ROSETTA The Anaesthete [ 2013 ] |
||||
CD Album Durée : 58.42 Style : Sludge |
||||
Infos : | ||||
Contact label : | ||||
Contact groupe : | ||||
ORIGINALITE |
TECHNIQUE |
PRODUCTION |
EMOTION |
|
Chronique : 03 novembre 2013 , réalisée par blacklakenidstang | ||||
ROSETTA fait partie de ces groupes qui ont une véritable identité, et ce depuis leur tout premier opus, The Galilean Satellites, chef d’œuvre de post-metal/sludge sorti en 2005. Après deux albums supplémentaires et de nombreux splits contenant toujours de véritables trésors sonores, les américains de Philadelphie ont récemment dévoilé leur nouvel effort, The Anaesthete. Signé chez Translation Loss Records, Rosetta a pourtant fait le choix du risque en décidant cette fois de sortir cet album de façon totalement indépendante. L’album est ainsi d’abord, et principalement, sorti en version numérique sur bandcamp en « pay what you want ». Il faut dire que le pari financier n’était pas moindre, ce qui a été accentué par le fait que, dans les mois précédents la sortie de The Anaesthete, Rosetta a dévoilé toute une série d’éléments quelque peu déstabilisants pour les fans, dont un artwork ridiculement laid et amateur, un nouveau logo façonné dans le style black metal et une tracklist en japonais (issue d’un livre de Dave Lowry). Il y avait ainsi de quoi émettre quelques doutes quant à la qualité de ce nouvel album, inévitablement liée aux récents choix esthétiques des pennsylvaniens. Toutefois, il y a des groupes que l’on considère comme tellement bons qu’il est, dès lors, difficile de s’attendre à quelque chose de mauvais… Céleste, telle est la description que je donne de Rosetta depuis mes toutes premières écoutes du groupe : je ne trouve aucun adjectif plus en relation avec la musique créée par ces américains. Il faut dire que Rosetta est un groupe qui mélange divers éléments dans sa musique ce qui donne à la fois une impression de douceur et de puissance, en résultant un univers unique, venu d’ailleurs. L’ambiance créée par le post-metal de Rosetta via de longs morceaux somme toute assez progressifs et les deux grandes marques de fabrique de Mike Armine (des hurlements écorchés et une touche de drone/noise/ambient) aboutit à une atmosphère que je ne peux que placer sur une autre planète que la nôtre. Ce pari du groupe et ces étranges nouveaux éléments visuels ont-ils alors marqué un tournant pour le groupe ? Ou ces derniers n’étaient-ils qu’une plaisanterie permettant de faire monter la pression avant de véritablement découvrir The Anaesthete, la traduction de cet album étant approximativement « la personne ne pouvant apprécier la beauté » ? "Ryu / Tradition", premier morceau de l’album, semble tout de suite confirmer cette seconde thèse : il n’y a aucunement matière à s’inquiéter. En effet, ce morceau est du pur Rosetta, peut-être trop, dans une certaine mesure, tant ce dernier fait penser à d’anciens titres du groupe. Peu importe : d’une telle ressemblance à des chefs d’œuvre résulte forcément de l’excellence. "Ryu / Tradition" est ainsi un de ces morceaux ultra efficaces et hypnotisant, avec cet éternel élément céleste qui fait de Rosetta une « musique pour astronautes », comme les membres du groupe se plaisent à le rappeler. Une intro lente et noisy, un corps de morceau particulièrement intense, une sublime partie calme assez post-rock et un final venant me donner des frissons grâce à la voix répétitive et désespérée de Mike Armine... Ce brillant titre annonce clairement que The Anaesthete n’est pas l’album qui anéantira la digne réputation de Rosetta. Le deuxième morceau, "Fudo / The Immovable Deity", est, quant à lui, bien plus écrasant et rapide ce qui laisse penser que Rosetta essaye ici de donner une orientation plus hardcore/metal à sa musique. Cependant, là encore, la prodigieuse recette du groupe ne manque pas à l’appel puisque les différentes couches d’instruments viennent se superposer d’une façon