CHRONIQUES ALBUMS

La sortie d'un nouvel album de THY CATAFALQUE nous fait chaque fois frémir d'impatience. Depuis 2009 et la sortie du majestueux ROKA HASA RADIO (album emblématique, selon votre serviteur, de la tendance avant-gardiste), le groupe a su développer une certaine aura autour de son concept que l'on pourrait définir comme mystique. L'unique membre restant (TAMAS KATAI, qui au départ formait un duo jusqu'en 2010/2011) ne s'exprime quasiment jamais dans la presse. Il reste à lui seul un énorme mystère. Originaire de Hongrie, ses paroles sont toutes écrites dans sa langue maternelle ce qui entretient l'énigme de ses thématiques, corrélées par la musique aux sonorités si ésotériques et organiques utilisées pour la composition. Revers de la médaille : il n'y a pas de juste milieu ; soit vous appréciez l'univers de THY CATAFALQUE, soit vous le repoussez totalement. Evidemment, nous faisons partie des premiers. Mais s'il pouvait vous sauter aux yeux que cette chronique n'est pas objective, sachez de toutes manières que SGÙRR est unique et vraiment fabuleux, tout en étant surprenant.

Disons de suite que l'album surprendra par son parti pris de ne proposer qu'un album quasi-instrumental. " Quasi " puisque les paroles disséminées tout au long de l'album font davantage partie des bruitages et de la mise en ambiance (voix féminine, cris) que du réel chant (un peu de growl). Comment pourrait-on en vouloir à TAMAS puisque ses albums sont surtout réputés pour leurs parties musicales ? On appréciera d'autant plus car SGÙRR est plus fouillé et recréé une atmosphère beaucoup plus prenante que RENGETEG. Il n'est en revanche pas comparable à ROKA HASA RADIO qui se posait davantage comme un concept-album. Là où les albums gardent l'identité THY CATAFALQUE, c'est sur la track-list : le one-man-band ayant pris le pli, depuis trois albums, de proposer deux pièces maîtresses de plus de dix minutes, entrecoupées de quelques compositions plus courtes et de durées inégales (de 2 à 5 minutes).

En terrain connu ...

L'identité du groupe est toujours là dans le son, des guitares par exemple : très compact et identifiable instantanément, souvent pétri d'effets (pistes 2 et 4). Et puis l'autre instrument phare, toujours en place également, c'est le synthé. On le découvrira sous plusieurs formes (son de cordes, glockenspiel et ... synthé) parvenant à jouer de somptueuses mélodies, qui vous donneront une sacrée claque à chaque fois. Dès la deuxième piste vous serez emmené par ce violon volant haut dans les notes, délivrant une mélodie légère et enchanteresse qui ne vous quittera plus. On retrouve quelques gimmicks mélodiques comme sur le quatrième morceau, qui aurait pu se retrouver sur RENGETEG, ou encore quelques arrangements électroniques (piste 5). Globalement, l'album sera direct, comme l'était le précédent, mais plus fouillé. Il s'apprécie facilement mais ne se dévoile pas si rapidement ; la musique du hongrois a toujours été une superposition de plusieurs couches se dévoilant petit à petit, c'est encore le cas sur ce SGÙRR. Au SGÙRR.

... En terre inconnue.

THY CATAFALQUE sait aussi surprendre son monde en ayant pris soin de diversifier quelque peu sa musique. On retrouve quelques morceaux terriblement métal, presque black même (le septième) à grands coups de blast, de riffs acérés et de growls. On n'était pas forcément habitués mais puisque cet album joue énormément sur les ambiances, sombres et froides qui-plus-est, c'est totalement cohérent. Et puis c'est aussi contrebalancé par l'aspect atmosphérique porté par le son des guitares et le son très organique de la musique. Ce septième morceau est un véritable chef-d'œuvre de composition métal, associant brutalité, douceur, nature. Et puis cette fin d'album se révèle terriblement envoûtante : la brutalité de ce morceau laissant la place au planant et berçant KERINGO, faisant parfois penser à SUMMONING sur la longueur.

Oui, il est difficile de se passer de cet album une fois écouté. Tel ROKA HASA RADIO, SGÙRR pourra sans peine aucune rallier de nouveaux fans. Là où nos aïeux ont eu KRAFTWERK ou KLAUS SCHULZE, nous avons THY CATAFALQUE. TAMAS KATAI est un compositeur de génie, sachant sublimer ses thèmes grâce à sa musique. Une musique moderne, organique, entêtante. Le comble, c'est qu'il est seul aux manettes de son album (enregistrement, mixage, production). Les arrangements, à l'image des mélodies, sont sublimes et cohérents avec l'ambiance musicale. Un coup de cœur. Un GROS coup de cœur encore une fois. Alors à nouveau : Köszönöm szépen, Mr. Kátai Tamás.


Pour des raisons de longueur, les noms des morceaux n'ont pas été inclus dans la chronique, vous les retrouverez donc ici :
1. Zùgò
2. Alföldi kozmosz
3. Oldódó formák a halál titokzatos birodalmáb
4. A hajnal kék kapuja
5. Élő lény
6. Jura
7. Sgùrr Eilde Mòr
8. Keringo
9. Zùgò