CHRONIQUES ALBUMS

Suivre la carrière de BORKNAGAR est compliqué, car on sait ce qu’on laisse et qui on laisse, mais jamais vraiment ce qu’on va retrouver. La bande d’Oysten G.BURN est en perpétuelle évolution. Depuis sa création en 1995, le groupe a vu passer un bon nombre de musiciens et pas des moindres le plus souvent, Infernus (GORGOROTH), Grim (IMMORTAL), Ivar BJONSON (ENSLAVED), Garm (ULVER, ARCTURUS) et bien entendu, et toujours répondant à l’appel, Vintersorg (VINTERSORG, OTYG) et ICS VORTEX (ARCTURUS, ex DIMMU BORGIR, ICS VORTEX). Malgré les changements de line up, la production musicale du groupe n’en a jamais pâtie. BORKNAGAR a toujours produit de la qualité avec certains disques réellement intéressants « The Olden Domain », 1997, « The Archaic Course », 1998, « Quintessence », 2000, « Epic », 2004…

Le retour d’ICS VORTEX en 2010, officialisé en 2011, laissait présager quelques changements au niveau musical, en particulier au niveau du chant. On ne peut pas laisser un tel chanteur ne pas utiliser son organe de prédilection lorsque celui-ci a littéralement marqué les esprits sur les débuts de la carrière du groupe et bien évidemment, au sein de l’une des formations les plus médiatiques du black metal, à savoir DIMMU BORGIR. Après un retour sur le morceau « My Domain » issu de « Universal », 2010, ICS VORTEX se devait de reprendre une place de choix au sein de BORKNAGAR. Au lieu de faire ce qu’auraient fait certains groupes, le groupe a préféré faire un compromis inhabituel en laissant Vintersorg et ICS VORTEX se partager le chant. C’est certainement le meilleur compromis que l’on ait jamais fait dans un groupe de metal. Ces deux vocalistes se complètent à merveille et permettent à cet album de prendre une ampleur nouvelle. Dès l’écoute du premier titre « Epochalypse », on est littéralement convaincu par ce choix. Vintersorg garde la prédominance tandis qu’ICS VORTEX vient ajouter ci et là des touches vocales. Ces deux génies du chant clair amènent au monde du metal une dimension jamais égalée en termes d’ambiances vocales. Si l’on aimait les interventions d’ICS VORTEX dans DIMMU BORGIR, on les oubliera très vite au profit de ces lignes nettement plus naturelles, spontanées et profondes. Rappelez-vous son travail sur « The Archaic Course » en 1998, « Quintescence » en 2000 avec BORKNAGAR, ou plus récemment sur « The Sideshow Symphonies » en 2005 avec ARCTURUS, ou encore son album solo « Storm Seeker » en 2011. Ce qui marche sur un titre rapide tel que « Epochalypse » ou « Roots » devient implacable sur des morceaux plus lourds comme « The beauty Of Dead Cities ». On retrouve la patte de BORKNAGAR sur ses morceaux lents. Si par le passé on avait un peu de mal à les encaisser, cette fois le chant amène une dimension nouvelle assez époustouflante. Au niveau musical, c’est toujours très bien composé et arrangé comme en témoigne entre autres ce morceau instrumental « The Plains Of Memories ». « In A Deeper World » vient conclure cet album déjà riche sur une note majestueuse. Difficile de ne pas s’incliner devant tant de force et d’énergie. Ce groupe nous montre que l’on peut s’imposer sans pour autant gaspiller son énergie dans des riffs rapides, mais en utilisant une véritable force qui s’impose à vous naturellement et impose le respect.

BORKNAGAR arrive avec un album réellement convaincant que l’on n’attendait pas forcément. L’idée géniale de donner à ces deux chanteurs la possibilité de s’exprimer de cette manière donne à cet album une force et un impact dont on aura du mal à se défaire. L’année 2012 commence franchement très fort avec cet album. Juste un mot, INCONTOURNABLE !