CHRONIQUES ALBUMS

Sorti il y a peu de l'excellent label français Klonosphere (Klone, Trepalium, Lizzard....), et distribué, excusez-moi du peu, par Season of Mist, The Way I am est une bonne surprise en cette fin d'année où nous croulons sous les albums et les nouveaux groupes... Sous le couvert d'une production énergique et moderne, réalisée par le batteur J-War, ce EP 6 titres est une superbe entrée en matière pour une notoriété qui j'espère sera florissante...

Le groupe est mené par Saturne, chanteuse et auteur des textes, du chant et de l'artwork frais, épuré et onirique, et même si la musique est dense et variée, la vocaliste ramène la couette à elle à chaque instant, tant sa voix est présente, mélodique et versatile...

Sur les deux premiers morceaux, « Underground memories » et « No means no », on ne peut s'empêcher de comparer le timbre de Saturne à celui d'Anneke van Giersbergen époque Agua de Annique, très clair et très charismatique, qui aurait fusionné avec l'expressivité et l'articulation d'Alanis Morissette... La musique est tantôt intimiste, tantôt rageuse, et le son, résolument moderne s'approche souvent de l'électro ou du post rock sans jamais rentrer dans les clichés des genres...

« Miss Anger » continue de nous ravir et je trouve maintenant que les tonalités, parfois volontairement dissonantes dans l'approche (guitares et chant surtout...) me rappelle un petit groupe que j'ai découvert il y a une dizaine d'années, Urban Addict, mené par une chanteuse caméléon également (Emily Pello), plus pop que The way I am mais à l'approche identique dans la composition et les harmonies...

Au quatrième titre, on pourrait presque ressentir une petite lassitude par rapport au chant justement qui comme Anneke, reste souvent sur les mêmes notes longues avec un vibrato sec, mais dès que ce sentiment nous prend, elle nous surprend en poussant vers les aigus amples et on retombe sous le charme...

« Shine Brifht » donc et surtout « Run Faster » nous embarquent également dans une atmosphère un peu plus glauque, accompagnée d'une voix « pseudo-growl » ou carrément « black », et là je me pose la question : pourquoi ? On frise le ridicule parfois... Je suis bien conscient que l'utilisation de ce type de chant a une utilité particulière et renforce le côté rageur et metal de la musique, mais cela s'apprend, et n'est pas la chanteuse d'Eths qui veut, ni celle d'Arch Enemy...

Autant certaines (et cela vaut pour les chanteurs masculins) savent renforcer les morceaux avec quelques soupçons de chant hurlé (le meilleur exemple est Virginie dans le dernier Kells où elle est impériale..), autant certaines voix ne sont pas faites pour cela... Allez, je mettrai ça sur une faute de goût et un essai qui ne marche pas, car le tout est sauvé par la qualité d'écriture des compositions... A ne pas réitérer donc, ou alors inviter une vraie voix black ou thrash sur les chansons en questions.... En revanche, le petit effet Zach de la Rocha de Rage against the machine sur « Run faster » est du plus bel effet et très réussi.

L'EP se termine sur un tube en puissance , « Answer my call » et son refrain superbement interprété et son petit côté Evanescence bien venu, qui donne envie d'en savoir plus.... La frustration n'est pas de mise car le disque repart de plus belle et en boucle dans la platine, mais on a hâte d'avoir un véritable album de ce super groupe en devenir, histoire d'être à nouveau dépaysés par leur son et leur voix, presque hors du temps... A suivre de très près !!! Coup de cœur bien sûr !!!