CHRONIQUES ALBUMS

Strasbourg a une scène très vivace et éclectique. Human Song s'inscrit parfaitement dans cette scène avec fougue, créativité et une certaine esthétique.
Un trio détonant et étonnant, dont les atouts majeurs sont la créativité, la puissance, la mélodicité, le tout marchant simultanément et nourrit par chacun des membres. Forcément, la première chose qui sautera aux oreilles c'est la voix: technique irréprochable, registres infinis, mais avant tout un timbre avec une forte personnalité. Elle semble impossible à confiner, si ce n'est par ses deux compères qui l'appuient dans ses envolées, la soutiennent dans ses moments de détresse. Ce disque sonne comme un ballet rock au son excellent, entre représentation scandaleuse dans un cadre pourtant serein. Imaginez un peu le cadre où la folie rôde, où elle s'empare parfois de vous puis vous laisse, vous regarde, attends le moment où vous seriez le plus vulnérable. Tout ça passe par une interprétation sans faute. La chanteuse a eu l'intelligence d'éviter les travers et clichés de la plupart des chanteuses rock. Réfléchie mais pas ennuyeuse, sulfureuse mais jamais salope, elle navigue avec une émotivité exacerbée.
"First crow" joue l'intro rugueuse, annonce la couleur noire que "Black" reprend. On commence en tranquillité feinte, avec cette petite touche de folie sous-jacente dans la voix. La progression du titre est excellente, jusqu'à ce bon gros riff après la seconde minute. Sacrée entrée!
"Suddenly" change justement très soudainement l'ambiance. Piano et voix avec une mélodie magnifique, sombre, avec toujours cette pointe de menace dans le fond. Le groupe suggère, annonce, nous mène sur des chemins hasardeux où le danger rôde. On ne sait pas quelle tournure ça va prendre, et au passage nous sommes happés dans la tourmente. La force du titre est de laisser le doute faire son travail. "Jane Lake" combine ces impressions pour une redoutable efficacité en moins de trois minutes. De bonnes idées bien développées, excellent refrain et bon break avant la deuxième minute, tout ce qu'il faut!
"Straightaway" nous relance dans une ambiance tamisée piano voix. Mais pas forcément calme car au niveau des émotions c'est très fort. Jonglant entre français et anglais, le morceau est une prouesse mélodique et la voix y est encore une fois merveilleuse. On pensera peut être à PJ Harvey (White Chalk) pour la noirceur et ce refrain d'une majesté semblable aux meilleurs moments de Marianne Faithfull (Before the poison par ex). "A" a ce côté bluesy qu'on retrouve chez Nick Cave. Ciselé, serpentant, très imagé. "Through the window" clôture cet EP avec ces superbes harmonisations vocales et son piano style piano bar qui en aurait trop vu. L'ambiance est excellente, notamment grâce aux overdubs. La batterie s'y fait plus présente, ça monte puis ça redescend doucement.
Un EP plus que prometteur car le groupe a une forte personnalité. Vivement un album avec je l'espère plus de décoffrage vu le potentiel explosif des chansons!