ELUVEITIE Helvetios [ 2012 ] |
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CD Album Durée : 59.12 Style : Folk/celtic metal |
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Chronique : 28 janvier 2012 , réalisée par Bakounine | ||||
Le « folk metal » a le vent en poupe depuis une petite dizaine d’années maintenant. Il est vrai que de plutôt underground, certains groupes du style se sont vu très rapidement propulser sur le devant de la scène. ELUVEITIE est sans doute l’exemple le plus représentatif, créé il y a dix ans, leur premier album ne date que de 2006 et en quelques années et quatre albums, il sont passés des profondeurs de l’underground (première partie de NEGURA BUNGET à Paris au coté d’AES DANA et HEOL TELWEN qui boxaient à peu prés dans la même catégorie qu’eux à l’époque…), au carrément mainstream (tournée en tête d’affiche avec des groupes comme PRIMORDIAL ou NEGURA BUNGET (tiens donc…), en première partie ou sur la tournée de CHILDREN OF BODOM aux USA). La raison et le reproche qu’on a beaucoup fait aux suisses est d’être plus accessibles que les autres, certains diront commerciaux… C’est vrai que depuis « Spirit », un côté « death mélodique suédois/metalcore » avait vraiment fait son apparition et amené avec lui son lot de fans lambda, non auditeurs de « pagan » dans leur ensemble, reproche que l’on peut faire à pas mal des groupes connus du genre (TURISAS, FINNTROL, EQUILIBRIUM, ALESTORM, ARKONA...) Pour ma part, j’attendais ce cinquième album, l’œil circonspect, d’une part, parce que leur dernier album « Everything Remains as it never was » était un cran en dessous de ce qu’ils avaient pu faire avant : sans surprise, certes, taillé pour la scène, mais convenu, trop proche de ce qu'était « Slania » en moins complet et relativement plat après quelques écoutes. Et d’autre part, parce que toutes les annonces que j’avais vu, les récents trailers et mini-films du groupe en tournée avec cigares, piscine et sunglasses (vraie prise de melon ou non ?), le nom « Helvetios » à peu près aussi inventif que KORPIKLAANI sortant un album nommé « Alcohol », ou Ensiferum « Victory Songs » (Comment ça, ils l’ont fait ?), ou l’artwork quand même très inférieur de ce à quoi nous avions l’habitude de leur part ne m’avait amené autre chose que des doutes. Alors, qu’est-ce que cet « Helvetios » a dans le ventre ? Déjà on ne peut que louer la productivité du groupe, cet album contient 17 titres, dont douze vraies chansons plus quelques pistes de transition. Apparemment, il s’agit d’un concept-album relatant les histoires de la tribu helvète au fur et à mesure des siècles pendant la période des guerres romaines. Pour mettre en avant le concept, le groupe s’est adjoint les services d’un narrateur, en l’occurrence l’acteur écossais Alexander Morton (qui joue entre autre dans « Valhalla Rising »), ainsi que quelques guests, notamment un vrai chanteur de musique folklorique ou encore le multi-instrumentiste Freddy Schnyder de « Nucleus Torn » venu jouer du hammered dulcimer sur un titre, la production étant encore une fois signée par Tommy Vetterli. Pour autant, le concept demeure au second plan puisque s’agissant de la musique, on ne verra pas une énorme différence avec un « Slania » par exemple : le narrateur ne fait que quelques apparitions sur le « Prologue » et l’ « Epilogue » ainsi que sur « The Uprising », mais sa voix rocailleuse n’interviendra pas régulièrement au sein des morceaux à la manière de Christopher Lee chez RHAPSODY OF FIRE. Musicalement, on ne sera pas réellement surpris par ce qu'ELUVEITIE va nous délivrer, malgré une certaine évolution et ce, dès le premier vrai titre « Helvetios », qui surprend par une intro légèrement symphonique avec chœurs mais ensuite enchaînera avec tout ce qu’on connait chez ELUVEITIE : les riffs de guitare qui soutiennent les mélodies folkloriques qui semblent déjà sur ce premier morceau mieux amenés et plus légitimes que sur le précédent. On retiendra également « Luxtos », tube en puissance à la manière d’un « Inis Mona » sauf que