PENDULUM
Les fragments du chaos [ 2012 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 39.37
Style : Black metal
  Infos :
  Contact label : http://www.hassweg-prod.com/
  Contact groupe : http://www.lesfragmentsduchaos.fr/
 
 Pavillon 666 - metal rock webzine ORIGINALITE
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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  Chronique : 23 février 2012 , réalisée par Bodomania
   
À l'heure des plateformes numériques, des réseaux sociaux, où la quantité et la vitesse de "consommation" compte plus que le reste, où l'image remplace le son pour certaines formations musicales... quelques groupes ont su résister à l'appel virtuel, leur démarche artistique conservant ce rapport fidèle, underground, derrière lequel seule la musique, l’œuvre compte. Arrêtant ainsi la grande aiguille sur une époque où la création et la découverte d'une production tenait plus qu'à un clic, le passé de PENDULUM reste sûrement assez obscur pour certains d'entre vous. C'est donc le moment de faire la lumière sur les aspirations de ce projet, qui, bien que tapi dans l'ombre, mérite pourtant quelques éclaircissements entre nos pixels (comme quoi, internet a parfois du bon, aussi).

Un petit retour en arrière s'impose tout d'abord... Pour ceux qui seraient (malheureusement) passés à côté d'APOPTOSIS, projet formé en 2007 par Death, Winter et rejoints par Naja-Atra (GOMORY, DEPRESSIVE WINTER, MOURNING FOREST), formation qui nous délivrait "From Fall To Winter Solstice" en 2008, une autoproduction de qualité dans la sphère black, les membres nous offrent donc aujourd'hui leur grand retour sous le nom de PENDULUM, intégrant la voix d'Errance (MIND ASYLUM) au sein de leur rang, et gagnant au passage l'appui de "Hass Weg Productions". L'encre est toujours bien noire, comme le prédit si bien l'artwork macabre ou encore le titre de ce premier méfait, "Les Fragments du Chaos", laissant planer peu de doute quant à l'abîme visitée dans ses textes. Cependant, musicalement, les inspirations qui le nourissent sont assez différentes. Avec APOPTOSIS, nous nous rapprochions d'IMMORTAL, avec PENDULUM, on voguera plutôt vers un genre black scandinave brut, plus minimaliste, maladif, renforçant le côté agressif et torturé, laissant un peu de côté les passages atmosphériques, cela dit, accompagnant malgré tout son registre d'un aspect très mélodique et ambiancé.
Mais, le temps nous est compté, huit pistes sombres aux noms évocateurs et à l'issue encore incertaine, nous attendent...

"L'Acier" nous ouvre les portes en forgeant sa déchéance dans un metal noir, paganisant et inquisiteur, dicté par une rythmique quasi-mécanique. L'instinct à la fois conquérant et (auto)destructeur de ce prélude sera ensuite troublé à l'apparition de ce break planant, hanté par les cris déchirants d'Errance. La part mélodique amenée par la guitare est omniprésente et s'installe sur les parties en mid-tempo. Peu de variations, mais un aspect progressif et épique ressort de la musique de PENDULUM.
Changement "d'arme". Le ton est plus décalé et meurtri, "Le Verre" prolonge cette descente infernale par une sinistre symphonie, qui entre insidieusement dans les méandres de notre cervelle. Avec un chant toujours écorché et sur le fil, ("ô rage, ô désespoir..."), chant qui a beau être clamé en Français, sonne très bien, on peut ainsi souligner la qualité d'écriture et de propagation...
Une accélération nous prend alors aux tripes, des lignes de guitare oppressantes, puis plus légères et mélodiques apparaissent. Une alternance qui nous permettra de reprendre notre souffle, car la marche funèbre continue durant le solo fantomatique, libérant un poids qui restera jusqu'au bout de la piste.
Des accords mélodiques et nostalgiques prennent le relais, on s'enfonce alors un peu plus dans la solitude avec "Le Poison". Une aura tragique, démissionnaire guide les mots et les arpèges récurrents. Épique, de nouveau, voire "paganisante", la mélodie principale est redondante, certes, mais très prenante, elle résonne et nous entête, le chant poignant renforce un peu plus ce sentiment d'abandon, d'affaiblissement. On se laisse alors porté par ses notes noires, ce flot d'émotions à peine illuminé par quelques notes d'espoir. Le Poison fait son effet, malgré une résistance prenant l'apparence d'une voix désincarnée, il pénètre rapidement et prend alors le contrôle...
Une rythmique monotone vient ensuite emplir nos oreilles, des accords dissonants s'interposent entre deux petites déferlantes black/thrash. Le bourreau se chargera de nouer les liens avec "La Corde"... Le temps fait son œuvre, le désespoir gagne le vocaliste, la guitare laisse discrètement son empreinte, en fond, prolongeant le supplice de manière perverse.
"La poudre" s'en suit, avec encore une fois, un texte qui continue de nous ancrer des images en tête, dressant un portrait de ces "fragments du chaos" dispersés ici et là, de manière assez intimiste, d'ailleurs. Comme si nous étions spectateurs de ce témoignage, sans avoir vraiment été invité à l'entendre, la perdition d'un être derrière une porte entrouverte... Mais dans ce chaos, le désordre se trouve être finalement assez ordonné, projetant les "étapes du deuil" avant l'heure, ici apposées à la "folie": Du Choc à l'Acceptation. La Reconstruction en revanche, ne sera pas pour tout de suite...
Musicalement, on poursuit sur le même ton dissonant et dérangeant, le tempo est long et lourd, une nouvelle incursion dans l'obscurité guidée par quelques coups de double très efficaces signées Naja-Atra. Un fin lugubre nous envoie ensuite vers un chemin sinueux...

"Le Vide" nous tend les bras. Les mélodies s'alourdissent un peu plus à l'approche du "grand plongeon", les riffs plein de force et l'envolée solistique délivrés ici semblent pourtant redonner espoir, enveloppé dans un sentiment de bien-être, malgré le climat hostile qui nous saisit déjà. Une montée en intensité, de nouveau riche en émotion, avec la guitare si bien aiguisée de Death.
"...La Nature qui reprend ses droits", la finalité passera par des hurlements déchirants, primaires, gelés, quelques harmonies seront emportées dans un souffle pour laisser place à la désolation, ou plutôt à la seule source de vie abîmée et salie par notre passage. Des lignes de guitare aussi sauvages que le tempo prennent forme, ne faisant qu'un. L'esprit tourmenté qui résonne déjà, retentit un peu plus à l'approche du dernier acte: "La Folie". Ultime pièce de l'histoire (ou la première d'une autre...) qui nous renvoie à la conscience du protagoniste. Prise ou perte de conscience? Autant vous dire que le chanteur sort toutes ses tripes jusqu'au bout de ce cauchemar éveillé, prisonnier, au cœur d'un environnement "stérile" et étranger... "Je suis devenu fou", seront les derniers mots posés sur cette bande son enragée et tragique.

En dépit d'une production qui manque parfois d'un peu de puissance, ou de variation au sein des morceaux, l'aspect monolithique qui en ressort, à la fois brut et minimaliste, colle plutôt bien au thème de cette première œuvre. L'essence est là, la hargne et la mélodie, la noirceur côtoie quelquefois la lumière... l'émotion est omniprésente, la qualité d'écriture et de jeu, également.
Une première sortie sans fioritures, entêtante et habitée sous le nom de PENDULUM, projet qui, espérons-le, ne s'arrêtera pas en si bon (et tortueux) chemin...







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