BLUT AUS NORD Cosmosophy [ 2012 ] |
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CD Album - Digipack Durée : 46.00 Style : Industrial dark black metal |
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Chronique : 18 septembre 2012 , réalisée par Nebelgesang | ||||
Vindsval… à travers BLUT AUS NORD, a depuis bien longtemps pris un parti-pris : celui d’explorer, selon son propre entendement, les ressorts de la complexité musicale, d’une philosophie chaotique, entropique, mise en exergue via des sons triturés, balançant entre l’atonalité la plus sournoise et les élans atmosphériques harmonieux, sans toutefois verser dans la simplicité. BLUT AUS NORD est une œuvre complexe, au sens noble, appelant l’auditeur à remettre en cause continuellement ses repères, ses certitudes. Et comme le soulignait d’ailleurs Edgar Morin dans « Intelligence de la complexité », « ce n’est pas tant la multiplicité des composants, ni même la diversité de leurs interactions, qui caractérisent la complexité d’un système (…) C’est l’IMPRÉVISIBILITÉ potentielle (non calculable a priori) des comportements de ce système (…) ». La trilogie « 777 » corrobore assurément cette définition. « Sect » tout d’abord, puis « The Desanctification », tous deux sortis en 2011, parcouraient différents aspects de l’univers entrouvert déjà depuis plus de dix ans, et le virage opéré par « The mystical beast of rebellion » (2001). Entre une allure déstructurée, ténébreuse et chaotique (« Sect »), et des ambiances travaillées, avec des relents industriels, voire psychédéliques (« The Desanctification »), les deux premiers épisodes hybridaient, synthétisaient et condensaient à merveille le cadre intellectuel et esthétique de Vindsval. Le troisième et dernier volet, « Cosmosophy » (titre renvoyant littéralement à l’étude mystique de l’univers), constitue l’apogée, le paroxysme, de ce récit en trois temps, en trois actes distincts et complémentaires…. En effet, si, formellement, « Cosmosophy » ressemble à son prédécesseur, c’est pour également s’en démarquer avec brio, en misant sur une vision paroxystique à bien des égards, repoussant les frontières, tout en proposant une musique beaucoup plus accessible. Entendons nous bien : il s’agit toujours de BLUT AUS NORD, et le riffing tortueux, bourré d’effets dissonants ne disparaît aucunement. Néanmoins, la dimension chaotique (limite atonale), déjà relativement effacée dans « The Desanctification », cède quasi totalement la place à un retour à l’harmonie classique, et un paysage bien plus homogène, compact, voire lisible (hérésie !) que par le passé. Aussi, dès l’« Epitome XIV », titre liminaire, la mise en tension toute particulière des atmosphères et ambiances passe par un down-tempo soutenu, constant, hypnotique, servi par une boite à rythme plus en retrait dans le mix, des guitares lancinantes, torturées, bourdonnant par vagues spectrales. Les éléments essentiels sont sublimés par un travail d’orfèvre, tendant toujours plus vers les artifices industriels, avec ses samples, effets synthétiques divers et variés (« Epitome XV », avec sa narration chuchotée, parfois scandée, et son ambiance post-apocalyptique, en est assurément le parangon). Il s’en dégage globalement une mélancolie et une nostalgie nouvelles, marquant la fin d’un voyage, d’une longue errance dans un chaos d’impressions que les mots ne peuvent le plus souvent qu’effleurer, interpeler, sans véritablement représenter. Œuvre à la fois organique et synthétique, « Cosmosophy » est un voyage épique, cosmique, traversé tout au long de ces quarante-six minutes de fulgurances de composition révélées au fur et à mesure des écoutes. Les voix, de plus en plus en retrait, viennent se fondre dans le cadre général, ajoutant, en plus de ses tonalités écorchées vives, quelques inflexions claires (dans « Epitome XIV », XVI, XVII, mais aussi dans les chœurs d’ « Epitome XV »), surprenantes, mais tout à fait intégrées dans cet étrange rituel, dans cette étrange conclusion. La trilogie 777 est ainsi close en dix-huit épitomés, et un chapitre supplémentaire dans l’histoire de BLUT AUS NORD. Cohérente de bout en bout, massive dans son architecture et sa réalisation, évoluant progressivement vers sa propre extinction musicale, elle fait corps avec une esthétique totale et totalisante, pensée et composée par Vindsval (toujours accompagné de W.D. Feld et GhÖst). De la violence déstructurée de « Sect » à la scansion atmosphérique de ce « Cosmosophy », en passant par les atours psychédéliques et industriels de « The Desanctification », la musique de BAN est un feu incandescent, le recueil des bruits du monde, une œuvre d’art qui obombre de ses ailes l’horizon statique, impropre, insolent. « Ils virent leur œuvre improvisée s’effondrer puis l’oublièrent sereinement sans songer à la suivante. Ils sombrèrent dans l’éphémère suprême, alcôve délicieux, sanctuaire des immortels ; ce qui fût n’est plus, ce qui sera n’est pas ; et le chaos se tut ». |
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