ANGRA
Best reached horizons [ 2012 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 120
Style : Power Metal
  Infos :Best of
  Contact label : http://www.spv.de/
  Contact groupe : http://www.angra.net/ http://www.myspace.com/angraofficial
  Interview :
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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  Chronique : 15 septembre 2012 , réalisée par Dinka
   
2012 : la fin d’un monde, pour ANGRA en tout cas. Edu Falaschi a quitté le groupe, et à l’heure actuelle le nouveau chanteur n’a pas encore été dévoilé. C’est aussi l’anniversaire de leurs vingt ans de carrière... Déjà ! L’occasion ne pouvait être meilleure pour sortir le premier best-of du groupe, « Best reached Horizons », une compilation sur deux CDs des moments forts qui ont jalonné leur grandiose aventure power métallique. C’est le moment d’une rétrospective, d’une petite pause pour contempler le passé et parcourir de l’oreille tout ce chemin accompli.

Un best-of d’ANGRA ! Ma curiosité quant au choix des chansons était piquée au vif : la sélection se montrait a priori ardue, les sept albums de ces talentueux brésiliens ne manquant pas d’hymnes et de prouesses musicales. Et c’est Kiko Loureiro, membre de toujours et guitariste révéré du groupe, qui s’est attelé à la résolution de ce choix cornélien.

Le format 2CDs s’impose naturellement, ceux qui sont familiers avec le gang de Sao Paulo auront compris pourquoi. L’aventure d’ANGRA se divise en deux époques distinctes. « L’ère Matos », marquée par les trois premiers albums, et « l’ère Falaschi », suite au départ en 1999 de 3/5ème du groupe, qui a prolongé l’aventure jusqu’en 2012 avec un autre line-up.

Je ne puis décemment cacher ma préférence pour le CD1, et ma grande affection pour tous ces morceaux cultes qui ont été la bande-son de mes années de jeunesse. Replaçons les débuts d’ANGRA dans le contexte de l’époque : en 1992, le power metal était essentiellement dominé par l’Allemagne et les clones d’HELLOWEEN, personne ne s’attendait à ce qu’un groupe de Brésiliens, à peine majeurs, frappent un coup aussi fort avec la sortie de leur premier album « Angels Cry ». Ils proposaient là un power metal différent et fortement typé, intégrant des éléments symphoniques et néoclassiques, avec une touche progressive et une maturité de composition qui forçait le respect. Si aujourd’hui le power symphonique jouit d’un grand succès, au début des années 1990 la démarche n’était pas banale.

Avec quatre extraits, le premier album d’ANGRA est surreprésenté dans le CD1, à juste raison d’ailleurs. Sans surprise, c’est « Carry on » qui démarre la galette. Tout simplement un des meilleurs morceaux de metal que j’ai jamais eu l’honneur d’entendre. Que dire ? Un riff irrésistible qui se prolonge en un magnifique solo néoclassique à la guitare, puis une cassure, et c’est un solo de basse en tapping accompagné de claviers tout en atmosphère, avant d’enchaîner sur un couplet superbement entraînant où Andre Matos (Viper, Avantasia ex-Shaman, ex-Symfonia) nous présente sa technique et sa belle voix de ténor. Et toutes les trente secondes en moyenne, c’est un « wow ! » qui nous échappe. C’est catchy, c’est technique, finement composé, inspiré, surprenant tout en restant immédiatement accessible… Et le meilleur, c’est que c’est représentatif de ce qu’il va se passer pour le reste de l’album. Le titre « Angels Cry » est tout aussi bon - avec une mention spéciale à ce break fantastique, qui monte lentement en tension jusqu’à cet envoi magistral du Caprice n°24 de Paganini à la guitare électrique, qui restera dans tous les esprits. « Evil Warning » se place aussi au rang des grands classiques du power symphonique, et quant à la très belle ballade « Wuthering Heights », originellement de Kate Bush, elle prouve qu’Andre Matos maîtrise les aigus comme personne (le chanteur a une formation de ténor, en plus de chef d’orchestre et de pianiste classique, le niveau est donc assez haut ! ).

Le second album d’ANGRA est représenté ici par « Nothing to say » (qui continue dans le style enlevé et baroque de « Carry on ») et les excellents « Holy Land » et « Carolina IV » qui eux dévoilent une autre facette du groupe : un côté folklorique et des sonorités brésiliennes qui ajoutent au charme de leur musique. Avec l’emploi plus prononcé de la guitare acoustique, des flûtes et des percussions diverses, l’identité musicale du groupe s’affirme et développe son potentiel. Hier comme aujourd’hui, leur talent et leur originalité ne passent pas inaperçus dans une scène power metal qui a malheureusement trop tendance à se reposer sur ses recettes et ses acquis. A noter au passage, la version choisie de « Carolina IV » est la version live tirée de l’EP « Freedom Call », ce qui est une bonne idée à mon sens : l’introduction aux percussions, les rythmes primitifs, et les réactions enthousiastes de la salle parisienne (Andre Matos encourage même la foule en français : « Allez Paris ! ») rendent ce titre de quatorze minutes d’autant plus épique. Puis deux chansons seulement sont extraites de l’album « Fireworks », le moins enthousiasmant des trois premiers opus, sans doute à cause des tensions naissantes au sein du groupe. Les titres sont bons, mais on sent que l’alchimie entre les musiciens se dégrade… Il en reste cependant « Lisbon », merveilleuse balade pleine de sensibilité, aux mélodies rêveuses qui vous donneront bien souvent l’envie d’y revenir.

