6:33
Deadly Scenes [ 2015 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 54.09
Style : Cabaret rock experimental
  Infos :Disponible en cd physique, digital et k7 au tirage limité
  Contact label : http://www.kaotoxin.com/
  Contact groupe : http://www.633theband.com/
 
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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  Chronique : 26 décembre 2014 , réalisée par Mary.Scary
   
6h33, le 25 décembre. Alors que je descends les escaliers en toute hâte pour découvrir ce que m’a déposé Papa Noël au pied du sapin, ma stupeur est grande : ce n’est pas un cadavre de bière que je découvre mais bien celui du gros barbu vêtu de rouge. Malgré le visage figé dans une grimace, aucune trace de lutte ni de mare de sang quoique… attendez, je vois bien là quelque chose, dans sa main. On dirait… un CD.
Je le mets dans le lecteur. Et là, la pièce s’assombrit encore plus, des lumières blanches blafardes, vertes dérangeantes et fuchsias glamours envahissent mon salon. Le sapin tremble et perd tout à coup ses épines, de grosses araignées remplacent les boules. Je réalise que mon canapé a été remplacé par une scène et que s’y trouvent des hommes grimés tout droit sortis d’un cirque peu recommandable, immobiles comme des statues.

Sauf qu’ils commencent à s’animer en même temps qu’apparaît, comme éclairé par le divin, un chœur chantant "Hellalujah". J’ai beau avoir peur, je regarde et surtout, j’écoute. Un rythme, du synthé sauce 70s, des riffs de guitare que pourrait jouer Danny Elfman, des sons de cloche… puis tout s’accélère, tout s’anime d’une monstrueuse joie. Ça danse, ça s’éclate, ça hausse les sourcils d’un air enjôleur. Et même le piano type maison hantée donne envie de remuer.
Puis une mélodie merveilleuse retentit, un maître de cérémonie à la Rocky Horror Picture Show alpague mon ouïe et je me sens déjà envoûtée par cet orgue capable de rendre vivant un vieux manoir. Un homme et une femme commencent à faire des claquettes, des morceaux d’os coincés sous leur semelle. Des trompettes folles dansent dans l’air. « Ego Fandango » mélange musique de films burtoniens, de cabaret loufoque et y inclus même un petit air de rap du ghetto de Zarbcity, un vrai bebop déjanté et de plus en plus jouissif qui affole les orteils et qui fait frissonner… de plaisir !
Un curieux plaisir prolongé par une incantation et les percussions d’une tribu cannibale qui introduisent « The Walking Fed » et qui raviront bien évidemment les oreilles en manque de MR BUNGLE. La voix grave et lascive hypnotise et on a qu’une envie : se balancer dans le chaudron d’huile bouillante. C’est à se demander si les membres de FAITH NO MORE n’ont pas subi le même sort car leurs chants et leur musique résonnent encore dans les volutes de fumée.
Des lunettes noires en forme de pixels apparaissent sur mon nez dès que commence « I’m a Nerd ». Que dire de cette comptine pour geeks si ce n’est qu’elle est surprenante et entêtante. Me voilà prise d’une frénésie, chantant « Nanananananana » en sautillant gaiement, tandis que le haut de mon pyjama a été troqué contre un tee-shirt représentant les membres du groupe masqué version cartoon. Tout y est, de l’esprit pop année 90 en passant par l’electro d’un Disney regardé sous LSD.
Danny Elfman déguisé en Jack Skellington apparaît en hologramme aux premières notes de « Modus Operandi ». Ce morceau semble tout droit sorti d’une comédie musicale réalisée par un cinéaste que je ne citerai pas tellement c’est évident. Peut-être moins nerveux, moins expérimental, ce titre n’en est pas moins d’une parfaite maîtrise et d’un ravissement total, comme si on avait pénétré dans une boîte à musique géante.
« I want you » me hurle-t-on plusieurs fois en me pointant du doigt. Puis les ondes du rock bien catchy intitulé « Black Widow » commencent à circuler dans mes veines. Impossible d’y couper, cette fois, je suis obligée de guincher dans les bras de Rorschach. Tandis que j’entame la chorégraphie sur scène en compagnie de la troupe comme si je la connaissais depuis toujours, je jette de temps en temps un œil sur le film en noir et blanc diffusé sur l’écran géant où corbeaux et gargouilles sont témoins de l’hérésie commise par une jeune fille dans un cimetière.
La folie retombe autour d’un feu de camp – oui au beau milieu de mon salon – car « Last Bullet for a Gold Rattle » est une ballade acoustique qui, dénotant totalement avec le reste de la prestation, accorde une sympathique parenthèse mais permet surtout d’enchaîner d’une façon « sans queue ni tête » avec le théâtral « Lazy Boy ».
Hélas le clou du spectacle arrive bien trop vite : « Deadly Scenes », mortel mélange des huit pistes précédentes allant même jusqu’à reprendre différemment les mélodies et les refrains précédemment entendus. C’est le moment d’en prendre plein les mirettes pendant un petit quart d’heure où fantômes, chauve-souris et hirondelles volent au-dessus de ma tête. Oserais-je parler d’une conclusion en beauté ? Oui.
La musique s’arrête, le groupe cesse de bouger, tout du moins leurs corps car leurs yeux me fixent. Puis ils passent de moi au Père Noël toujours affalé sous le sapin, reviennent à moi, puis regardent à nouveau le Père Noël. Ça dure jusqu’à ce que je comprenne que le même sort m’attend. Sauf si…
Je m’approche du lecteur et appuie pour la seconde fois sur « play ». Les aiguilles de l’horloge reculent à 6h33. Le sourire des artistes est machiavélique mais aussi ravi, ils reprennent alors leur position initiale. Un chœur apparaît comme éclairé par le divin. Hellalujah.

Morale de l’histoire : « Deadly Scenes » est comme un film musical complètement déjanté, surprenant, monstrueusement addictif. On y voit des squelettes valser et il n’est pas impossible de croiser un BeetleJuice conquis parmi les spectateurs. Si certains titres seront plus à votre goût que d’autres (mention spéciale à « Ego Fandango », « The Walking Fed » et « Modus Operandi »), l’album est un véritable concept qui s’écoute et se réécoute dans son intégralité. De la première à la dernière piste, quel bonheur les amis, quel régal ! Si c’était un plat, on s’en lécherait les babines et les doigts encore et encore. Plus que quelques jours à patienter avant sa sortie, en attendant je vous invite cordialement à vous allécher avec le clip de « Black Widow ».







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