CHRONIQUES ALBUMS

Si la scène Française se porte relativement bien avec des groupes connus et reconnus internationalement, il en est une autre qui sait se faire plus discrète mais qui a également son lot de grands groupes. Technique et mélodique, avec des groupes comme Fleshgod Apocalypse ou encore Dark Lunacy, l'Italie a elle aussi son mot à dire sur la scène du metal international. Vous l'aurez compris, le pays du parmagiano reggiano et du tiramisu est cette fois mis à l'honneur avec le groupe GLACIAL FEAR et leur nouvel EP : Equilibrium part II. Avec un tel titre il ne va pas sans dire que le groupe à forcément un antécédent quelconque. Et quel antécédent ! Je vous laisse le soin d'imaginer mes heures de recherches assidues pour comprendre et expliquer l'évolution musicale d'un groupe inconnu au bataillon français...

GLACIAL FEAR est une formation qui a vraiment pris son temps avant de trouver sa voie, et pour cause, le groupe s'est formé en 1992 … Tout avait pourtant bien commencé pour le groupe avec un premier jet officiel en 1995. Une sorte de mélange entre la musique cyber, alors récente, et le thrash qui connaissait depuis quelques temps une renommée plus que florissante. Le rendu était à la fois agressif et mélodique, ce qui aurait pu avoir un certain charme avec une production plus soignée. On aurait donc pu penser que le groupe avait trouvé sa voix lorsqu'en 1997 sortait leur premier album « Frames » , reprenant les genres musicaux déjà exploités auparavant. C'est en effet à l’orée du 21ème siècle que le groupe connaît une véritable tempête de line-up qui , à l'instar de beaucoup, leur permis de rebondir et de sortir leur deuxième album « Fetish Parade ». Le son y est plus mature, plus propre, et la composition plus développée : la guitare y est limpide bien que soulevée de quelques effets de distorsions et la basse bien présente. On oublie le chant complètement guttural qui était pourtant bien présent sur les premières compositions pour se focaliser sur quelque chose de plus soft, la touche de grawl en plus sur les refrain. On sent que Enrico Giannonne, le chanteur, a envie de changer de registre. Et c'est ainsi qu'en 2003 avec l'arrivée des frères Giuseppe (basse et chant), GLACIAL FEAR mue au sens propre du terme pour se focaliser sur ses bases et nous offrir au fil des années un metal de plus en plus soigné penchant notamment sur le Death/trash comme le démontre leur dernier album : « Filthy Planet » sorti en 2007.

Tout ce magnifique discours pour vous faire réaliser à quel point GLACIAL FEAR est un groupe aux tendances très changeantes . Reste donc à savoir si la formation italienne a su trouver la voie à suivre à travers leur nouvel EP : « Equilibrium part II ».

La première piste met immédiatement dans l'ambiance générale de l'EP. « Civil Failure » ne fait rien dans la dentelle. La guitare est poussée dans l'overdrive, les riffs lourds sont amplifiés par une basse qui fait merveilleusement son office sans trop en rajouter. La grosse caisse reste étouffée cependant, ce qui a légèrement tendance à accentuer la caisse claire qui manquent de nous arracher un morceau de tympans à chaque temps. Sous couvert de cette production aux premières allures pachydermique, le son reste très propre notamment par une distinction nette de chaque instrument. Les changements rythmiques et mélodiques sont fréquents ce qui ajoute au charme de cet EP. On ne se lasse pas d'écouter et de ré-écouter une piste (croyez moi). En revanche il est parfois compliqué de distinguer le changement d'une composition à une autre... Sans tomber dans le redondant pour autant on peut noter que la recette employée pour la composition est souvent la même. Le chant tout particulier de Pascal Giuseppe, qui a tendance à nous plaquer au sol lors de la première écoute par sa puissance tirant un peu sur le hardcore, devient en revanche rapidement répétitif. Quelques jeux de voix supplémentaires auraient été les bienvenus et sur ce point on pourrait presque regretter l'ancien chanteur, qui n'avait certes pas le coffre impressionnant de Pascal mais qui alternait bien plus régulièrement ses vocalises. On évolue clairement pourtant dans un contexte Death/trash un peu à la Devil Driver (certaines envolés gutturales m'ont d'ailleurs fortement fait pensés au chant de Dez Fafara dans « End of the line »), une touche supplémentaire d'innovation n'aurait donc pas fait de mal.
Reste enfin un dernier point qui mérite un léger éclaircissement : la courte durée de cet EP (environ 17 minutes dont 3 minutes d'outro) aurait pu largement être compensé par le fait que ce soit la deuxième parti du projet « Equilibrium », permettant ainsi de doubler le temps d'écoute du projet final. Cependant on remarque un changement dans la composition des deux EP pourtant sous l'égide d'un projet commun. En effet dans la première partie sortie en 2009 on peut noter une certaine différence dans la sonorité des instruments : la guitare, à l'instar de « part II », est beaucoup moins amplifiée et on sent que Gianluca Molè (guitariste fondateur) a changé légèrement sa façon de jouer. Et si la guitare n'était que le seul exemple... Il en va également de même pour la batterie qui paraît également moins étouffée. On espère seulement que ces nuances, sonnant un peu comme de légers barbarisme dans une copie, seront réajustés lors de la parution d'un hypothétique album regroupant les deux EP …

En définitif, on peut clairement affirmé qu'a l'heure de « Equilibrium part II » la formation de GLACIAL FEAR se délecte dans un death thrash puissant et efficace. En dépit du fait qu' « Equilibrium parti I » soit légèrement différent sur l'aspect musicale de son petit frère sorti 4 ans plus tard, on peut laisser supposer que l'album qui découlera de ces deux productions saura certainement surprendre un public nettement plus large que ce que les italiens ont pu connaître en 20 ans de carrière. Mais le travail reste à faire et même si le résultat ne paie déjà pas de mine on à tendance à rester sur sa faim. On attend donc avec impatience la suite de ce groupe qui n'en finit pas d'évoluer. Sur ce « A bocce ferme si saprà chi ha vinto » (ou pour les plus français d'entre nous « A boules arrêtées on connaîtra le vainqueur ») ... Je parle pas Italien en fait mais apparemment ça fait classe auprès de la gente féminine.