FALL OF SUMMER JOUR 2
Avec : Haemorrahge, Suffocation, Nile, Coroner, Tsjuder, Triptykon, Ihsahn, Abbath
  Date du concert : 05-09-2015
  Lieu : Ile de loisirs de Vaires-Torcy - Torcy [ 75 ]
  Affluence : NC
  Contact organisateur : http://fallofsummer.fr/
 
 
 
  Chronique : 28 septembre 2015 , réalisée par Vyzhas - Photographe : Vyzhas
   
Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà repartis pour le deuxième round, qui on l'espère sera aussi riche et intense que la veille.
Après le Death putride des lillois de Skelethal et les parisiens déjà réputés de Temple of Baal et leur Black/Death lourd et malsain, ainsi que le Doom/Death progressif et lancinant de Hamferd venu tout droit des Iles Féroé, les choses sérieuses peuvent enfin commencer sur la Sanctuary !

HAEMORRHAGE

Les chirurgiens espagnols d'Haemorrahge débarquent sur la Sanctuary pour une dose de death/grind dégoulinant d'hémoglobine, le tout dans une ambiance assez bon enfant, il faut l'admettre ! Tous vêtus de blouses tachetées de sang, seul le vocaliste Lugubrious en est entièrement recouvert. Les hispaniques ne sont pas passés en France depuis 2013 (Sylak, Hellfest), le Fall of Summer était donc l'occasion de les retrouver pour un show affuté. En dépit du son un peu brouillon (encore trop de basse...), la prestation est une véritable boucherie sonore ! Avec leur univers à la « Evil Dead », mixant gore et humour noir, la formation distille depuis déjà 25 ans une musique fortement imprégnée des relents des premiers Carcass. La staticité des musiciens est compensée par le frontman sanguinolent qui occupe toute l'attention du public. Alternant sans difficulté chant ultra-guttural et cris typiquement grind, le bougre ne s'économise pas et se déchaîne comme un fou furieux sur scène, haranguant la foule qui le lui rend bien avec des slams et pogos en pagailles. N'hésitant pas à jouer avec une (fausse) jambe coupée et ensanglantée, le charismatique leader use de cette image à la fois humoristique et macabre, fond de commerce éternel du groupe dont le charme purulent a encore opérer auprès des fans présents, et ce malgré le coté répétitif de leur musique.

Bénéficiant néanmoins d'un son à la hauteur de la qualité de leur compositions, le death/doom progressif des nordistes de Supuration me laissant totalement de marbre, c'est vers la Blackwaters que je me dirige pour assister à la prestation hautement attendue d'une légende du Death Brutal à l'américaine.

SUFFOCATION

Quel deathster n'a jamais entendu le nom de Suffocation ? Formation mythique de la scène death américaine, les new-yorkais toujours emmenés par les guitaristes Terrance Hobbs, Guy Marchais et l'ultra charismatique vocaliste Frank Mullen n'ont pas bougé d'un iota depuis 1988, question brutalité et technicité. Après une arrivée en trombe sur un titre de gangsta rap, c'est avec une légère pointe de déception que l'on remarque l'absence de l'emblématique growleur, remplacé par le batteur de Disgorge, Ricky Myers, qui assure plus qu'honorablement le job sans parvenir à égaler le « maître ». Toutefois, Suffocation nous livre un set carré, lourd et d'une précision chirurgicale. Occupant parfaitement l'ensemble de l'espace scénique, les cinq brutes délivrent une setlist où se côtoient parfaitement les anciens titres imparables (« Effigy of The Forgotten », « Catatonia », « Thrones of Blood » ...) avec les nouveaux brûlots du petit dernier « Pinnacle of Bedlam » sorti en 2013 (« As Grace Descends »). Outre le fait que Suffocation ait fait une impasse (impardonnable) sur le cultissime « Pierced From Within », la prestation du combo, bien que magistrale, manquait d'un petit quelque chose, peut-être que l’absence du leadership de Frank Mullen y était pour beaucoup dans ce manque de conviction général...

Pendant qu'un des membres de l'illustre New Wave of British Heavy Metal, Satan réunit un parterre de fans nostalgiques à la Sanctuary, d'autres toujours plus avides de sonorités extrêmes sont restés devant la Blackwaters et attendent avec impatience une autre pointure de la scène Death made in USA !

NILE

A peine le temps de souffler que raisonnent les notes d'une introduction aux sonorités égyptiennes, pas de doute Nile investit la scène afin d'asséner une raclée pharaonique avec son Death Brutal et technique. Si les effusions de violence ne sont pas légion dans le public, Karl Sanders et sa bande, bien que statiques, mettent toute le monde d'accord en démarrant leur show avec le massif « Sacrifice Unto Sebek ». La basse un peu trop présente n'entache pas la lourdeur des guitares endiablées de Sanders et Dallas Toller Wade tous les deux très en voix, se partageant comme d'habitude chant ultra-guttural et vocalises plus rauque. Venu défendre sa dernière offrande « What Should Be Unearthed » sorti fin août, Nile dégainent ses nouveaux missiles sonores qui passent très bien l'épreuve du live, mettant toujours à l'honneur ses samples orientales qui parfument la brutalité de leur musique d'une saveur exotiquement occulte. C'est avec les membres de Suffocation sur un « Black Seeds of Vengeance » destructeur que les américains de Nile terminent leur set martial devant une assistance mise sur les rotules !

