MANII
Kollaps [ 2012 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 40.00
Style : Atmospheric black metal
  Infos :
  Contact label : http://www.avantgardemusic.com/
  Contact groupe : http://www.myspace.com/kollaps.no
 
 Pavillon 666 - metal rock webzine ORIGINALITE
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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  Chronique : 15 septembre 2012 , réalisée par Nebelgesang
   
Souvenez-vous… 1999 : le tournant du siècle, des rêveries apocalyptiques pour certains esprits superstitieux, les deux cyclones extra-tropicaux de type bombe Lothar et Martin qui laissèrent leurs empruntes éternelles sur l’Europe… 1999 : une transition à bien des égards aux premières lueurs du XXIe siècle. Mais ce fut également la fin d’une époque pour les Norvégiens de MANES qui, avec leur « Under ein Blodraud Maane », marquèrent durablement la scène black metal, délivrant une musique froide, atmosphérique, burzumienne sur certains aspects, résolument ésotérique et lancinante, avec un usage malin des synthés, et leurs nappes mystiques. L’ensemble profitait par ailleurs d’une production d’époque, saturée au possible, opaque sans trop être Le cocktail était idéal. Aussi, quel ne fut pas le choc des fans lorsque vint le virage à 180° opéré avec « Vilosophe » et ses expérimentations encore plus osées et déstabilisantes que celles de leurs compatriotes d’ULVER.

Néanmoins, qu’on adhère ou non auxdites explorations musicales, « Vilosophe » et « How the world came to an end » possédaient d’indéniables qualités, oscillant entre la musique industrielle, l’ambient, le trip-hop et introduisant également çà et là quelques petites touches hip-hop et metal (tout de même !). MANES avait fait évoluer sa musique et développé une idée personnelle, jusqu’au-boutiste, quasi totale, avec un souci omniprésent de musicalité.

Néanmoins, après un break de cinq ans et une réduction drastique du line-up, MANES fit place à MANII, en cette année 2012, et redonnera ainsi automatiquement le sourire aux fans de la première époque. En effet, uniquement composé des deux membres originaires de MANES, Cernunnus pour la partie instrumentale, et Sargatanas aux hurlements, l’inattendu « Kollaps » constitue un véritable retour aux sources, MANII reprenant quasiment à l’endroit où « Under ein Blodraud Maane » s’était arrêté.

Alors certes, la production s’est légèrement étoffée, bien que toujours extrêmement raw, saturée sur les fréquences aiguës, assez légère sur les basses, avec une batterie très en retrait et finalement en appoint rythmique. Néanmoins, l’usage des synthés et le mix de la session rythmique a largement gagné en clarté, en volume, et ainsi parvient, en un certain sens, à faire du neuf avec du vieux.
En un certain sens seulement, car dans l’idée, MANII est un pur rejeton de la fin des années 90 et a résolument occulté ce début de XXIe siècle (ce qui n’est certes pas un mal), se focalisant sur les atmosphères, sur l’exploitation du spectre sonore pour provoquer cette sensation de malaise que pouvaient provoquer les anciens albums de BURZUM, pour explorer les nuances d’arpèges qui, finalement, caractérisaient déjà la musique des premiers MANES.

« Kollaps » ne verse pas dans l’expérimentation ou dans l’exubérance musicale. Au contraire, nous sommes bien plutôt en terrain connu. Dès « Skoddeheim », le ton est donné par une musique down-tempo, poisseuse, progressant lentement et aux vagues synthétiques et aux ambiances anxiogènes, voire ésotériques. Les guitares simples, répétitives, viennent accompagner et renforcer par de petits leads ponctuels le développement des thèmes lourds, aux accents dépressifs. Dans l’ensemble particulièrement homogènes, les quarante minutes de « Kollaps » se déroulent comme dans un rêve et réussissent là où Varg échoue désormais à créer la moindre magie, la moindre beauté... Glaciale.
MANII, c’est un bloc, un roc, un mur sonore et atmosphérique, lent, lourd, pesant, au riffing rudimentaire et aux variations a minima. Car la créativité n’implique pas nécessairement la démonstration ; ici, l’inspiration est totale dans l’entêtement musical, la persévérance dans l’articulation de phrases et phases obscures (« Ei Sjael som sloknar » sort tout droit de la Norvège du début des années 90).

Agrémentées de breaks ambient, d’arpèges lancinants, hypnotiques (par exemple dans « Likfugl flaksar », « Kaldt » ou « Endelaust »), de tensions suffocantes, et accompagnées par la voix éraillée et lointaine de Sargatanas, les huit compositions de « Kollaps » marquent le retour en grande pompe d’un groupe qui mérite davantage d’exposition que son émanation passée, pour peu que l’on parvienne à entrer dans l’esprit des géniteurs.

Certes, MANII n’invente pas le fil à couper le beurre, certes nous ne sommes plus dans les années 90. Mais il est certain que ce retour est résolument gagnant, opportun, et parviendra tout de même à trouver une bonne place dans une scène saturée par les clones et les ersatz. Si le duo norvégien parvient à conserver cette verve et cette indéniable inspiration (à croire qu’ils ne peuvent que réussir, finalement, peu importe le type de musique réalisé), nous n’avons pas fini d’en entendre parler…







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