NEMO Le ver dans le fruit [ 2013 ] |
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Double CD Album Durée : 89.17 Style : Rock progressif |
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Chronique : 23 septembre 2013 , réalisée par Ivan.Jack | ||||
Béni soit ce jour de 2003 où, aux travers de mes recherches avides sur Internet, afin de trouver LA perle rare qui me ferait sortir du train-train des groupes trop connus et blasants, à un moment où j'avais envie de renouveau, je tombais sur une magnifique pochette genre « steam-punk » avant l'heure, ayant pour titre Nemo – Présages. Je découvris alors la musique de ce groupe (ils n'en étaient qu'à leur deuxième album et le dessin animé du même nom n'était pas encore sorti) et le son général ainsi que les compositions très originales, sorte de fusion entre le rock prog anglais et la pop française (dû principalement au chant français et à l'articulation de son chanteur-guitariste Jean-Pierre Louveton) ; chose marquante et totalement unique à l'époque, la place prédominante des claviers et leurs sonorités particulières, qui ont contribué au son si unique du groupe. Cet album réunit tout ce qu'il y a meilleur dans Nemo depuis plus de dix ans maintenant (et 8 albums studio...). Le premier morceau est déstabilisant car formé de choeurs et de canons vocaux, sans aucun instrument, pour lancer le premier pavé de l'album de plus de 8 minutes (« Trojan-le ver dans le fruit ») où la machine à groove se met en branle, rien que le premier riff du couplet met tout le monde d'accord, ça promet d'être du grand Nemo... « Milgram,1960 » ne dément pas la qualité des compositions et de cette ambiance si particulière et un peu glauque (les paroles sont découpées en détail, très bien écrites et parlent du danger de l'effet de masse et de lobotomie mentale par la télévision et internet). On continue avec une nouveauté : connaissez-vous le rock prog grégorien ? Non ? C'est normal, ça n'existait pas encore... jusqu'à ce « Verset XV » et ses chants à la quarte qui aurait ravi le prêtre de la série Kaamelot. Ils poussent le bouchon jusqu'à passer en mesure asymétriques, du 7/4 et un duel clavier/guitare en 11/8 bien prog, un solo magique de guitare et une sorte de scie musicale synthétique, semblant sortie d'un autre âge....futur, passé... on ne sait.... Déjà quatre morceaux, quatre ambiances différentes et le génie de Nemo pour faire s'imbriquer tous ces styles, ces ambiances... bref quatre chef d'oeuvre, d'entrée... et ce n'est pas fini... « Un pied dans la tombe » et son rythme lancinant montre la facette plus introspective du groupe, s'écartant des rythmiques metal et légèrement fusion, pour nous plonger dans un univers de mystère et de noirceur néanmoins orné de lumière blafarde, comme cette petite mélodie de piano juste magnifique qui revient plusieurs fois dans la chanson. Là le chant se trouve plus agressif, ou désespéré, et toujours ces délicates envolées des 2 mélodistes, Guillaume Fontaine et JP Louveton, dignes des plus harmonieuses idées de Dream Theater et consorts.... « Neuro-Market » nous prend en défaut car les dissonances sont maîtresses dans cet essai expérimental, n'étant pas sans rappeler les plus récents travaux d'Emerson Lake and Palmer et « Le Fruit de la peur » conclut à merveille le CD1, par ses textes inspirés et leurs lignes de chant superbes, une belle pièce mélodique comme savaient en faire nos chers Pink Floyd, Genesis et autres Camel mais en plus néo-prog. Laissons-nous bercer par ces couleurs musicales vivifiantes... Le CD 2 surprend totalement avec « A la une », chanson étrangement « popisante » et gentillette et qui n'avance que très peu dans l'intérêt de l'ensemble. « Triste fable » suit de près ce sentiment de baisse de régime, très lente et très longue, beaucoup plus intimiste, trop peut-être à côté de la majorité de l'album qui est lumineux... Rassurez-vous, l'instrumental « Allah Deus » va vous refaire vibrer avec ce groove de fou et ses mélodies toujours fusionnelles, cette basse dansante et ses galopades de notes très bien senties qui nous confirment que les gars s'éclatent en jouant ensemble... Chaque musicien est complémentaire à l'autre dans ce groupe, et l'auditeur raffole de ces moments rares dans les groupes rock actuels. La suite est tout bonnement exceptionnelle, entre les meilleurs moments de Dream Theater et Marillion, enluminé par un petit côté théâtral français comme le meilleur de Christian Décamps et son bébé Ange. « Opium » est tout simplement beau, simple et complexe à la fois et le pavé de fin « Arma Diania » de 17 minutes et pratiquement instrumental apporte une touche folk et celtique de part le jeu avisé de Guillaume Fontaine et sa gaïta (comme il nous l'avait déjà fait entrevoir avec l'album Barbares - 2009) ; cette « ambiance Nemo », cette concision, ce développement musical, cette évolution perpétuelle entre l'osmose groovy Lionel/JB et l'illumination JP/Guillaume. On ne s'ennuie pas une seconde malgré la longueur de ce titre, qui nous fait penser que ce ver dans le fruit est peut-être bien le meilleur album de Nemo à ce jour, même si certains sont carrément magiques (Prélude à la Ruine, Présages, Barbares....), question de goût personnel... Un mot sur la pochette et le livret qui sont tout bonnement classieux, tant au niveau des couleurs que du dessin, ce qui permet à l'acquéreur de ce disque d'en prendre plein les yeux autant que les oreilles... un véritable voyage... J'émettrais juste un petit bémol, la voix de Sire Louveton mériterait un peu plus de traitement, en cela qu'elle paraît toujours trop linéaire, avec la même expression et la même candeur, pendant la musique bouge et se mélange sans cesse.... mais ce n'est qu'un détail... Alors courez-voir leur site, achetez ce joyau, ainsi que les autres albums de ces quatre génies musicaux de notre cher pays, contribuez à ce que Nemo devienne grand, très grand !!! Car il le mérite réellement.... Pour moi, l'un des albums de l'année, rien de moins ! |
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