CHRONIQUES ALBUMS

La constitution de super-groupe semble être un effet de mode, son résultat n'est pas toujours au rendez-vous, voire parfois l'ensemble devient pénible. The Winery Dogs ne déroge pas à la démarche contemporaine du milieu metal, avec un petit plus car la formation est en réalité un super power trio. Les musiciens réunis autour de ce projet ou réel groupe sont Richie Kotzen (ex-Poison, ex-Mr. Big, carrière solo...), Billy Sheehan (ex-Talas, ex- David Lee Roth, Mr. Big, Niacin...) et Mike Portnoy (ex-Dream Theater, ex Avenged Sevenfold, ex Adrenaline Mob, Flying Colors, Transatlantic...). Inutile de parler des qualités techniques des musiciens, celles-ci sont connues, reconnues, "surreconnues".

L'album éponyme du trio permet à l'auditeur de passer un bon moment. Musicalement, l'opus est riche en ambiances diverses et variées, constitué de passages techniques de haute voltige, chaque musicien est mis à l'honneur. Point de grandes démonstrations futiles, barbantes mais des interventions allant dans le sens des compositions. La basse de Billy Sheehan assure le groove, son gros son caractéristique porte les structures, son travail à l'unisson avec la guitare fait oublier qu'elle est seule dans le groupe. Richie Kotzen a rangé au placard ses descentes de manches pratiquées à son début de carrière, le guitariste délivre un jeu riche et fluide, uniquement basé sur la qualité de son touché. Point de médiator, le pouce et les doigts sont mis à rude épreuve à l'image d'un Jeff Beck. Cet aspect est d'autant plus appréciable en version live. Le musicien assure des riffs puissants et lourds mais aussi des soli claires et cristallins, peu de fioritures beaucoup de bonheur. Il assure le chant pour la globalité se débrouille plutôt bien dans ce domaine, sa voix est chaleureuse et mélodieuse. Venons en à Mike Portnoy, sa frappe est comme de coutume lourde, son jeu est riche et dense tout en restant au service des morceaux, sa maîtrise est une des qualités de cet album.

L'opus traverse le monde de hard rock groovy avec "Elevate", le rock et rock prog "We Are One", "Not Hopeless" ou "One More Time". Le domaine des power ballades "The Other Side", "Damaged"... est à l'honneur. Sans oublier "Desire" est ses sonorités funk fusion mais aussi "Time Machine"pour sa rythmique sabbathienne, lourde et envoûtante. Richie Kotzen utilise une nouvelle arme pour le dernier titre de l'album "Regret", les claviers portent la composition à eux seuls, la basse est mise en retrait et la guitare s'autorise quelques intrusions. Est-il utile de parler de la production? Elle est propre, énorme comme il se doit pour un tel projet.

"The Winery Dogs" est donc un agréable album, réalisé par des musiciens talentueux. L'ensemble n'est peut-être hard ou metal dans sa globalité, mais il s'agit d'un ouvrage de rock intéressant non réservé aux musiciens avertis.

Ayant eu l'occasion de voir le groupe sur scène, les 13 titres deviennent encore plus appréciables sur ce terrain de jeu.