telle qu’il semble impossible de les séparer : il faut ainsi notamment compter sur un son de guitare très particulier (les pédales étant souvent créées/modifiées par le groupe), une base atmosphérique/noisy et une intelligente batterie qui permet de faire respirer le titre. S’ensuit "In & Yo / Dualities of the Way" qui revient, lui, à du Rosetta plus conventionnel tout en mettant en lumière une splendide ligne de basse, simple et accrocheuse, faisant de ce morceau l’un des meilleurs de l’album. "Oku / The Secrets", à la manière de "Fudo / The Immovable Deity", redonne à l’album une incroyable lourdeur. L’initiative d’employer une telle agressivité dans Rosetta, chose inhabituelle dans leur discographie, est ici à saluer puisque le résultat est plutôt positif, bien que ce morceau ne soit finalement pas particulièrement mémorable, probablement à cause d’une fin peu réussie à mon goût. Pour calmer cette ardeur, "Hodoku / Compassion" vient donner à l’album une ambiance calme et post-rock, couronnée par une présence de piano et la participation d’Eric Jernigan (City of Ships), ce dernier venant chanter en voix claire (rarissime dans l’histoire de Rosetta). Si ce morceau peut paraître légèrement en décalage avec le reste de l’album, il me semble qu’au contraire il apporte de la fraîcheur au climat de The Anaesthete. De plus, cette nouvelle tentative de Rosetta de se diversifier est à nouveau une réussite puisque "Hodoku / Compassion" se révèle être d’une particulière beauté, simple et fragile. Vient alors le plus court morceau de toute l’histoire de Rosetta : "Myo / The Miraculous" qui n’atteint que timidement les trois minutes. A nouveau, il s’agit d’un morceau des plus violents et intenses, qui ne méritait toutefois peut-être pas, selon moi, de figurer dans cet album. En effet, ce dernier n’apporte rien de plus à The Anaesthete et sa courte durée empêche toute atmosphère de réellement naitre. Il s’agit ainsi de mon plus grand regret de l’album, bien que ce morceau soit, objectivement, loin d’être raté. C’est alors au tour "Hara / The Center" de redonner à l’album un argument de qualité. Cet excellent morceau trouve ainsi son intérêt dans un sublime crescendo post-rock empli d’émotions. Là encore la voix de Mike Armine, qui n’est pourtant pas en avant, réussit à donner une force particulière au titre tant ce dernier semble passionné. Les hurlements désespérés sont toutefois bannis des deux derniers morceaux de The Anaesthete. Le premier, "Ku / Emptiness", est un morceau long et très atmosphérique qui aurait trouvé meilleure place en tant qu’introduction à l’album ou qu’interlude. "Shugyo / Austerity", quant à lui, dessine un univers entre drone et noise : il s’agit cette fois assurément d’une belle fin d’album. En fin de compte, cet album aura nécessité de nombreuses écoutes pour que je puisse véritablement me forger un avis. En tant que grande amatrice de Rosetta, deux éléments m’ont frappée : d’une part, Rosetta a tenté de nouvelles choses, est devenu plus rapide, sombre et agressif ; d’autre part, et c’est la conséquence du premier élément, Rosetta a quelque peu perdu de son identité si unique. Pourtant, non seulement ces essais se sont révélés positifs dans l’ensemble mais leur recette n’a pas totalement disparu, laissant les pennsylvaniens repérables parmi les innombrables groupes de post-metal/post-hardcore/sludge. Il ne s’agit donc ni d’une déception puisque nombreux sont les morceaux tout à fait excellents, ni d’un coup de cœur puisque j’ai pu pointer du doigt certains défauts… Après réflexion, il me semble que la conclusion à cet album se divise en deux points : pour un fan de Rosetta de la première heure, cet album peut se révéler moyennement bon, les précédents opus étant tous des chefs d’œuvre ; pour quelqu’un qui ne connaît pas encore Rosetta, cet album est remarquablement bon et à écouter de toute urgence... |
||||
AUTRES CHRONIQUES DU MEME GROUPE | ||||
|