes, quatre heures de show et le CCO bien rempli qui s'est réchauffé au fur et à mesure de la soirée.

Astrosaur n'est pas un dinosaure de l'espace mais bien un groupe de musique ! Venu tout droit de la Norvège, ce power trio instrumental entame cette soirée avec énergie. Personnellement pas fan des groupes sans chant, je reste subjuguée par la richesse musicale de ces trois comparses. Nul besoin d'un chanteur quand tu arrives à raconter autant de choses avec une guitare, une basse et une batterie. Un panel d'influences se ressent dans leurs compos très rock/stoner, aux accents parfois jazzy, bluesy qui leur confèrent un vocabulaire très varié. Un groupe qui ne paie pas de mine mais qui envoie du lourd ! A suivre avec grande attention ! Et double pouce levé pour le premier batteur que je vois jouer pieds nus !

On change de continent et d'ambiance avec le groupe australien Alithia. Alithia ce n'est pas que de la musique, c'est une expérience. Inclassable dans le vaste champ des genre musicaux, et si on voulait vraiment coller des étiquettes de partout cet ovni pourrait s’apparenter à du post-rock-prog-psyché. Eux se définissent comme un groupe d'astral space core, ce qui résume bien la situation. Mené par des percussions tribales ce set ressemble plus à un rituel chamanique qui nous propose un voyage dans le cosmos à la découverte des possibilités illimitées de l'esprit. Des riffs particuliers, des musiciens comme en transe, des voix venues d'ailleurs. La voix chamanique de Jeff Ortiz Raul Castro qui, derrière ses percussions, semble être une apparition de Te Ao Maori (le monde Maori), s'accorde parfaitement à celle de Marjana Semkina (la chanteuse de I am the Morning qui remplace le chanteur John Rousvanis malheureusement malade) qui ajoute l’évanescence aidant à entrer en transe. Une communion se crée entre les musiciens et le public. La connexion se fait au point qu'un des guitariste demande à une personne devant la scène de prendre sa guitare et de continuer à faire sonner un accord pendant qu'il bidouille des sons venus de l'espace.
Le rituel de passage achevé nous retrouvons les musiciens d'une extrême gentillesse, frigorifiés à l'extérieur du bâtiment pour papoter un moment de la performance à laquelle nous venons d'assister.

Il est l'heure maintenant de repartir vers le nord et d'assister à la prestation d'Agent Fresco. Le groupe de prog islandais qui fait énormément parler de lui dans son pays nous emmène encore dans un nouvel univers. Des accents de classiques au piano, une voix haut perchée parfois très pop, des riffs presque métal, Agent Fresco s'offre une grande liberté artistique. La création pour eux est un processus thérapeutique et explorer ses émotions ça fait partir sur des chemins divers et variés, parfois rudes, parfois doux, parfois très sombres et violents, à l'image de leur contrée. Tel un tableau abstrait ou surréaliste, il faut faire quelques pas pour aborder l'art d'Agent Fresco, pas que je n'ai personnellement pas eu le goût de faire cette fois.

Déjà bien servis dans les voyages de la conscience, la partie émotions fortes arrive, enfin, tant attendue par tous les fans présents dans la salle. Pour moi, voir Leprous en concert est une première, ne connaissant que très peu le groupe. Mais c'est une première qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.
J'entre dans la salle au moment de l'intro, au violoncelle, un "Oh ça, ça va me plaire!" m'échappe, grande admiratrice du violoncelle dans tous les styles de musiques. Ma première impression fut la bonne. Leprous est un diamant, pas à l'état brut, mais bien poli, un diamant extrêmement bien travaillé aux multiples facettes renvoyant la lumière dans tous les sens, mais jamais aléatoirement. Leprous est sur scène, on fermerait les yeux et se boucherait les oreilles qu'on l'aurait tout de même ressenti. L'atmosphère change d'un coup et je me sens emportée, hâpée dans un gouffre émotionnel sans fin du début à la fin du set. Leur musique indéfinissable a un pouvoir extrêmement fort. La voix d'Einar Solberg transporte la conscience et pénètre sous la peau, Leprous fait voyager. Un voyage mélancolique et transcendantal au fin fond de l'âme. Hypnotisée par les écrans où s'enchaînent les images évoquant un monde sombre et par les lumières extrêmement précises qui appuient les rythmes particuliers des morceaux, je perds toute notion d'espace ou de temps et mes larmes coulent inexorablement. Un long solo de violoncelle d'une ténébreuse douceur fini d'acheminer mon mascara jusqu'au au bord de mes lèvres. J'ai rarement vécu autant d'émotion lors d'un concert, et encore à ce moment où j'écris ces lignes mes yeux se floutent d'un voile lacrymal. Ce concert restera pour tous les fans venus ce soir ainsi que pour les non initiés un moment extrêmement fort. Je vais maintenant m'empresser d'aller remplir un stock de mouchoirs et d'écouter le reste de la discographie de cette merveille venue du nord.

Merci à Mediatone pour cette superbe soirée d'une extrême richesse !
Merci aux organisateur de cette belle tournée !
Merci à Valérie.jmt.consulting pour l'accréditation !
Mille merci à chacun des groupes pour leur extrême générosité et de nous avoir fait vivre autant d'émotions !
Et merci à Pavillon666 de nous envoyer vivre de tels moments !