STEVEN WILSON The raven that refused to sing (and other stories) [ 2013 ] |
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CD album + DVD Durée : 54.45 Style : Rock progressif |
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Infos :Disponible via Kscope en plusieurs formats, dont vinyl, édition limitée, blu-ray | ||||
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Chronique : 08 janvier 2013 , réalisée par Barclau | ||||
Prendre de la distance, réussir à s'extraire...pour limiter l'influence de mon admiration envers lui. Non ce n'est pas Steven Wilson! J'ignore volontairement sa réputation, le fait qu'il est à la tête d'une foule de projets dévoilant chacun une facette de son talent kaléidoscopique (BASS COMMUNION, BLACKFIELD, PORCUPINE TREE, STORM CORROSION, ingénieur du son...travail de remasterisation de grands albums de rock progressif en présence des maîtres dont AQUALUNG/JETHRO TULL, plusieurs KING CRIMSON, CARAVAN, EMERSON LAKE & PALMER, des groupes que j'adule). Et pourtant, une seule conclusion s'impose: ce disque est un chef d'œuvre! Empreint de grâce, avec une incroyable habileté à manier la mélodie qui reste, à développer des textures avec une intelligence et une sensibilité qui n'a pas d'égal. Je suis tombé rapidement dans l'addiction de son dernier cadeau. Une description détaillée serait une tâche ardue et pâteuse, tant finesse, richesse et force se combinent ici dans un entrelacs délicat qui brode ces six pièces à l'or fin. Chacune présente une particularité, semble privilégier un axe de développement, comme on construirait une argumentation implacable, tenant en des introductions accrocheuses, de forts arguments mélodiques, des métaphores filées, des voix qui annulent tout contre-argument, des conclusions qu'on ne pourrait que dire vraies et absolues. Dans ce grand art, rien ne fait office de déballage, tout est tissé du fil de la nécessité, et on finit par se demander comment son esprit arrive si facilement à créer de grandes toiles prog-rock? L'homme aux commandes du son est le mythique Alan Parsons, dont la production limpide s'accommode très bien à la pureté de la musique de Steven Wilson. On commence avec "Luminol", qui démarre en vitesse sur une bonne ligne de basse et de batterie. On pourrait penser à du Steve Hackett, jusqu'au break un peu avant la cinquième minute qui fait changer la dimension du morceau avec un beau riff au tempo lent, des harmonies vocales très recherchées dignes de CROSBY STILLS NASH & YOUNG! Un grand écart? Non, tout paraît naturel dans les enchaînements, c'est fluide, comme un ruisseau suivant son chemin jusqu'à sa rivière. Je cite des références car Wilson est aussi un très grand connaisseur de musique. Donc plus que des influences, la musique qu'il écoute a nourri l'essence même de son œuvre. Vers 8mn 30, "Luminol" nous offre un nouveau bouleversement et une montée en tension avec de nerveux triolets à la Al Di Meola. Convaincu et conquis dès le début! Dans "Drive home", on retrouve un peu de l'esprit de PORCUPINE TREE, surtout dans ce somptueux refrain très floydiens. Le morceau développe son thème dans la durée, et vers la cinquième minute, une arpège qui nous remémorera "Comfortably Numb" (PINK FLOYD) ouvre la piste des étoiles à un solo magnifique, où feeling et technique se mêlent dans un véritable ballet. Très différent de "Insurgentes", pour l'instant nous sommes dans une paisible atmosphère. Pourtant, la noirceur ne tarde pas avec "The holy drinker", un joyau dépassant les 10 minutes, aux atmosphères multiples. Une ombre qui vous prend, aussi noire que celle qu'ont parfois répandu EMERSON LAKE & PALMER et KING CRIMSON. Un morceau presque mélodiquement violent, à la technicité parfaite, et à l'équilibre fin à l'instar de tout l'album. Après une accalmie énigmatique, presque inquiétante, vient un final magistral. Soufflé! On peut aussi sentir comment il s'est imprégné de son travail, à travers le prisme de sa personnalité. En dehors des 70's qui l'habite, on y entendrait volontiers des touches d'ANATHEMA, d'OPETH (influences communes), sans doute parce que chacun de ces groupes est connecté. "The pin drop" a une mélodie délicate et une puissance qui se marient à merveille, pour une durée courte (plus de 4 mn), servant encore cet équilibre général, chaque morceau participant au tout. Refrain somptueux, solo de sax qui fait du bien, en court ou en long, tout est bon! "The watchmaker" mérite bien l'appellation "morceau d'anthologie". Ses presque 12 minutes nous guident dans un long voyage entre merveilles, contemplation, et danger (la fin). La progression du titre est tout bonnement incroyable, son écoulement semble relever de l'évidence. On finit (sniff) avec "The raven that refused to sing", qui nous laisse dans un drôle d'état. Basé sur le piano, Steven Wilson nous livre un texte émouvant, étrange, de sa voix qui fait frissonner. Il m'a rappelé un peu certains moments d'"In Absentia" de PORCUPINE TREE, mais aussi "Dreaming light" d'ANATHEMA (qu'il a mixé). Les arrangements sont magnifiques, pour cet au revoir atmosphérique qui sonne comme un grand thème de B.O dont la fin est aux confins du post rock. La richesse de l'album donnerait le vertige tant son horizon large, l'immensité de son territoire et de ses possibilités vous transporteront et vous toucheront. Aussi cohérent qu'hétérogène, cette réussite doit aussi à la palette d'intervenants exceptionnels, que ce soit pour le son ou pour les instruments (Guthrie Govan, Nick Beggs, Marco Minnemann, Adam holzman, Theo Travis) où chacun s'illustre au service du morceau et non l'inverse. Steven Wilson est un oiseau qui nous compte avec des mots d'aujourd'hui de belles histoires inspirées d'hier, tel un pont entre les époques. Un troisième album qui se fixe encore sur une nouvelle constellation de son talent, et qui intègre aussitôt la liste des disques que je prendrai sur une île déserte. Merci. |
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