CHRONIQUES ALBUMS

Le départ de Thomas, il y a quelques mois, à l'issue de l'enregistrement de l'ébouriffant "Epithète, dominion, épitaphe", fut une véritable surprise, mais aussi un choc pour tous les fans de AQME. Il n'est pas chose aisée de remplacer un chanteur aussi charismatique que lui, véritable emblème du combo. Beaucoup de formations auraient sans doute jeter l'éponge, mais c'est bien mal connaître AQME, qui s'est déjà relevé de la séparation de Ben par Julien. Les membres jetteront leur dévolu sur Vincent, qui aura la lourde mission de faire oublier son prédécesseur.

La chronique de "Epithète, dominion, épitaphe" ayant déjà été faite dans nos colonnes (et de très belle manière par Bakounine), nous allons donc nous attarder sur le EP "Les sentiers de l'aube" inclus dans la version collector de l'album pré-cité. Ce EP est constitué de 3 titres inédits et de 3 morceaux captés en "live" à La Forge en juin 2012. Les hostilités débutent avec "Tout s'effondre", dont l'introduction est assez "psyché" avant que la déflagration ne commence. Le son est du même acabit que l'album, avec peut-être une influence nordique du côté des guitares. Le chant de Vincent n'est pas très éloigné de celui de Thomas, mais avec une approche plus violente, directe et brute, moins gras et plus déchiré.

Le deuxième morceau, "Fils ingrat" est du même tonneau mais en plus de la lourdeur et de la rage ambiante, ce titre est doté d'un break salvateur, mélodique, peut être le seul moment de l'ensemble du EP où AQME mise un peu sur l'ambiance.

La troisième composition, "Autolyse", est quant à elle ultra brutale. Elle débute par un "blast-beat" qui alterne avec une rythmique écrasante, qui sera d'ailleurs le maître mot tout au long des ces 3 inédits. Le chant de Vincent est toujours autant écorché vif et empreint d'une hargne très proche du "hardcore".

A l'issu de l'écoute intégral des 3 morceaux inédits, il est clair que AQME jette toutes les frustrations et l'amertume accumulées ces derniers mois, mais le groupe semble aussi faire le deuil du chant clair, juste présent dans le break de "Fils ingrat".

Les 3 titres "live" nous permettent de juger de la performance du nouveau "line-up" sur scène. "Idiologie" et "Luxe assassin" issus de la dernière mouture sont de très bonne facture mais révèle aussi la forte personnalité de Vincent. Le véritable jugement arrive avec "Pornographie", véritable classique du groupe. On peut constater que Vincent s'est totalement approprié le morceau en personnalisant complètement l'interprétation". Julien, quant à lui, apporte une violence nouvelle et un côté plus "sale" au morceau qui l'enjolive.

Mais 3 titres inédits et 3 titres "live", c'est un peu court pour pouvoir juger objectivement de la performance du nouveau frontman. Le seul bémol est peut-être l'ultra violence vers laquelle se dirige AQME, le chant sur les nouveaux morceaux est, certes, très hargneux et empreint d'une rage brute, mais il manque cruellement de variation, de nuances et, est trop linéaire. Cela passe très bien sur 3 titres, mais la question se pose sur un album entier.

AQME nous montre un visage très sombre et très violent, à la fois lourd et brutal, le chant très rageur de Vincent y est sans doute pour beaucoup, il faut dire que le bougre sort tout ce qu'il a sur "Les sentiers de l'aube" et passe l'examen d'entrée, haut la main. Si le but est de présenter officiellement leur nouveau chanteur, pourquoi ne pas avoir sorti ce EP sous un format physique unique? Une belle perspective d'avenir se présente à AQME, les départs successifs de Ben, puis de Thomas, seront sans doute un mal pour un bien.

Vivement le nouvel opus!!!