Setlist :

Sacrifice Unto Sebek 
Kafir! 
Hittite Dung Incantation 
Call to Destruction 
In the Name of Amun 
Evil to Cast Out Evil 
Sarcophagus
Black Seeds of Vengeance 

Alors que les Canadiens de Razor délivre leur Thrash old-school sur la Sanctuary, c'est une autre icône du Thrash européen qui se prépare à déferler sur l'autre scène, après un changement de line-up de dernière minute qui devait voir Triptykon s'emparer de la Blackwaters.

CORONER

Le temps jusque ici clément commençant à tourner à la pluie n'aura pas eu raison des nombreux thrashers réunis devant la grande scène. Nous retrouvons donc sans plus tarder les maitres du technical Thrash Metal, Coroner. Reformés en 2010 après 15 années de silence, les suisses délivrent depuis 1984 leur musique alambiquée aux riffs groovy. Un problème technique énervant au plus haut point les musiciens retarde le démarrage du show. Une fois réglé, le trio exécute avec une maestria époustouflante leur Thrash incisif. Le groupe se faisant assez rare dans nos contrées, le public est aux anges d'assister à cette cascade en série de nombreux classiques issus des cinq albums de la formation (ce « Masked Jackal » d'une précision redoutable !). Un show sans bavure de la part des helvètes !

Setlist :

Golden Cashmere (Intro)
Divine Step (Conspectu Mortis) 
Internal Conflicts 
Semtex Revolution 
Tunnel of Pain 
Metamorphosis 
Masked Jackal 
Grin (Nails Hurt) 
Reborn Through Hate 
Die by My Hand 

TSJUDER

Après la tornade suisse, c'est une bourrasque infernale venue tout droit de Norvège qui vient s'abattre sur la Sanctuary. Les guerriers du Nord de Tsjuder vont mettre à feu et à sang un auditoire qui sait pertinemment qu'il ne sortira pas indemne des riffs acérés comme des lames de rasoir de son Black à l'ancienne. Corpse-paints et clous de rigueur, le trio démoniaque emmené par le charismatique Nag et sa voix de gargouille, distille depuis 1993 une musique brutale contre-balancée par des riffs thrashisant au groove malsainement entêtant. Mais c'est avec « Desert Northern Hell » sorti en 2004, que les norvégiens ont signé leur pièce maîtresse avec des brûlots cradingues tels que « Ghoul » ou le « Black'n' rollesque », « Mouth of Madness » qui font toujours autant de ravages en live. Après un « Daemon Throne » dévastateur, les scandinaves nous gratifient d'un extrait de son nouvel album « Antiliv » avec un « Demonic Supremacy », déjà dévoilé en avant-première pour les chanceux du Hellfest 2014, et qui montre un Tsjuder toujours aussi véhément après 22 ans de carrière. Appuyé par une machine de guerre en guise de batteur, Nag et Draugluin délivrent un set puissant au son brut mais précis, se terminant en grande pompe avec une reprise véloce de « Sacrifice » du maître-étalon du genre Bathory !

TRIPTYKON

Changement d'ambiance avec Triptykon. La Blackwaters se met aux couleurs sombres et morbides du Gothic/Doom/Black du projet prolongeant l'expérience du monumental « Monotheist » de feu Celtic Frost. Si la formation demeure assez statique et peu communicative avec l'assistance, le charme opère toujours, notamment via le stoïcisme imposant du leader Tom Gabriel Warrior qui n'a pas besoin d'arpenter la scène pour être charismatique. Le combo jouit d'un son d'une lourdeur pesante mettant parfaitement en valeur les riffs rampants de leur musique lugubre. Si la setlist s'axe sur les deux albums « Eparistera Daimones » (2010) et « Melana Chasmata » (2014), l'emblématique frontman se permet également un petit détour dans deux œuvres majeures de son ancien groupe mythique Celtic Frost (« Morbid Tales » (1984) et « To Mega Therion » (1985)) avec le massif « Procreation (of The Wicked) » et le rapide « Circle of Tyrants » (pas de trace de « Monotheist » cependant). Qu'à cela ne tienne, les fans de l'oeuvre de Tom Gabriel Fischer ont tout de même été gâtés par cette performance funèbre !

