CHRONIQUES ALBUMS

J'ai toujours une appréhension lorsque j'ai dans les mains le disque d'un groupe exclusivement instrumental, encore plus lorsqu'il touche au progressif. Je pense aux longues envolées guitaristiques et synthétiques, aux millions de notes ultra-rapides sans réelles mélodies ni émotions, musique prétexte à l'improvisation pas toujours maîtrisée ou à la démonstration technique sans âme.

Alors, faut-il que je me flagelle et oublie mes préjugés à l'écoute de SYMETRY ???
Oui....

et non....

Je m'explique...

D'entrée, nous avons droit à une belle introduction jouée par un vrai quatuor à cordes, qui a le mérite de nous transporter dans un univers baroque.... pour retomber avec justement des lignes mélodiques de guitares et synthés pas désagréables, mais sans véritable intérêt. Les musiciens sont doués, c'est certain, mais on sent que la musique est écrite à la double croche près, on perçoit presque la partition sous nos yeux. Avec de tels musiciens, on attend franchement des éclats, des coups de folie, voire de génie.... Là, au contraire, le flot de notes se déroulent impeccablement, sans anicroche, sans soubresaut, en se colorant tout de même de parties originales et planantes, où l'on sent l'amour de la musique classique et contemporaine, voire expérimentale...

Alors, tout ça est très honnête, on passe un bon moment, mais une question se pose : que se passe-t-il au niveau de la batterie ? Ce rythme lent et monotone, lancinant, avec peu de breaks, peu de nuances ou de roulements, le son est très sec, comme si on avait programmé une boîte à rythmes pour accompagner les furieux qui ne lésinent pas sur leur travail d'orfèvre... Alors le batteur est peut-être un musicien de studio et ne s'est pas imprégné du style et du concept de "Roots project", ou bien il n'est carrément pas à la hauteur des autres musiciens, car même la basse nous montre des signes d'impatience, comme si elle tentait de sortir de ce carcan de mesures à 4 temps binaires sans émotion....
Les morceaux auraient certainement gagné en intérêt et en dynamique avec un batteur à la hauteur de leur capacité musicale...

Une autre question se pose : où est passé le quatuor à cordes ? A part l'intro de l'album, on ne retrouve nulle part trace de ces musiciens, pour quelle raison ? Lorsqu'on a la chance d'avoir de tels musiciens sur sa musique, on en profite à fond, normalement..non ? Etrange, tout comme cette "ghost-track" en guise d'"Etude" mi-jazzy, mi-contemporaine jouée au seul piano, n'ayant vraiment rien à voir avec le reste de la musique proposée... Un choix musical qui m'échappe encore...

L'ambition de tenir en alerte l'auditeur avec un album metal prog instrumental est un vrai challenge et peu de groupes ont vraiment réussi l'exploit, mais le principal dans SYMETRY, c'est qu'on ne s'ennuie pas. SYMETRY a au moins le mérite de ne ressembler à aucun autre groupe, ce qui fait sa propre identité. Néanmoins, un petit grain de folie aux abonnés absents manque cruellement à cette oeuvre, trop carrée, trop lisse, trop consensuelle, en fait...trop symétrique, oserais-je dire ?