DEAFHEAVEN Sunbather [ 2013 ] |
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CD Album Durée : 59.00 Style : Black atmosphérique |
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Chronique : 16 juillet 2013 , réalisée par Simius | ||||
Ce 28 mai 2013 est édité un album qui sort quelque peu du commun : « Sunbather », deuxième réalisation du groupe Californien DEAFHEAVEN, formation pour le moins surprenante d'un simple guitariste/bassiste, Kerry Mc Coy, ainsi que de George Clarke au chant. A eux deux, ces musiciens ont développé un concept absolument déroutant et pourtant remarquable de black avant-gardiste que je qualifierais plus de « happy atmosphéric black metal ». Je concède qu'à première lecture ce concept aussi original soit-il n'en mène pas large, et pour cause lorsque le terme de « black metal » sort dans une quelconque discussion entre headbangers adeptes du corpse painting on a plus souvent tendance à faire référence à des groupes tels que Gorgoroth, Mayhem, Aura Noir ou que sais je encore... En bref, des groupes d'origines plutôt nordique et qui n'ont pas l'habitude de tailler dans la dentelle en matière de musique. Et bien cette fois oubliez tout ce que vous savez en matière de black metal, la nouvelle tendance venue tout droit des Etats-Unis change radicalement la donne comme c'est le cas avec DEAFHEAVEN qui depuis 2010 a signé deux opus, deux véritable ovnis venus s'écraser dans le monde du Metal et qui n'ont pas manqué d'attirer mon attention. On a tous déjà eu en main un album prit sur le tas, sans raison apparente, peut-être par simple jeu de la découverte. On rentre alors chez soi, on s'installe devant son pc ou devant ses occupations quotidiennes et l'on glisse négligemment le CD dans la chaîne hi-fi, croyant que rien d'extraordinaire ne sortirait des enceintes... Généralement ça permet de relativiser les mauvaises surprises. On appuie alors sur play, « Sunbather » se met à tourner et voilà que les premières notes de l'opus s'écoulent non sans un certain rythme : une guitare légèrement atténuée, laissant planer pendant quelques temps différents accords , rien de bien surprenant, mais suffisamment au final pour forcer l'auditeur à prêter l'oreille à une certaine forme d'harmonisation. Puis soudain la voix de George Clarke vient littéralement nous sortir de la torpeur dans laquelle nous commencions à nous installer , soutenue par une guitare et une batterie bien plus énergique et dont la rythmique fait immédiatement allusion à du Black Metal. Même le chant se prête au jeu de l'illusion sonore en produisant une sorte de mélopée proche du grunt qui ne manque pas d’impressionner. Voilà d'ailleurs ce qui fait le style propre à DEAFHEAVEN : un son très étouffé, une voix puissante emprunte d'un souffle qui pourrait rivaliser avec les vocalises de Niklas Olsson chanteur du groupe d'avant-gardiste Black Metal SHINING … L'ensemble donne à la première écoute une cacophonie qui ne manque pas de me faire légèrement grincer des dents en regardant d'un œil relativement déçu ma chaîne hi-fi. En l’occurrence, n'étant pas un grand adepte du genre, je ne savais si la première écoute de cet opus m'impressionnait véritablement ou si elle me déplaisait tout simplement. En effet le ton du Black Metal est clairement donné et pourtant, bien que l'équation soit résolue on a toujours la sensation qu'il manque une inconnue. Les indices sont pourtant bien présentes si l'on s'autorise à tendre l'oreille écoute après écoute : des touches de pianos en apesanteur dans un morceau uniquement instrumental, des riffs de guitare pour la plupart en majeur, et surtout poussé dans les medium, ce qui ne manque pas de produire un sentiment de légèreté, une alternance de rythme tantôt lent, tantôt rapide … On s'aperçoit dès lors que « Sunbather » est un opus hors du commun qui porte très bien son nom, et si au premier abord celui-ci peut surprendre voir déplaire, il reste continuellement bercé d'illusions qui finissent peu à peu à nous charmer. Je n'irais cependant pas jusqu'à dire que DEAFHEAVEN est un groupe novateur, puisque d'autres formations américaines tel que BASSE-DE-NAGE évoluent et composent dans le même registre, cependant ils réapprennent à tous les énervés dont je fais parti à écouter de la musique autrement qu'en pogotant et en secouant la tête à tout bout de chant. N'étant pas du « véritable » Black Metal mais ayant pourtant une forte accointance avec celui-ci, le groupe se voit attribuer le challenge de toucher un public de métalleux relativement ouvert et curieux, ce qui est une tache relativement ardu (loin de moi l'idée que tout headbanger qui se définit comme tel se voit forcément fermé à un style de Metal propre). La musique de DEAFHEAVEN se veut aérienne et subtile, particulière dans ce nouvel album qui est un brin plus propre sur le plan du mixage que son petit frère sortit en 2011 : « Roads to Judah » qui n'a pourtant pas manqué de me faire jouir sur place avec « Violet » et son introduction très atmosphérique. J'appuie d'ailleurs sur ce point, puisque c'est bien là qu'opère la magie. Sous couvert d'un rythme, comme je l'ai expliqué plus haut, très soutenu et d'un chant puissant, on a toujours la sensation que l'ensemble des instruments est soumis à un effet de souffle et ce particulièrement dans les moment les plus mélodiques comme c'est le cas avec « Irresistible », traduisant très bien le sentiment reflété au sein de la musique rien qu'au titre... Ce n'est d'ailleurs pas le seul morceau de cet opus qui a la particularité de définir l'esprit même de la musique auquel il est attaché. Prenons comme simple exemple « Please remember ». La composition commence par une lente introduction : une guitare saturée mais toujours dans les médiums répète incessamment des notes au loin laissant planer une atmosphère très particulière, tandis George Clark vient posé un slam qui va se perdre dans les effets des guitares, tel un souvenir que l'on ressasse encore et encore mais qui s'éloigne peu à peu sous la pression du temps... Quelques notes et me voilà à extrapoler une simple musique, à me laisser emporter par un « bain de soleil » que nous offre DEAFHEAVEN pour peu qu'on prenne la peine de fermer lentement les yeux et qu'on se laisse bercer lentement au rythme de cet opus qui finira à coup sûr dans ma collection d'album favoris. Une très belle découverte donc qu'est cet album, premièrement pour la simple et bonne raison que ça ne l'était pas à la base, ensuite parce qu'il a la particularité d'être musicalement innovant et enfin car il redonne à la musique son véritable sens : nous faire rêver. |
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