CHRONIQUES ALBUMS

DARKRISE n'est plus un jeune lapereau. Le groupe suisse, s'il est méconnu, en est déjà à son quatrième album et a déjà tourné avec NILE (rien que ça). Né en 1998, le combo a déjà fait un bon bout de chemin et accouche en 2013 de ce « Realeyes » fraîchement sorti des productions du Hertz Studio (VADER, BEHEMOTH...). Attention, le groupe opère dans un death metal moderne et sans concession : technique, rythmique, brutal et au groove certain, le tout rappelant les structures et la couleur d'un BENIGHTED. Finissons-en avec les comparatifs et autres références pour entrer dans le vif du sujet : le contenu de « Realeyes ».

L'album s'ouvre sur une introduction bien faite mais inutile puisqu'elle n'apporte rien et ne correspond pas au morceau qui suivra... Bon. Malgré tout on l'oublie rapidement au vu du petit bijou qu'est « Realeyes ». Les structures sont coriaces sans être incompréhensibles, chose rare dans le death brutal/technique ces derniers temps. Les groupes sont généralement totalement inaudibles ou à l'inverse mous du genou. Rangez pieds de baseball et battes à biches : moi je n'aime pas qu'un groupe m'arrache la cervelle juste pour le plaisir de me l'arracher. Ici on a affaire à des artistes qui ne lésinent pas sur les moyens pour faire quelque chose de bien et de construit. Tout d'abord, une remise en question du death brutalotechnique. Les musiciens sont loin d'être manchots et n'ont pas besoin de blast inutile ou de tempi impossibles à suivre pour nous le prouver. On a le droit à des riffs de guitare percutants (« Realise ») accouplés à un jeu de batterie impressionnant. Insérez une basse présente et qui slappe pour enfanter un groove brutal à structure chiadée.
Les morceaux sont complexes, alambiqués et plaisants. L'album s'écoute d'une traite et presque sans accrocs. On notera néanmoins deux soucis mineurs : « Foeticide » est terrible ! On ne peut pas lui retirer çà. Mais qu'est-ce qu'elle est longue... Plus de sept minutes, c'est un peu trop pour un groupe de death qui ne serait pas ambiant. D'autre part, on regrettera que Greg et sa voix d'outre-tombe (on pourrait la comparer à celle de KRONOS) manque un poil de charisme et lasse assez rapidement l'auditeur. Mais ne jetons pas la confiture aux cochons, il fait son travail, s'acharne à nous donner un growl de qualité et est rythmiquement impeccable.

Maintenant que le portait est tiré, on ne pourra au final que conseiller à l'oreille avertie ou non d'aller jeter un tympan curieux sur cet album. S'ils ne remanient ou n'inventent pas le genre, DARKRISE nous présente un opus de qualité, bien pensé et sans en faire de trop. La retenue étant synonyme de maturité. Pour ma part je regrette tout de même que les productions du Hertz Studio aient toutes le même type de son : une production massive, incisive et efficace mais totalement impersonnelle...