SETH Les blessures de l'âme [ 2012 ] |
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CD Album - Digipack Durée : 60.00 Style : Black metal |
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Infos :Réédition de l'album sorti en 1998, avec deux bonus tracks | ||||
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ORIGINALITE |
TECHNIQUE |
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Chronique : 13 juillet 2012 , réalisée par Nebelgesang | ||||
1998… déjà quatorze ans. Et pourtant lorsqu’on évoque « Les blessures de l’âme », la problématique demeure inchangée… Avec les mêmes dichotomies, les mêmes oppositions … Deux types d’influx nerveux parcourant la moelle spinale de l’amateur de la scène black metal mélodique française de la fin du millénaire passé. D’un côté, frissons, nostalgie, souvenirs… de l’autre moqueries, nausée, indifférence. Ce premier album de SETH sorti chez Season of Mist, succédant à l’époque à la démo « Apocalyptic Desires » (1996) et à l’EP « By fire, power shall be… » (1997), fut et demeure considéré par certains comme la pierre angulaire d’une discographie aux essais et hésitations multiples… Mais aussi de la scène black metal hexagonale dans son ensemble. Sa production raw enchevêtrait la bouillie de riffs exhalant la mélancolie, et joués pour la quasi totalité en doubles croches, à des nappes de synthé discrètes mais efficaces (réalisées par Arkdae, de DARK SANCTUARY)… Une batterie sous amphétamines à la voix écorchée de Vicomte Vampyr Arkames, déclamant des phrases désormais cultes (ou kitsch, c’est selon) dans un français châtié et épuré. En témoignent d’ailleurs les inoubliables premières phrases de « La quintessence du mal », qui ne manqueront pas de provoquer des spasmes nerveux chez les amoureux de grande littérature : « Comme un soleil perdu dans l’univers, j’éclaire vos vies et brûle vos âmes. Mon éclat sera immense et pourtant éphémère, le temps sera alors venu de m’éteindre dans un souffle sanguinaire ». Un album avec ses codes, avec ses qualités et naïvetés, mais qui à l’époque fit forte impression, apparentant la musique du quatuor bordelais à une version plus couillue des premiers efforts unanimement salués des norvégiens de DIMMU BORGIR (« For all Tid » et « Stormblast »). Le diptyque de « L’hymne au vampire » (Actes I et II), résonne d’ailleurs comme une libre variation sur les deux albums susnommés. Aussi la décision de rééditer « Les blessures de l’âme », dans une version remasterisée avec deux titres en bonus (« Les sévices de la Peste » et « Corpus et Anima »), tous deux issus du split « War vol. III » (2000) avec les Italiens de CULTUS SANGUINE, permettra de restituer, avec un son un peu plus équilibré (en particulier niveau basse), la magie passée… pour les amateurs et néophytes. L’artwork kitschissime de la version d’origine est ici remplacé par une pochette à l’esthétique plus sobre, simplement marquée par un Ouroboros doré et couronné sur fond noir, encerclant fébrilement en son sein quelques flammes solaires. Bien loin de l’esthétique vampirique initiale, c’est davantage le « Cercle de la Renaissance » qui est ici mis en exergue. Ces « blessures de l’âme » articulent efficacement ce qui fit la grandeur de la scène black mélodique… A savoir des lignes mélodiques simples, directes, sans fioritures inutiles, et visant avant tout l’expressivité. De longs développements thématiques accompagnent les breaks et les transitions ficelées de main de maître par Heimoth... et ce dès « La quintessence du mal ». Majestueuse, la musique de SETH possède une grande cohérence et théâtralité... Une dimension poétique et méditative dont la recette, encore fois, plaira ou non, tant elle est archétypique. Elle manie de plus les variations de tempo, la brutalité et la mélodie pure (« le cercle de la renaissance », « Les silences d’Outre-tombe »)… Rustiques quoique subtiles, réfléchies quoique naïves, les compositions des « blessures de l’âme » vieillissent bien, comme le bon vin de la région bordelaise… Épiques comme il faut (le break acoustico-électrique des « Sévices de la peste » est un classique du genre), homogènes et cohérentes, elles n’autorisent pourtant pas la lassitude, et l'on se resservira dès lors plusieurs verres de ce bon Sauternes... sans modération aucune ; puisqu’en dépit de son aspect liquoreux, il n’en possède pas moins un arôme fruité et équilibré… Mais trêve de métaphore filée car vous l’aurez compris, ce premier album témoignait d’ores et déjà d’une grande maturité musicale… Buvez-en à volonté, c’est un grand cru de l’année 1998 qui nous est ressorti des caves de Season of Mist. |
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