Et bien voilà un album qu’on attendait plus, « 9 ans » après Rubicon, les belges d’Ancient Rites reviennent avec leur sixième opus, intitulé très sobrement Laguz, nom d’une lettre emprunté à l’alphabet utilisé par les anciens peuples germaniques, pouvant signifier eau, lac et la lettre L de notre alphabet.
A l’instar de leurs compatriotes d’Enthroned, la bande de Günter Theys a commencé sa carrière en 1988 et fait partie des pionniers de la scène Black metal belge; mais a depuis évolué, comme de nombreux autres groupes, en s’écartant autant musicalement que thématiquement du carcan black metal traditionnel ; pour se rapprocher au fur à mesure d’une formule qu’il leur est propre, mélange épique de metal extrême, symphonique et folklorique, voir tendant carrément vers le viking metal. Les thèmes sombres et sataniques des premiers albums se sont petit à petit estompés pour finalement disparaître à partir de Fatherland, sortie en 1998, la passion palpable dans les textes écrits par le leader, Günter Theys, pour l’Histoire européenne devenant la source principale d’inspiration d’Ancient Rites. Le line up a peu changé depuis 2006, le groupe actuel comprenant : Gunther Theys, Erik Sprooten, Domingo Smets et Walter Van Cortenberg, mais cette fois, c’est sur le label Massacre Records que sort « Laguz ». Nouveau changement de label pour Ancient Rites, donc.
Si Fatherland et Dim Carcosa avaient abordé le sujet assez commun de l’Europe du Nord et des civilisations germaniques, Rubicon sorti en 2006 avait entamé une nouvelle rupture dans la carrière du groupe, l’album n’ayant pas d’autre fil conducteur que de traiter de différents combats à travers les âges. Si le titre pouvait faire penser à une exploration de l’histoire Romaine, le Rubicon, symbolisant la période où Jules César entame son ascension vers les sommets du pouvoir et sa chute, c’est un véritable voyage à travers les âges et ces mythes que propose Günter Theys et sa bande: Mithra, les guerres médiques, les croisades rapprochant la direction d’Ancient Rites de celle que prend actuellement Rotting Christ.
Laguz poursuit l’évolution qu’a entrepris Ancient Rites sur Rubicon, alors que le titre aurait pu faire penser à un retour vers le thème viking, c’est à nouveau à Rome et à l’antiquité que s’intéresse le groupe. L’intro « Golden Path to Samarkand » annonce clairement la couleur avec ses orchestrations arabisantes rappelant un peu le générique de la série Rome, ouvrant sur le morceau « Carthago Delenda Est » épique et symphonique à souhait. D’ailleurs on peut souligner que Laguz est très certainement l’album le plus symphonique composé par Ancient Rites, les nappes de claviers se mêlant constamment aux parties metal de manière subtile et harmonieuse, permettant ainsi de souligner le caractère épique de chaque titre. En tant que féru de cette période, j’ai particulièrement apprécié qu’un titre « Apostata (Imperator Fidelis) » soit dédié au dernier empereur païen, personnage peu connu au destin passionnant. Laguz n’est pas pour autant un concept album et tout comme sur les précédents albums, différentes époques sont explorées au fil des morceaux, la pochette représentant, par exemple, un magnifique casque anglo-saxon du septième siècle.
Dans l’ensemble très bon, le seul bémol que l’on pourrait mettre à cet album est le choix fait par Günter Theys d’abandonner son chant éraillé typiquement black au profit d’une espèce de « spoken word » qui s’il n’est pas désagréable en soit, retire une partie de la rage et de l’agressivité que l’on pouvait trouver sur Dim Carcosa, album où le chanteur variait beaucoup plus son chant. C’est particulièrement remarquable sur le dernier titre intitulé « Fatum », beaucoup plus posé et folk que les autres. Cette manière de chanter, déjà employée sur Rubicon, éloignant plus que jamais Ancien Rites de ses débuts black metal.
Après une longue absence, les belges d’Ancient Rites reviennent avec un album solide, moins fort que Dim Carcosa, mais démontrant que le groupe est encore capable d’évoluer et qu’il n’a pas dit son dernier mot. Les fans de la première heure n’y trouveront sûrement pas leur compte mais les amateurs de musique ouverts d’esprit devraient apprécier ces mélanges aussi riches sur la forme que sur le fond.
Tracklist de Laguz :
01. Golden Path To Samarkand
02. Carthago Delenda Est
03. Under The Sign Of Lagoz
04. Van Gott Entfernt
05. Apostata (Imperator Fidelis)
06. Legio V Alaudae
07. Mind Unconquered
08. Umbra Sumus (We Are The Shadows)
09. Frankenland
10. Fatum (III Fate/Noodlot)