CHRONIQUES ALBUMS

Une fois de plus, j’ai le plaisir de jouer la chauvine et de vous présenter un groupe atypique venant de Poitiers et qui répond au nom de ZAPRUDER. Jeune quintette de mathcore d’à peine deux ans, son premier EP, « Straight From the Horse’s Mouth » sorti début septembre 2012, attise déjà la curiosité, surtout avec un artwork signé Antoine Miko représentant un homme nu avec une tête de cheval, dans un tunnel. Perplexité, c’est donc avec ce mot qu’on pénètre l’univers de ZAPRUDER et de sa première progéniture de cinq titres.

« Guns, Speech and Madness » a été plutôt bien choisi pour ouvrir “Straight From the Horse’s Mouth” puisqu’il l’entame sans préliminaires, directement sur des larsens et des cris. La nervosité est au rendez-vous et ZAPRUDER prend les auditeurs pour des pruniers. La musique est d’un hardcore assez violent et le chant est beaucoup plus proche du hurlement que de la berceuse, surtout qu’il est agrémenté ci et là de quelques sons gutturaux.
« Falling like dead snakes » enchaîne tout aussi rapidement et la musique prend cette fois des sonorités stoner dans les riffs et le rythme. On perd donc un peu de vitesse, mais cela ne signifie pas pour autant que l’on s’ennuie. On commence même à s’imprégner et à se familiariser à la ZAPRUDER touch grâce au fait d’avoir le sentiment d’entendre un travail propre et maîtrisé. Et que dire de ce passage instrumental et totalement planant qui finit bien évidemment sur des vociférations…
Puis vient «Mt. Fuji in red », morceau qui mériterait une dissertation à lui tout seul : avec une introduction faite par des mélodies de guitare et de basse lentes et au rythme régulier, on s’attend à découvrir une balade à l’ambiance à la fois chaleureuse et froide. La musique se répète pendant quelques minutes pour finalement évoluer crescendo. Et c’est là que l’expression « patience est mère de vertu » prend tout son sens car oui, cher lecteur/auditeur, si tu es patient lors de l’écoute de « Mt. Fuji in red » (qui dure plus de douze minutes), ton ouïe sera grandement récompensée, car ce titre te réserve un final auquel tu ne t’attends sûrement pas mais que tu apprécieras sans doute ! En effet, sans trop en dévoiler pour garder l’effet de surprise, écouter ce timbre de voix surprenant à la CHRIS MARTIN / THOM YORKE, c’est comme gravir le Mont Fuji pour finalement atteindre son sommet. C’est un titre inattendu et surprenant et donc un très bon point pour « Straight From the Horse’s Mouth » car ZAPRUDER a pris un gros risque et on est ravi qu’il l’ait fait !
« Lost in Vegas » marque un retour à la turbulence avec un son purement mathcore mais aussi rock n’roll façon stoner, un peu comme un mélange des deux premiers titres de l’EP, incluant même quelques touches jazzy ! ZAPRUDER tente un mélange des styles audacieux et réussi ! Quant à « We carry just enough to play », conclusion de cette première galette, il confirme la tendance brutale et multifacétique de la musique Zapruderienne.

ZAPRUDER passe donc le test avec brio grâce à son originalité, son professionnalisme et surtout son audace, à l’heure où il est de plus en plus difficile de se démarquer. Tout a été pensé pour intriguer, de la pochette à la musique en passant par la promotion. Avec « Straight From the Horse’s Mouth », la bande de Poitiers fait une entrée fracassante dans la liste des groupes à surveiller de près. D’ailleurs, j’ai personnellement hâte de voir et d’entendre comment ils vont évoluer. Donc si vous voulez posséder un bon EP collector (car seulement édité en 100 exemplaires), pensez ZAPRUDER qui sera d’ailleurs en tournée dans plusieurs villes de France !