CRIPPLED BLACK PHOENIX White light generator [ 2014 ] |
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CD Album Durée : 70.53 Style : Post-rock progressif |
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Infos :Existe aussi en vinyle, l'édition limitée comprendra un 7" avec deux titres bonus. | ||||
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ORIGINALITE |
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Chronique : 11 mars 2014 , réalisée par Barclau | ||||
Tout du long ce disque n'aura eu de cesse de me renverser. Imaginez : on commence par une belle ballade avec une voix caressée par une douce reverb, le genre qu'Elvis n'aurait pas renié dans ses heures inspirées. Guitare sèche, quelques notes de slide. Vache voilà un début qui est aussi audacieux que sobrement enchanteur ! Mais qui ne laisse rien présager de la suite. "No! part 1" commence par un beau riff mélodieux invitant à la tristesse. Et l'ensemble entre dans la danse avant la première minute. Pouah on dirait une version actuelle de l'immense "Hurricane" de Neil Young. Tout tient dans le parfait dosage de chaque élément, par exemple ce discret piano qui chapeaute la mélancolie, cette batterie parfaite qui co-compose le riff dans un subtil mix de limpidité et de puissance. Avant d'écrire j'ai écouté le titre à foison. Et la voix, quelle voix! Sans excès, belle, un timbre touchant. L'absence d'excès est probablement leur atout majeur, surtout qu'il est serti d'une ambition mordante, d'un panel émotionnel énorme. Tout fait sens, le son de guitare...L'enchaînement à "No! part 2" est limpide, fondu l'un dans l'autre, offrant déjà une troisième palette d'émotions à ce disque à peine entamé. Si les références sonores vont à Pink Floyd, elles sont en catimini, derrière ces chœurs célestes. Et puis cette maîtrise de la parcimonie offre toute sa splendeur au passage vers la seconde minute, d'une intensité rare. Accord lâchés, progression mélodique qui fait sensation, le titre flirte avec la dizaine de minute dans une construction très réfléchie faisant écho au titre précédent vers la septième minute. On sent un travail de fond et de forme énorme. Un travail qui fait de "let's have an apocalypse now" un des meilleurs titres que je me sois mis sous les oreilles depuis un bout de temps. J'aurais du mal à décrire ce qui me passe par la tête à son écoute. Comme si Neil Young avait voulu composer "Song X" en pensant à "The lake" de Bathory et empruntant à Vangelis ses chœurs marins de "Conquest of paradise". Magnifique. Les guitares sont en puissance, envoyant des coups de rame électriques. "Black light generator" est un morceau rock puissant, inspiré, aux couches sonores impressionnantes nourries de tout ce qui s'est fait jusqu'à présent. Obsédant! Le disque est divisé en deux parties correspondant à des faces (pour ceux qui l'auront en vinyle ça fera plus sens, ce qui va vite être mon cas !!!). La "white side" commence par l'entêtant "Northern comfort". Un beau morceau qui montre aussi le sens de la formule de ce groupe hybride ne reniant justement jamais à sortir du confort, en témoignent ces vocalises féminines magnifiques qui feront penser à ces orchestres vocaux bulgares qui m'ont souvent obsédé (les mêmes qui ont du inspirer Kenji Kawaï quand il a composé les b.o de Ghost In The Shell). Ces rencontres font qu'on touche au miraculeux! "Wake me up when it's time to sleep" apporte une sérénité qui donne encore une nouvelle dimension à l'album. On se rapproche de certaines belles productions de chez Kscope. Une voie que le titre suivant perpétue dans une atmosphère un peu différente mais tout autant majestueuse dont les superbes harmonies vocales ne sont pas sans rappeler les meilleurs morceaux de Midlake (même si ce groupe est plus ancré dans la galaxie folk, ils partagent un sens proche de la beauté des harmonies). Crippled Black Phoenix trouve toujours un moyen de rendre chaque morceau unique. Non seulement leurs mélodies sont profondes et ultra soignées, mais leurs arrangements sont très réfléchis, quasiment uniques pour chaque titre. Ainsi vont les magnifiques cuivres de "You'll be murdered". Y'en a beaucoup qui savent utiliser ces instruments à si bon escient, à part Jason Lytle ? Ou le piano de "We remember you". La partie lead de guitare avec les chœurs renvoie à Gilmour dans une version plus saturée. C'est beau bordel. Tout comme cette montée finale très cinématographique qu'on pourrait qualifier de post-rock sans le côté chiant que ça pourrait induire. Tout sonne justifié au service des morceaux. Les longueurs servent une immersion encore plus profonde. Et pour finir, "a brighter tomorrow" étire le temps dans une très lente valse d'espoirs. Éthérée, vaporeuse, majestueuse, cette fin est on ne peut rêveuse et me rappelle ces nuages sur lesquels Sparklehorse m'envoie. Vous voyez un peu la constellation que parcourt le groupe ? Un groupe qui ne se refuse rien et à qui ça réussit particulièrement, navigant entre les étiquettes pourvu que ça sonne. Les définir ? Inutile. Même si j'ai bien du tenter de le faire, maladroitement... Ce disque fût une véritable expérience. Je l'ai écouté d'une oreille vierge (sans rien lire), ce qui a rendu la surprise totale, sans la pression de mes attentes. C'est ensuite que je me suis renseigné et que j'en ai mieux compris l'impact. Crippled Black Phoenix est ce que certains appellent un super-groupe (un terme qui ne veut rien dire) qui a vu passer une trentaine de types, membres de Mogwai, Iron Monkey, Electric Wizard. Une liste de noms ne garantit rien bien sûr, mais cette vision particulière que développe se groupe hors dimensions (actuellement sept membres) s'explique probablement par leurs autres expériences. Chacun doit venir avec des idées et ambitions qu'il ne peut exprimer dans ses autres projets, ces rencontres donnent alors des explosions créatives. Je n'avais pas écouté de disque aussi stimulant et fusionnant de créativité depuis Jaga Jazzist, car même si les deux groupes n'ont rien à voir, j'y retrouve cette même effervescence jouissive sans limite. |
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