CHRONIQUES ALBUMS

On a coutume de dire que le troisième album d'un groupe est un sujet sensible. Découvrons comment les londoniens de Haken ont appréhendé ce virage avec "The Mountain".

Après une intro solennelle "The Path", menée par un piano et claviers, les débats sont engagés avec "Atlas Stone". L'entame du titre est progressive rehaussée d'une chorale introduisant le chant de Ross Jennings, la structure du morceau est jazzy et groovy à coloration pop / funk. La basse impulsant le rythme de ce titre est relativement mise en avant. "Cockroach King" est autant déroutant que somptueux, les breaks sont insolents, les riffs lourds. L'ambiance dégagée nous entraîne vers le prog expérimental des années 70 soutenue par une production contemporaine. "In Memoriam" devient plus accrocheur, la basse emmène l'ensemble, les guitares en arrière plan s'évadent dans le monde du funk. "Because It's There" peut surprendre par son canon vocal limite a cappella en début de composition, la basse solitaire entre à son tour épaulée de délicates guitares. "Falling Back To Earth" retient toute mon attention par sa structure alambiquée, ses cassures rythmiques, ses ambiances nuancées, ses riffs appuyés et son walking bass, et surtout son échange guitares - basse taping. "As Death Embraces" permet d'apprécier à nouveau le piano, ce titre est un intermède auditif amenant du calme, du repos. Les riffs soutenus, puissants et denses sont mis à l'écart. Un thème sensible et mélancolique ajoutant une touche d'originalité à la formation. "Pareidolia" est lui aussi un titre incontournable, il se démarque par son thème et son chant typé Orient. Sa durée n'est pas un obstacle tant il est riche et intéressant. "Somedody" vient clôturer cet opus, la composition est mélancolique et dramatique, son orchestration est magnifique.

Haken délivre un album riche, technique, varié et dense associant à son prog metal des structures provenant d'horizons divers (jazz, pop, oriental...). Les guitares usent de toutes les subtilités que proposent l'instrument (riffs imposants, sonorités expérimentales, harmonies, soli complexes). La batterie soutient l'ensemble quelque soit l'ambiance, discrète version balai jazzy à l'artillerie lourde et intense. Les claviers et le piano assurant un rôle majeur dans l'occupation des espaces sans devenir du remplissage. La basse sait galoper, ronronner et mimer sa grande sœur venant du jazz. Le chant est mélodieux, sensible et touchant par moment. L'ensemble des musiciens font montre d'une maîtrise technique et d'une habilité dans le domaine de la composition. La production est propre et ne vient à aucun moment cacher l'ambiance générale des 9 titres.

Avec "The Mountain", Haken n'a pas glissé dans ce virage et se positionne en formation incontournable dans le monde du prog en général. Le groupe apporte de nombreuses variations évitant de devenir pénible à la longue.

Cet opus devrait user votre lecteur cd, il est à consommer sans modération.