CHRONIQUES ALBUMS

Les Autrichiens de HELLSAW, c'est tout un poème, noir, bien entendu. Que de chemin parcouru, dans presque l'indifférence, depuis la rencontre en 2002 d'Aries et de Svart (tous deux ex-SANGUIS), qui ont fondé cette entité malsaine dont le premier enregistrement sous forme de démo aux allures d'album mal dégrossi se nommait "Sins Of Might" (2003).
Et puis, de label en label, HELLSAW resta dans l'ombre malgré l'enregistrement de "Spiritual Twilight" en 2005 et de "Phantasm" en 2007. L'année 2009 semble marquer la départ d'une certaine reconnaissance, avec la signature chez "Napalm Records" et la sortie de "Cold".
Et puis, vint l'an 2012 et la parution d'un quatrième véritable "full lenght" intitulé sobrement "Trist", sortant des ténèbres de la production fin Février dernier.

HELLSAW reste bien entendu dans une mouvance "black-mélodique" respectant les codes du style avec une certaine modernité sous-jacente. Cette modernité qui lui a permis d'avancer dans sa démarche particulière et qui trouve un certain aboutissement dans ce nouvel opus "Trist".
Il était temps, oui, il était temps pour les Autrichiens de se faire connaitre véritablement parmi la multitude de hordes internationales pratiquant un métal obscur, occulte et froid, parfois haineux, appelé black-métal.
Alors, si par moments nous pouvons rapprocher leurs compositions de celles de 1349 par exemple, nous pouvons aussi déguster une mixture originale avec une louche d'IMMORTAL, une de NAGLFAR, avec une pincée de BELPHEGOR et un soupçon de SATYRICON. Mais HELLSAW avec "Trist" a dépassé ce stade en conservant, certes, ses mélodies inquiétantes en filigrane, mais surtout en s'aventurant en terres progressives, notamment dans deux titres "Doom Pervades Nightmares" et le très long "Silence" en fin d'enregistrement.
Variété des compositions, changements de rythme fréquents, changement d'atmosphères pour des ambiances où le quintette semble maintenant vouloir tirer son épingle du jeu. Jeu de guitares remarqué, batterie inventive, basse très présente et pour couronner le tout, il y a cette voix particulière d'Aries, assez criarde, mais qui réussit à prononcer correctement des textes de façon théâtrale dans certains passages à la limite des chuchotements, dans une lenteur doomesque sur fond de blast-beats implacables.
Nous sommes loin maintenant du HELLSAW hésitant faisant notamment la première partie en 2007 de SKITLIV et de SHINING, ou encore en tournée avec INQUISITION. Et si "Trist" était l'album de la consécration? Peut-être... A vous d'en décider.

En tous cas, cette nouvelle ode au métal noir m'a impressionné je dois l'avouer, et devrait faire une certaine unanimité dans le paysage black actuel et même déborder sur le terrain des non-initiés au genre, c'est vous dire.