TRANSATLANTIC
Kaleidoscope [ 2014 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 75.50
Style : Rock progressif
  Infos :Album disponible en multiples versions, dont double cd (avec album bonus de cover), 2 cd/dvd mediabook, deluxe artbook, triple vinyle + double cd, songbook...
  Contact label : http://www.insideoutmusic.com/
  Contact groupe : http://www.transatlanticweb.com/ https://myspace.com/transatlanticprog
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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  Chronique : 21 décembre 2013 , réalisée par Barclau
   
Chronique délicate ! Le trop plein d'adjectifs et superlatifs est blacklisté. Le tour de force de ce bien nommé "Kaleidoscope" est qu'il a principalement su toucher l'auditeur que je suis alors que le musicien et guitariste en moi furent stimulés en premier. En cela j'avance que Transatlantic est probablement un des plus grands groupes de rock progressif populaire depuis bien longtemps. Quoi ??? Oui, vous avez bien lu, et alors que vous vous soulevez de votre chaise prêts à hurler au scandale, je persiste et je signe, mais j'explique !
D'abord ce disque est le reflet exact des personnalités qui composent le groupe: un disque positif. Pas besoin de fausse noirceur ou puissance pour se donner de l'importance. Non, "Kaleidoscope" est un disque de lumière, une lumière qui enveloppe. Aussi, l'album développe des thèmes et textures larges, magnifiques, et évite un écueil : faire de la musique pour musicien.
C'est en cela que je trouve cet album, ce groupe, populaire. Dans le sens d'il y a quarante ans, quand on ne tirait pas la musique vers le bas pour prétendre à un universalisme qui tient seulement d'une uniformisation insultante.
Mais voilà il faut admettre que le prog fait partie des genres souffrant avant tout de notre élitisme. Je suis coupable aussi, comme si cette musique devait être réservée. La faute à la perte d'authenticité d'une époque ? On se prend pour les gardiens du temple ? Je ne sais pas, mais ça ne sert pas la musique. Oui ce disque avant tout m'a fait poser des questions, sur cette scène, sur la possibilité de faire exister un tel album, son devoir, son pouvoir.
Remettons nous en contexte. Il y a quarante ans, entendre Yes à la radio (avant leur période fm) était courant. Voir Jethro Tull à la téloche, parler Genesis, discuter King Crimson, c'était banal. Aujourd'hui, ces groupes ne pourraient se former, Pink Floyd ne trouverait pas un café concert pour jouer Dark Side Of The Moon et aucun label ne produirait un l'album...pas possible de vendre des 4X4 avec une musique pareille !
Et bien Tansatlantic pense qu'on ne peut pas se moquer des gens comme ça, qu'on doit rester ouvert à tous, accessible, sans niveler vers le bas. Avant tout, c'est le public qui sera kaléidoscopique, attiré par cette musique de passionnés pour passionnés, même si forcément les musiciens seront émus par l'expressivité technique du groupe.
Et les morceaux dans tout ça ? Comment vous décrire ce qui défie toute mesure ? Deux possibilités, soit vous connaissez le groupe, et n'aurez comme principale surprise que le grand bonheur de les retrouver en si grande forme. Soit vous ne connaissez pas du tout, et alors bienvenue dans le voyage.
L'album s'ouvre sur "Into the blue", titre fleuve de 25 minutes qui ne connaît aucune perte, aucun moment superflu. La fluidité de la composition est magistrale, et dès le départ le thème très ouvert enchante. Puis la tension arrive vers la seconde minute, monte et monte jusqu'à cet énorme riff puissant à la si belle signature prog rock. Le chant démarre (Neal Morse) puis Roine Stolt ensuite et l'extase s'ensuit. Le point d'orgue pour ma part, c'est la reprise du riff inaugural vers la douzième minute avec harmonisations. L'apogée, qui nous amène vers une magnifique succession de leads très musicaux. La sortie de cette mini saga est dans le pur style Neal Morse, une échappée belle avec ce sentiment d'ouverture, d'avoir gagné quelque chose au passage. En fait, on se sent mieux.
Les trois morceaux qui suivent sont plus courts et sonnent comme des mains tendues vers les curieux que les longues compositions complexes pourraient rebuter. Un vrai kaléidoscope, oui. Avec une force unificatrice, la même qu'on trouve dans les meilleurs Genesis, dans The Yes Album (que j'écoute à foison). "Shine" ouvre la série des chansons "courtes" avec plus de 7 minutes. Ce morceau a une histoire: Neal Morse l'a écrit avant Momentum mais il y sentait un goût de Transatlantic, comme si l'envie de se réunir germait et que le temps était venu. Autour de cette chanson en quelque sorte, qui sonne comme la beauté et l'évidence réunies. Le reste des morceaux sont le fruit d'une écriture de groupe.
"Black as the sky" a ce magnifique côté nostalgique grâce aux claviers. Rythme entraînant, j'ose prononcer le mot "tube" car il n'y a rien de putassier, juste un caractère irrésistiblement accrocheur (comme je le pense du génial "Silent Sorrow" de The Flower Kings avec des claviers analogues). Le refrain est puissant, les passages instrumentaux très mélodieux ainsi que la fin du morceau offrant un thème épique magnifique.
"Beyond the sun" est une belle balade au piano avec pedal steel jouant des délais pour une belle réminiscence de Pink Floyd. Un morceau qui fait le pari de la pureté.
L'album s'achève comme il commence, sur une pièce d'orfèvre, le génial "Kaleidoscope". C'est parti pour une demi-heure d'enchantement, dont les cinq premières minutes sont déjà d'une richesse d'écriture impressionnante. Tout y passe, puissance sonore, puissance émotionnelle. La pièce garde tout du long cette alchimie entre efficacité, aventure et accessibilité, et se développe comme un scénario de film (le passage vers la treizième minute est très évocateur dans ses retournements). Transatlantic ne fait pas des enchaînements de plans, il s'exprime. Le groupe est une entité qui se décrit à travers ce genre de morceau, clôturant une quatrième épopée magique hors du temps. Un disque déjà dans mes incontournables.
La fusion du groupe tient de la magie, la dynamique et l'inventivité de Portnoy jouissent d'une liberté totale. La basse de Pete occupe le champ avec prestance. Et puis Stolt s'éclate tout au long du disque. On sent la complémentarité des quatre, l'esprit de Morse comme un guide à l'instar de l'entrain de Portnoy, bref on sent un groupe qui se fait plaisir tout en pensant au nôtre.
Notre cher combo ne cherche pas la surenchère vis à vis de son précédent chef d'œuvre et s'est concentré à livrer un album fort, cohérent, honnête, une offrande. Merci !







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