CHRONIQUES ALBUMS

Chacun a sa propre vision du futur… D’un côté la version optimiste avec l’espoir d’un monde évolué et amélioré et de l’autre, la version pessimiste, sombre, froide et dévastée. Tandis que les machines seront toujours plus nombreuses et perfectionnées, où sera alors la place de l’être humain ?
SYBERNETIKS, groupe de rock industriel de Tours formé en 2013, s’est penché sur le sujet dans son premier EP, « The Corporation ». A travers six titres, le quatuor nous livre donc son interprétation de l’avenir qui nous attend probablement, une dystopie dans laquelle la musique a survécu, en ayant toutefois hérité de ses obscurs troubles ; ainsi la « lourdeur du rock » donne la réplique à des « mélodies électroniques entêtantes » et ensemble créent un univers sybernetikant qui rend la vie dans les rues pluvieuses d’une ville déchue un peu plus supportables.

Je pars loin me direz-vous ? Et pourtant c’est bien avec un écho lointain dictant « I close my eyes » que débute « The Corporation » et certaines musiques ont le don de vous emporter ailleurs à partir du moment où vous fermez les yeux. Celle de Sybernetiks en fait partie.
Dès « Blast Off », le groupe montre une nervosité adoucie par une voix veloutée mais surtout une mélancolie profonde posée sur quelques riffs lourds. Lourdeur et mélodie disaient-ils.
« Future Collapses » montre un peu plus les crocs mais autant vous prévenir, Sybernetiks est une douceur parmi d’autres groupes du genre. Ça ne hurle pas mais il est tout de même possible que vos tripes remuent un tant soit peu. Tout est dans le fond plutôt que la forme.
« End of Time », dernier morceau longue durée de cet EP, est là pour le prouver. Malgré ce que le titre pourrait évoquer, ni explosion, ni chaos. Nous sommes plutôt dans le bilan « cold and grey », autrement dit une fin façon boule dans la gorge et nœud dans l’estomac, plus dans les sons lisses que dans les rythmes violents. Mais n’oubliez pas que le froid peut se montrer aussi incisif que le feu.

Avec introduction et conclusion façon dark ambient à l’appui, Sybernetiks propose avec « The Corporation » une musique « visuelle », idéale pour s’évader, penser ou créer. Des sons industriellement froids, des chants clairs, la recette du genre musical est respectée et agréable pour les tympans avec toutefois une redondance qui ferait mieux d’être évitée à l’avenir mais la voix de Paul Darbot est plaisante, voire même touchante, et les mélodies font mouche. Une petite douceur dans un monde de brutes.
On y trouvera un petit côté Orgy dans la voix ainsi que dans les émotions qui se dégagent… N’en déplaisent à certains, pour moi c’est un compliment, mais il vaut mieux avertir ceux qui recherchent absolument du mordant.

Leur slogan : « Nous prenons soin de votre futur.» Je serais tentée de rajouter « de nos oreilles également. ». Un groupe à suivre, assurément.