CHRONIQUES ALBUMS

Post hardcore, post métal : des courants issus du hardcore et du métal dont les contours stylistiques de plus en plus larges complexifient leur identification, au risque de les transformer en genres par défaut, un peu fourre-tout. Quoiqu'il en soit, si l'on retient a minima le côté expérimental (sortir des structures de composition classique) et la longue durée des morceaux comme éléments de définition, alors on peut situer NevBorn dans cette veine post hardcore.

Mais qui est NevBorn ? NevBorn est une formation helvétique dont le nom est la contraction de « New Born » et de « Never Born ». Un nom qui résume bien la génèse de ce projet musical accouché dans la douleur, qui n'aurait pu voir le jour sans la détermination inébranlable de Mathieu Hinderger (il aura fallu six ans pour que l'album soit finalisé), créateur initial de « Five Horizons ». Aussi, cet enfantement douloureux mérite un immense respect. Le rejeton créé par NevBorn est soigné, magnifique. Il déborde de vitalité et d'envie mais aussi de tristesse et de mélancolie. Il est parfois calme et serein, parfois habité par une énergie violente et désespérée.

NevBorn délivre une musique simple dans le fond mais complexe dans la forme. Par des textures sonores sombres, éthérées et étincelantes, par un tempo down ou mid donné par une section rythmique qui structure admirablement les compositions, par un chant poignant et arraché, les « cinq horizons » touchent directement l'auditeur. Cependant, pour délivrer une musique qui touche si spontanément celui ou celle qui l'écoute, NevBorn a bichonné son « Five horizons », un nouveau-né qui, plus qu'un album, est un véritable concept. Sept titres (avec cinq très longs formats : de huit à plus de dix minutes) dont les noms évoquent des dimensions spatio-temporelles incertaines (« From the edge of the universe », « For seven days », « Between the skies »...) matérialisent ce voyage musical à la gestation longue et difficile.

« Sending a message », lente intro mi piano/mi électro triste et pesante de près de trois minutes ouvre la porte sur le premier horizon, « From the edge of the universe », où comme dans les trois qui suivront, les instruments tissent une musicalité complexe, composée d'un substrat mélodique et mélancolique où viennent se greffer une kyrielle de variations sonores subtiles savamment distillées.
Qu'ils soient écorchés, légers, porteurs d'espoir ou de colère bouillonnante, apaisés ou simplement fougueux, c'est bien cet ensemble si particulier de plans mélodiques et rythmiques inventifs minutieusement pensés, composés et agencés qui confère aux « cinq horizons » cette force et cette richesse émotionnelles qui atteignent instantanément la personne qui prête une oreille à la musique de NevBorn. Seule « For the king of kings », l'avant dernière composition, vient se poser en interlude instrumentale courte (deux minutes) et reposante avant que le quatuor ne dévoile sa dernière dimension sonore, « Ozymandias ».

Enfin, un support CD à l'artwork original et réussi ainsi qu' une production idoine mettant parfaitement en valeur les qualités artistiques et les subtilités musicales composant l'âme de ce « Five Horizons » viennent parfaire la réussite de ce premier et majestueux album proposé par NevBorn. A écouter obligatoirement.