Fin de la première partie.

Au faîte de leur succès, ANGRA annonce une séparation que les fans de la première heure auront beaucoup de mal à accepter. Le chanteur Andre Matos quitte le groupe, accompagné du batteur Ricardo Confessori et du bassiste Luis Mariutti – ils formeront ensemble un nouveau groupe appelé SHAMAN. Les deux guitaristes, Rafael Bittencourt et Kiko Loureiro gardent le nom ANGRA et recrutent Edu Falaschi au chant, Aquiles Priester à la batterie et Felipe Andreoli à la basse.

Nouveau line-up, nouveau millénaire. En 2001, ANGRA renaît de ses cendres et sort le bien-nommé « Rebirth ». Et c’est la réponse à la question existentielle que tout le monde se posait : la résurrection est-elle pertinente, ou est-ce que le groupe n’est plus que l’ombre de lui-même ? Eh bien, bonne nouvelle, ANGRA a décidé de nous impressionner une fois encore ! Le CD2 du best-of commence donc avec deux extraits de « Rebirth », et c’est absolument brillant. « Nova Era » montre un Kiko Loureiro en pleine forme, ses soli de guitare sont simplement divins. Edu Falaschi se révèle être un très bon chanteur, il maîtrise avec brio sa technique et son émotion – notamment sur la chanson « Rebirth », superbe morceau qui donnerait la chair de poule à un bloc de glace. La guitare acoustique, les chœurs, les rythmes brésiliens, les touches néoclassiques, les refrains qui restent en tête, tous ces ingrédients continuent à être assemblés dans une recette de power qui fonctionne plus que jamais. Et ça continue. Après « Hunters and Prey », de l’EP éponyme (un morceau très orienté latino avec des percussions qui vous donnent envie de balancer les hanche, en plus de votre habituel headbanging), on revient à un power metal plus ‘Rhapsody-esque’ et opératique avec « Spread your fire » et « Waiting silence »… Et qu’est-ce que c’est bien fait ! De l’album suivant, « Aurora Consurgens », ce sont les titres très heavy « The course of nature » et « Salvation : suicide » qui ont été élus. Les influences folk et néoclassiques sont beaucoup moins présentes (ce que je regrette un peu), le son se dirige plus vers le heavy progressif tout en gardant la très grande qualité des compositions – les guitares de « Salvation : suicide » sont hallucinantes de technique et de folie créatrice. Avec les extraits de leur dernier album « Aqua », ANGRA revient vers un hymne speed mélodique technique (« Arising thunder ») et une très jolie balade, « Lease of life ». Et une petite surprise pour terminer en beauté, la reprise de « Kashmir » - oui, le « Kashmir » de Led Zeppelin. C’est une très bonne version, comme on pouvait en attendre de ces excellents musiciens qui ont traversé cette épopée musicale de vingt ans avec classe, talent, et un grand professionnalisme.

Oui, quand on y pense… Quelle carrière ! ANGRA est un groupe à part dans le power metal, il est un des rares que je connaisse à être à la fois facilement accessible et toujours aussi passionnant après des années d’écoutes. Ma chronique est exceptionnellement longue, mais la rétrospective de ce groupe mérite bien qu’on s’y attarde un peu longuement.

J’imagine que ce « Best reached horizons » s’adresse avant tout aux nouveaux venus dans le monde merveilleux du power metal, aux nouveaux fans potentiels. Donc si vous vous intéressez de près ou de loin au metal mélodique, achetez ce double album sans tarder ! Il sera une parfaite introduction au groupe. Cependant, j’espère que cela ne vous empêchera pas de vous procurer toute la discographie d’ANGRA par la suite, et que vous aurez l’occasion d’entendre toutes les chansons qui ne figurent pas dans ce best-of : elles valent aussi le détour. ANGRA doit encore écrire le CD3 avec cette nouvelle ère qui s’annonce, et je suis plutôt confiante pour la suite ! A mon humble avis, ils ont un talent hors du commun et, à condition de trouver la bonne alchimie entre eux – ce que j’espère – ils ne peuvent qu'offrir des petits chefs-d’œuvre.







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