DIABLO SWING ORCHESTRA
Pandora's Pinata [ 2012 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 53.01
Style : Jazz metal/Avant-garde
  Infos :
  Contact label : http://www.candlelightrecords.co.uk/
  Contact groupe : http://www.diabloswing.com http://www.myspace.com/diabloswingorchestra
 
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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  Chronique : 01 mai 2012 , réalisée par Bakounine
   
C’était tout d’abord une vibration lointaine qui s’élevait au-delà des collines du nonsense programmé… Puis un son indéfinissable commença à monter, subtil mélange de cornes de brume, de cloches chinoises, de surdo brésilien et de douche écossaise. Puis, une flagrance vint saisir nos narines, ça sentait le narguilé, le lilas, le suc, le pamplemousse, le cuir, le litchi et l’armagnac ; c’était léger mais perpétuel, abrutissant. Une présence connue mais quelque peu oubliée s’élevait dans le lointain. Enfin, s’éleva un cri perceptible, mais toutefois proche du ridicule : « Pandora Piñata !!! »


Pour ceux n’ayant pas suivi les précédents épisodes, DIABLO SWING ORCHESTRA était un sextette suédois dont les brillants exploits pathologico-musicaux nous avaient ravi les sens tout d’abord sur un « The Butcher ‘s Ballroom », dont le titre-phare « Ballrogs Boogie » avait fait ressortir nos instincts jazzy les plus profondément enfouis, nous permettant quelques instants de se rappeler que « Money Jungle » est un excellent album de Duke Ellington et pas un morceau hybride des PINK FLOYD et des GUNS N’ROSES. Puis « Sing Along Songs for the Damned & Delirious », son successeur, nous avait convaincu de leur talent extrême dans le métissage des ambiances et accessoirement des vertus de la folie et de la composition sous l’influence de substances aussi variées que les sonorités présentées par le groupe.


Pas de vrai bouleversement dans la structure et l’âme du groupe, l’artwork est empreint de la même perverse puérilité que le précédent, mêlant métaphoriquement scène de l’enfance et péché originel (Eve, la pomme, le serpent, la femme en tant qu’incarnation du mal sur terre, tout ça, tout ça…), un changement de batteur, la section cuivre intégrée au sein du line-up officiel, les photos du line-up sont par contre bien plus sérieuses qu'auparavant, sans les relents de fêtes foraines.


Mettons en avant le titre qui n’est pas très conventionnel. Si Pandora et les mythes qui y sont attachés (la fameuse boîte aux péchés) est un concept qui peut très bien être compatible avec la musique rock (d’ailleurs il y a un groupe belge qui s’appelle comme ça), on ne peut en dire autant de la piñata. C’est vrai qu’une boite en carton dans lequel on met des sucreries, c’est difficilement associable au milieu metal. Cela dit, il y a également la notion de truc qui pendouille au bout d’une corde et sur lequel on peut taper, et là c’est sûr que ça a de quoi plaire, avec des multiples versions customisables : un crucifix pour la version black metal, un cadavre pour la version death, un sac poubelle pour la version grind, voir un responsable politique pour une version punk qui pourrait avoir de l’avenir...

Mais passons de suite à l’essence même du produit, en l’occurrence, le son. Si certains avaient pu avoir des doutes quant à la perpétuation des pérégrinations jazzy du groupe, ils seront effacés dès les premières mesures façon « cabaret-metal » du titre d’ouverture « Voodoo Mon Amour ». Ce morceau fait quelque peu penser à ce qu’on avait pu entendre sur « Sing Along Songs for the Damned & Delirious », même esprit musique de cirque, même arrangements jazzy kitschs et puis les éléments habituels : la rythmique virevoltante avec ces enchaînements de batteries bien sentis, ce pont au violoncelle, ces cuivres percutants et les voix troublantes de personnalité. On est en terrain connu tout comme sur ses successeur « Guerilla Laments » et « Kevlar Sweethearts » qui mettront en avant la facette plus samba-latino-musique mexicaine du groupe, malgré les passages plus ambiants du deuxième nommé. Mais les Mariachis de l’enfer seront bien vite remplacés par les bonzes de la haine sur un étrange instrumental « How to organise a lynch mob », puis « Black Box Messiah », sorte de clownerie gigantesque incluant des cloches et des chœurs asiatiques.


Tout n’est pas forcément parfait, ainsi on aura guère de surprises sur « Exit Strategy of a wrecking ball » qui pourrait presque passer pour une piste cachée de l’album précédent, titre qui a tout de même pour lui une fin plus pêchue avec même quelques growls. A l’opposé, on trouve « Aurora », morceau type musique de film Disney des années 60 style générique de Mary Poppins version wagnérienne donnant sur une conclusion arabisante. Ce titre fait la part belle à la voix lyrique d’Annlouice Loeglund qui est très au dessus de l’immense majorité des chanteuses lyriques des groupes de metal symphonique, j’aurais même tendance à dire la totalité et elle a encore fait des progrès. L’effet de ce morceau est un peu particulier, puisqu’on en ressort comme lorsqu’on a un arrière-goût étrange après avoir bu un cocktail et qu’on n’arrive pas à savoir si c’est agréable ou non, un titre qui détonne, étonne et interroge sans que mon point de vue sur ce dernier soit définitif. « Mass Rapture » est un morceau rappelant ORPHANED LAND par certains aspects et fait la part belle à la dichotomie vocale entre celle féminine d’Annlouice et celle de Daniel Håkansson, surprenant dans ce registre. « Of Kali Ma Calibre » sera la piste la plus inquiétante et extrême pondue par le groupe jusqu’à maintenant grâce à une harmonisation s’approchant de la bande originale de « Psychose » d’Hitchcock. Enfin, « Justice for Saint Mary », le titre de conclusion, sera une montée en puissance et en folie progressive d’un début très sage à une conclusion dans un délire bruitiste à la WHOURKR, chose que je n’imaginais pas de la part de ce groupe.


Au final, DIABLO SWING ORCHESTRA ne décevra certainement pas les fans du genre et de leurs albums précédents, puisqu’entre les morceaux « classiques » de leur style, mais ici très bien réalisés (« Voodoo mon amour », « Guerilla Laments », « Exit Strategy of a Wrecking Ball »…) et les délires nouveaux amenés sur celui-ci (« Aurora », « Black Box Messiah », « Of Kali Ma Calibre »…), on est en présence d’un progrès flagrant au sein de l’art total. Avec toutefois moins d’effets de surprise que le précédent, DSO arrive à captiver et à convaincre grâce à une progression générale et à une recherche de nouveauté, mais où s’arrêterons-t-il ?
« Vents, conduisez Pandore aux voûtes éternelles » (Voltaire, Pandore acte II)







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