BARONESS Yellow & Green [ 2012 ] |
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CD Album - Digipack Durée : 39.44+35.15 Style : Rock Metal |
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Infos :Double-CD | ||||
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ORIGINALITE |
TECHNIQUE |
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Chronique : 27 août 2012 , réalisée par Bakounine | ||||
Cette chronique de Baroness n’est pas vraiment quelque chose d’anodin. En fait, le hasard du timing a fait que le jour-même où je recevais les pistes pour les chroniquer, j’apprenais l’accident dont venaient d’être victimes les membres du groupe. En l’occurrence, le minibus de leur tournée en Grande-Bretagne venait de tomber de dix mètres dans un ravin. Heureusement, hormis des fractures, les membres du groupe s’en sont tous plutôt bien sortis, on l’a appris depuis. Cela explique le côté solennel qu’il y a eu dans mes premières écoutes de l’album ; cela dit ce dernier a trouvé sa vraie valeur à mes yeux, une fois sorti de l’émotion brute et au fur et à mesure des écoutes amenant mon regard vers les aspects de plus en plus objectifs de cette production. Après le premier brûlot « The Red Album » et son successeur « Blue Record », des paris avaient été pris sur le nom du successeur. « Pink Opus » ? « Grey Galette » ? « The Orange One » ? Le groupe nous prend légèrement à contre-pied en proposant un double album intitulé « Yellow & Green » en poursuivant sa thématique colorée malgré tout (en fait, les albums de Baroness, c’est un peu comme les cartouches de Pokemon…). L’artwork est évidemment l’œuvre de John Baizley, leader du groupe (on n’est jamais mieux servi que par soi-même) qui en a également conçu pour Kylesa ou encore Kvelertak. Le côté poissonneux de l’album précédent cède place ici à une production tout aussi ésotérique à base de cygnes et de clous, m’évoquant en moins glauque l’excellente bande dessinée Sambre pour ceux qui connaissent. On a donc ici deux cds représentant deux parties : la jaune puis la verte, toutes deux contenant neuf morceaux dont une sorte d’introduction, respectivement le « Yellow Theme » et le « Green Theme ». Par contre, c’est musicalement que Baroness a vraiment tout chamboulé. En effet, si le « Blue Record » avait marqué une progression au niveau de la maîtrise dans le côté metal du groupe avec des riffings torturés (souvenez-vous de l’excellent « Jake Leg »), des chants agressifs et une vraie énergie, il était resté plus ou moins dans la continuité du « Red Album ». Ici, revirement complet de la démarche du groupe : c’est du rock à la limite de la pop parfois, plus de chants hurlés, beaucoup moins de riffs, une douceur patente tout au long des deux albums, surtout la partie « Green ». Les accents réellement metal sont assez rares et pas toujours évidents à déceler, ce qui m’a laissé une impression bizarre lors de mes premières écoutes... Pour autant, c’est à un rock de grande qualité que l’on a affaire, très varié, allant de choses assez énergiques (notamment sur la partie « Yellow » à l’image du titre « Take My Bones Away ») à des choses beaucoup plus calmes. Tout l’album est imprégné de l’esprit psychédélique avec des claviers plus présents qu’avant, de nombreuses guitares acoustiques également et des soli planants. Un nom m’est souvent évoqué par ce disque, c’est celui de Muse pour la conception harmonique avec notamment des faux-airs de « Time is Running Out » sur « March to the Sea ». On aura également des noms qui viendront chatouiller notre pensée lors de certains passages : les Pink Floyd lors de certaines transitions, Alice in Chains de temps à autres… Les titres très pop comme « « Little Things » ne manquent pas de saveur et le groupe arrive à conserver une salvatrice identité avec notamment ces fameuses dissonances présentes un peu partout, « Cocainium » par exemple, les passages très doux et langoureux présentent ces harmonies difficilement intégrables et finement envoûtantes avec la présence d’une flûte. Le couplet de ce morceau a d’ailleurs un air vocal qui est très proche de celui du morceau « Paladin Braconnier » de Dick Annegarn, maître en matière de dissonance dans la scène de la variété française… Cette première partie s’achève remarquablement avec « Eula » qui est assez typé rock ambiant à la Anathema (période récente) avant de s’énerver et d’amener un très bon solo. Si la partie « Yellow » finit très bien, la partie « Green » commence de manière excellente avec son introduction, le « Green Theme » de quatre minute trente et qui bien qu’entièrement instrumental est vraiment très efficace et pourrait vraiment faire générique de film. Pour le reste, ce deuxième cd est beaucoup plus posé, calme et expérimental voire même pop, passé le mi-stoner mi-folk « Board Up The House ». « Mtns. (The Crown & Anchor) » est une complainte qui fait beaucoup penser aux Red Hot Chili Peppers lorsque « Collapse » ferait plutôt penser à un « Puddle Of Mud » ayant copulé avec Monkey 3. L’oppressant début de « Psalms Alive » avec sa rythmique particulière ne laisse pas échapper que le morceau est tout sauf metal mais bien conçu. « Stretchmarker » est à mi-chemin entre pop pure et folk rock et est très easy-listening également. En fait, à l’exception de « The Line Between » en guise de trompe-l’œil à certains endroits, toute cette deuxième partie est dans une optique purement rock, loin de ce que le groupe avait pu produire par le passé, provoquant questions et donnant quelques réponses. Au final, Baroness a pas mal changé mais on n’est pas du tout devant quelque chose de raté. S'ils ont mis beaucoup de "beurre sur leurs aspérités", il ne demeure pas moins sur cet album une identité intacte, une classe dans la composition, une science du rythme et de la mélodique que peu possèdent. Plus rock metal que metal rock désormais, les Américains poursuivent leur petit bonhomme de chemin dans la scène underground, différents certes, mais toujours intelligents et soignés. |
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