Setlist :

Procreation (of the Wicked) 
Circle of the Tyrants 
Goetia 
Altar of Deceit 
Tree Of Suffocating Souls 
The Prolonging 

IHSAHN

Retour à la Sanctuary qui accueille une légende de la scène Black Metal norvégienne, Ihsahn. En 2014, la réformation-événement de son ancienne formation culte, Emperor, avait mis le feu au Hellfest pour le vingtième anniversaire de leur premier album et pierre angulaire de tout un genre « In The Nightside Eclipe ». Sillonnant uniquement les festivals européens, c'est une occasion rare de retrouver le talentueux musicien, mais cette fois-ci en solo. Il faut dire que les fans d'Emperor le savent, la musique d'Ihsahn n'a pas grand chose à voir avec ce qu'il faisait avant avec son collègue Samoth. Evoluant dans une sphère de plus en plus avant-gardiste, nous avons ici affaire à un Metal Progressif teinté de Black que le scandinave expérimente depuis 2005. Accompagné d'un jeune orchestre (guitare, clavier, batterie), l'ancien leader d'Emperor compose une setlist piochant dans l'ensemble de sa discographie solo. Bien qu'étant de plus en plus « prog » à chaque album, le show est énergique et montre un Ihsahn très en voix, de plus en plus à l'aise avec son chant clair n'occultant pas non plus son fameux timbre criard. Le bougre nous fait une démonstration de l'étendue de son talent à la guitare, alternant riffs rapides, parties alambiquées à la huit cordes et soli virtuoses qui ne sont pas sans rappeler à certains moments le style d'un David Gilmour (Pink Floyd). Ihsahn va même proposer un medley d'Emperor (« Elegy of Icaros/  « I Am The Black Wizards »/ « Thus Spake The Nightspirit ») quelque peu revisité à la sauce « Progressive ». S'il n'est pas du goût de tout le monde, l'initiative reste tout de même louable et les plus nostalgiques se sont finalement laissés emporter. Le vocaliste/guitariste clôture enfin sa prestation en toute sobriété avec un « The Grave » aux accents doom pesants, devant un parterre de curieux visiblement conquis par la musique hybride du norvégien.

Setlist :

Hiber 
Pulse 
Tacit 
Frozen Lakes on Mars 
A Grave Inversed 
Emperor Medley 
My Heart is of the North 
The Paranoid 
The Grave 

ABBATH

En 2014, Abbath s'était illustré dans « Bömbers », son cover band de Motörhead, qui fermait cette première édition du festival. L'emblématique vocaliste/guitariste est de retour pour terminer en beauté cette deuxième cuvée du Fall of Summer. Après avoir dit adieu au nom d'Immortal, enterré suite à des discordes juridiques , son ancien leader, visiblement déterminé à poursuivre l'aventure, est reparti sur de nouvelles bases en reconstituant un nouveau line-up composé entre autres de King ov Hell (God Seed et ancien Gorgoroth) à la basse. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'Abbath se fait désirer sur cette longue intro de musique classique. C'est après plusieurs minutes de retard que les hostilités peuvent enfin démarrer avec un Black incisif lancé à toute allure. Tous les musiciens se déchaînent devant un public qui n'attendait qu'eux. Abbath livre une performance aux allures de « best of » non seulement en jouant des nouvelles compositions de son prochain disque, des titres de son projet I mais surtout une grande majorité des classiques d'Immortal(« One by one », « Tyrants », « Nebular Ravens Winter », « In My Kingdom Cold » ou encore « All Shall Fall » .) qui font mouche auprès des afficionados. N'ayant rien perdu de son côté décalé, Abbath multiplie les poses grotesques, et nous fera son numéro de cracheur de feu sur le culte « Withstand The Fall of Time » qui scelle brillamment l'événement avec néanmoins un quart d'heure d'avance...

Setlist :

Warriors 
Battalions 
Fenrir Hunts 
The Storm I Ride 
One By One 
Tyrants 
Nebular Ravens Winter 
In My Kingdom Cold 
All Shall Fall 
Withstand The Fall Of Time 

C'est avec des souvenirs plein les yeux et les oreilles que se termine cette édition 2015 du Fall of Summer avec un bilan globalement très positif. Les défauts sonores de l'an dernier ont été gommés, et quasiment chaque groupe a pu jouer avec un son digne de ce nom. S'il reste encore des points améliorations, notamment logistique (les jetons pour boire OU manger, et le manque de bénévoles aux stands de nourritures ainsi que les pénuries créant des files d'attentes interminables), le Fall of Summer a tout d'un grand festival de qualité, qui à terme devrait faire partie des événements Metal majeurs en France. Chapeau bas à Jessica Rozanes, génitrice du projet, et l'ensemble de son staff pour tout le travail abattu. Un grand merci également à Marie Venot d'avoir accordé la possibilité à Pavillon 666 de passer un excellent moment ! En Espérant que le festival sera de retour l'année prochaine pour encore plus de shows mémorables !