CHRONIQUES CONCERTS

La Clé d’voute à St-Etienne est vraiment la salle de concert idéale pour les grand’messes sombres du black-metal, tout le monde ici présent ce Jeudi soir 20 Mars en convient. Alors, Wintermoon Productions ne s’est pas trompé d’adresse encore une fois pour nous offrir une belle affiche dans le style affectionné par un public de connaisseurs venu en nombre pour les Finlandais de STARGEIST, mais aussi pour les hordes Russe et Américaine l’accompagnant en tournée, PSEUDOGOD et NIGHTBRINGER. A noter le désistement d’un quatrième groupe ce soir, IRKALLIAN ORACLE (Suède) pour cause de maladie du vocaliste. Le concert débutera donc un peu plus tard que prévu ce qui permettra, entre autres, aux stands de merch dont Hass Weig productions d’intéresser vivement les participants de cette soirée.

Et puis, un peu plus tard, ce sont les Américains de NIGHTBRINGER qui investissent la scène vètus de noir sauf pour le chanteur apparaissant en rouge. Le rouge et le noir donc qui se côtoient, nous pouvons penser alors à Stendhal « dernier des grands psychologues français » selon Nietzsche, mais aussi aux couleurs de l’anarchie… Mais là n’est pas le propos. Ici dans cette sombre Clé d’voute, le groupe installe une ambiance particulière, ésotérique tout simplement. Nous écoutons « religieusement » les incantations du grand prêtre résonnant dans la salle où l’on a l’impression de participer à un rituel sombre et glauque. Nightbringer au fil des ans, au fil des albums, ne change pas pourquoi ? Et bien tout simplement parce que leur recette fonctionne à merveille depuis une quinzaine d’années et de nombreux enregistrements. Peut-être que le côté atmosphérique l’emporte maintenant sur l’agressivité des débuts, mais ce soir tout est diaboliquement bon à prendre, à voir, à écouter. Sauf que le dernier titre sera interprété par l’un des guitaristes, donnant un côté un peu incongru à la prestation. Prestation qui nous avait emmené quelque part entre EMPEROR et MARKUK, dans une voie perpendiculaire au néant, mais de toute façon bien impressionnante de maitrise dans le style.


Ce sont les Russes de PSEUDOGOD aux visages ensanglantés qui prennent la suite sur scène en nous proposant un certain black/death de bucherons à en croire notamment les coups de boutoirs envoyés par le batteur. Pseudogod qui avait attendu 8 ans pour nous proposer un album complet « DeathWomb Catechesis » après moult enregistrements principalement des splits et démo est là devant nous. C’est la guerre sur l’estrade, c’est la rapidité et l’agressivité d’un death-métal plombé, noirci par du black vicieux aux entournures qui nous prend la tête. Nous sommes à bout de souffle pendant l’écoute de ces compositions de champ de bataille, impressionnant donc ! S’échappent de temps en temps du grondement sourd de la rythmique, des soli style scalpels rouillés qui nous écorchent les tympans, mais c’est bien bon au final. Rarement death et black se sont côtoyés de cette façon et le show des Russes va nous laisser quelque peu abasourdis, mais quel délice malsain ce déluge infernal et bien maîtrisé.

Vient l’heure de SARGEIST maintenant. Les Finlandais qui nous jettent en pâture une nouvelle ode haineuse avec la sortie fin mars d’un quatrième album « Feeding The Crawling Shadows » bien ancré dans sa tradition de black chaotique et sans concession.
Sans concession, ce sera le maitre mot de la prestation de Sargeist ce soir. Ceux de Tempere nous rentrent dans le corps et l’esprit d’entrée de jeu pour un premier rang d’inconditionnels qui vont dès les premiers envois ravager le devant de la scène. Certains irons même jusqu’à porter à bout de bras les retours. Le son est énorme, l’efficacité au rendez-vous, la prestation est donc implacable de maitrise, on s’en serait douté. Fureur black haineuse, fureur des vocaux renforcés par cette vision de corpse-paints bien sentis.
Tout irait pour le mieux dans ce monde black « jusqu’au boutiste » proposé par nos amis Finlandais, si il n’y avait le mot « répétitif », ce vilain mot noir qui apparait en filigrane du show. Alors « sorry », le déchainement est furieux, bien calibré, mais sur la longueur cela devient un peu redondant, sans oser dire lassant pour tout amateur de black souhaitant un peu écouter quelques variations pour sortir un peu « la tête de l’eau » dans ce déluge incessant et explosif. Résultat des courses, Sargeist a emporté haut la main la bataille de la clé d’voute ce soir, mais attention, qu’en sera-t-il demain ?

Que dire de plus ? Pas grand’chose en fait. Que cette nuit noire passée à St-Etienne fut bien appréciée dans son ensemble et en a satisfait plus d’un. Les formations de black-métal étant légion de par le monde, c’est toujours un plaisir malsain d’assister à un concert du style. Merci encore à Wintermoon productions qui fait vivre cette scène dans la région. Merci également aux trois groupes de soir que nous avons découvert ou redécouvert, c’est selon