CHRONIQUES ALBUMS

On avait laissé les Nantais d'ABYSSE nous alimenter a coup de petit EP fort bien sympathique. La presse spécialisée se rappelant très bien de la bombe « Le vide est forme » sortie en 2008. Depuis, silence radio pour le combo. Du moins en surface. Car pendant les quatre années qui ont suivi, les Nantais remuaient ciel et terre pour accoucher de leur tout premier album : En(d)grave.

En matière de "metal ambiant", oubliez tout ce que vous avez pu entendre auparavant. ABYSSE débarque en grande pompe et vient te donner une leçon. Une vraie, une belle. Pas comme la plupart des groupes du style qui en font des tonnes parce que "Jouer de l'ambiant, c'est hype".
Plutôt discret dans leur démarche, le quatuor ne préfère pas s’étendre a défendre son opus mais plutôt tailler dans le vif du sujet. Évoluant toujours sans l'once d'un chant -ce qui peut être rebutant pour certains – il faut se rendre à l’évidence, la musique qu'ils pratiquent se suffit à elle même pour te captiver durant les 43 minutes de l'album.
ABYSSE connaît la musique, l'enivrante, celle qui te prend et te repousse dans tes derniers retranchements. Ce metal ambiant a de quoi faire devenir n'importe qui instable mentalement.
Mais pourtant dans ce metal ambiant, il y a quelque chose qui choque et dérange. "En(d)grave" est malsain, c'est un fait. Mais lorsque l'on écoute leurs cousins Français de YEAR OF NO LIGHT, qui lui, est plus planant mais tout aussi malsain et apocalyptique, ABYSSE réussit a obtenir le même résultat alors qu'il multiplie les plans mélodiques et énervés. Le secret de la recette ? Seul ABYSSE le détient, à priori.
Il va sans dire qu'ils ont – comme tout le monde- des influences que l'on recèle ci et là mais ces dernières ont été vite digérées à une toute autre sauce. N'ayons pas peur des mots mais ABYSSE a un immense potentiel. Du MASTODON par ci, du MACHINE HEAD par la, ABYSSE laisse quelques indices mais broie le tout tel un compresseur pour en rejeter une musique tout autre, leur musique. Des titres comme "Forest Monument" ou "Eagle Of Haast" sont de véritables tornades musicales et émotionnelles qu'il faut absolument écouter pour se rendre compte du bijou qu'ils viennent de pondre. Tantôt "drone", "ambiant" ou "black" dans les résonances des guitares, ABYSSE livre ici un patchwork de musique ambiante malsaine intelligemment interprétée par un groupe au sommet de son art.

Avec "En(d)grave", ABYSSE se joue de nous et ne nous donne aucune accroche. Il faudra se laisser envahir et entraîner par les sonorités improbables et fusionnelles de leur metal et se rendre a l’évidence : ABYSSE vient de graver ses lettres de noblesses dans le paysage du metal ambiant.