cette fois-ci, sans doute inspiré par la performance époustouflante de Nolwenn Leroy sur son album de l’an dernier, les « Elu » nous livrent leur version du fameux « le loup, le renard et la belette » et le résultat est clairement à la hauteur, bref, de l’efficace. Dans le même genre, « Santonian Shores » est un morceau dans la grande tradition du groupe et qui s’il n’apporte rien de nouveau, tient plutôt bien la route. Pour autant, certains morceaux amènent réellement des éléments nouveaux, ainsi, l’interlude « Scorched Earth » est plutôt plaisant, un chant par-dessus une plage atmosphérique un peu à la manière d’un « Nata » sur « Evocation », à ceci-près qu’il possède la particularité d’être interprété par un chanteur folklorique. « Neverland » est un de mes coups de cœur sur cet album, si le couplet n’apporte rien de nouveau, le refrain est selon moi, un petit morceau de bravoure sonnant presque rock festif, bref, j’adhère totalement. « Havoc » est sans doute potentiellement le meilleur titre de l’album, surprenant par son violon omniprésent et son thème qui sonne très irlandais. Le riff de guitare est bien puissant même si pas forcément ultra inventif, mais les passages celtiques me donnent envie de faire des claquettes. « The Siege » est la piste la plus violente de l’album avec également une partie de violon intéressante et la probable présence d’un guest au chant, dont la voix aiguë hurlée va au morceau comme un gant (je n’ai pas d’informations sur son identité mais je pense avoir déjà entendu sa voix, je me demande si ce n’est pas une femme, mais impossible de mettre un nom clair dessus). Cet album n’est clairement pas parfait et ce, notamment du fait du manque de l’effet de surprise qu’avait eu les premiers écoutés : pour ma part, ce fut « Slania », que j’adore toujours autant même si beaucoup préfèrent pour des raisons tout à fait valables « Spirit ». En effet, des titres comme « Home » ou « Meet the Enemy » sans être ridicules, ne sauront être perçus comme très intéressants puisque des « Gray Sublime Archon » pour le premier et « Bloodstained Ground » pour le second existent déjà. Idem pour un « The Uprising », ou un « Uxellodunon », qui ne sont qualitativement pas de si mauvais titres que ça. Les titres où Anna Murphy apparait ne sont pas des plus convaincants, autant j’adore sa performance sur le dernier NUCLEUS TORN, autant sur cet album j’adhère beaucoup moins. « Alesia » est pour moi le moins bon titre de l’album, l’idée d’un morceau plus mélodique chanté par Anna et soutenu par Chrigel sur le refrain marche parfois, mais pas sur ce morceau d’un ennui certain. Sans démériter totalement, « A Rose for Epona » conçu pour être un tube, ne saurait se déparer d’une certaine mièvrerie déjà présente parfois sur « Omnos »dans « Evocation ». L’instrumental « Hope », lui, tire vers l’auto-plagiat tellement sa mélodie semble être un mix de mélodies des albums précédents. Alors, bon album, cet « Helvetios » ? De toute évidence, on est au-dessus d’ « Everything Remains as it never was ». Le groupe nous livre ici un disque avec plus de personnalité, plus de variété, quelques morceaux purement taillés pour la scène comme d’habitude, mais sans oublier de les rendre intéressants sur cd. Les reproches fait d’ordinaire par les détracteurs d’ELUVEITIE seront toujours là (ce côté death metal suédois, le riffing simpliste qui ne fait que suivre les passages folk, le côté commercial), mais l’objet a de la valeur pour celui qui lui accordera de l’attention. Un disque qui s’il n’arrivera pas dans mon esprit au niveau de l’excellence des deux premiers, car toujours fait plus ou moins de la même recette, n’en demeure pas moins un bel exemple qui prouve que malgré ce qu’on en dise, un bon groupe est toujours capable de puiser au fond de lui-même pour créer de belles choses. ELUVEITIE n’est pas devenu du jour au lendemain le groupe de folk metal le plus crédible/authentique/inspiré/attachant, mais reste qualitativement au sommet du genre. |
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