EPICA Requiem for the Indifferent [ 2012 ] |
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CD Album - Digipack Durée : 72.52 Style : Metal Symphonique |
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Chronique : 24 janvier 2012 , réalisée par La.Faux | ||||
Après avoir enchaîné une giga tournée pour l’album précédent, "Design Your Universe", puis un enregistrement et une autre tournée pour MaYaN, side project du guitariste-chanteur-compositeur Mark Jansen (qui réunit finalement 4 membres sur 6 d’EPICA), le second groupe de métal féminin le plus connu des Pays-Bas nous revient avec un cinquième album, sans avoir vraiment eu le temps de souffler –et la nouvelle tournée a d'ailleurs déjà commencé. Ce n’est un hasard si "Design Your Universe" est cité dès la première phrase : considéré à ce jour comme l’un des meilleurs albums du groupe, si ce n’est le meilleur, il avait confirmé que chaque nouvelle pépite d’EPICA était d’or pur – et peu de groupes peuvent en dire autant, surtout sur ce créneau saturé de clones nightwishiens. Et dans cette tradition d’excellence et de créativité constantes –l’apport d’Isaac et Arien au line-up ayant orienté le groupe vers un style plus bourrin bienvenu, lorsque beaucoup de groupes évoluent généralement vers plus de easy-listening-, il faut d’ores et déjà avouer que "Requiem for the Indifferent" ne tient pas toutes ses promesses. Les attentes étaient probablement trop lourdes, et l’ombre du grand frère plane de bout en bout, quel que soit le nombre d’écoutes. EPICA nous a habitué à du haut niveau, mais s’est un peu perdu en route sur ce nouvel opus. Deux gros défauts handicapent l’album : le mixage, décevant et inattendu d’un groupe signé chez "Nuclear Blast" –ce bruit de fond sur « Storm the Sorrow », seraient-ce les guitares ?-, et Simone. Oui, vous avez bien lu. Car notre frontwoman flamboyante, atout majeur du groupe qui fait énormément parler d’elle pour sa voix, son physique ou la rareté de ses apparitions publiques, déçoit. Où est passée cette voix lyrique qui enchantait tout du long ? Là où des incursions de chant plus pop étaient un succès sur "Design Your Universe" –encore lui-, l’on est proche du ratage sur de nombreux morceaux, dès que la rousse grimpe dans les aigus –sur « Storm the Sorrow » ou « Internal Warfare », l’on est parfois à la limite du miaulement, sincèrement. Il faut attendre « Avalanche », l’avant dernier morceau (!), pour que l’on retrouve la voix lyrique caractéristique des anciens albums. Si elle avait déjà pu montrer des signes de fatigue qui la rendait souvent moins juste en live, il est plus étonnant –et inquiétant- d’entendre des notes à la limite de la fausseté dans une version studio… Surtout, l’album semble pêcher par excès d’ambition. "Requiem for the Indifferent" fait le pari de compositions toujours plus complexes et tortueuses, et c’est peut-être cela qui rend les premières écoutes hermétiques et déstabilisantes, bien que l’intention soit louable. Le nombre des compositeurs s’est multiplié, et l’effet patchwork voire fourre-tout s’en ressent: par exemple sur le titre d’ouverture « Monopoly of Truth » qui peine à vraiment accrocher l’oreille sur les premières écoutes, ou l’éponyme « Requiem for the Indifferent », et ce, malgré une très bonne seconde partie à l’atmosphère qui rappelle « White Waters », du précédent album. De manière globale, les chansons longues sont moins maîtrisées et cohérentes qu’elles n’avaient pu l’être par le passé. Pour cette raison, l’opus présente la curiosité de n’avoir aucun morceau véritablement mauvais, mais aucune véritable tuerie non plus. Quel comble d’intituler un album « Requiem for the Indifferent » lorsque l’écoute laisse l’oreille relativement tiède, voire…indifférente, justement. En effet, l’émotion est la grande –et cruelle- absente sur toute la première moitié de l’album : même si les chœurs a cappella de « Delirium » sont plutôt réussis, le reste de la chanson manque de sel et de personnalité. Le premier extrait choisi par le groupe, « Storm the Sorrow » souffre aussi d’être très plat. « Guilty Demeanor » n’est pas mauvais, mais sent méchamment le remplissage. Il faut donc attendre la seconde moitié de l'opus pour reprendre espoir, et retrouver l’EPICA que l’on connaît : celui qui sait innover mais aussi nous faire headbanguer ou nous prendre au cœur, celui qui a explosé sur la scène dès le premier album, fait suffisamment rare pour être noté. Après une première alerte positive sur le titre "Requiem for the Indifferent", qui n'est toutefois pas constant, c’est le mid-tempo « Deep Water Horizon » qui capte l’attention dès la première écoute : Simone conquiert enfin, les guitares ne sont plus rejetées en fond sonore digne d’une tapisserie de décoration, et le terme « épique » retrouve enfin de son sens, malgré des lignes de refrain un peu niaises. En milieu de titre, l’instrumentation quasi-martiale sera très familière aux fans de la première heure. Voilà un morceau riche, original, et qui sait éviter l’écueil du patchwork. Et cette bonne impression se prolonge avec le très bon « Stay the Course » qui prouve qu’un titre court peut être dense et réussi, grâce à la présence plus importante de Mark et à des guitares encore une fois moins étouffées. Ces deux éléments sont d’ailleurs la force de cette seconde partie d’album, qui se prolonge pour notre plus grand enthousiasme avec l’intriguant « Avalanche », bien qu’il n’évite pas toujours les transitions moyennes et la répétition («Feels like living in a dream, from which I cannot wake », vous aussi vous le connaîtrez par cœur au bout de 2 écoutes), mais qui emporte l’adhésion –et de l’émotion, merci Simone. Quant au titre de clôture, « Serenade of Self-Destruction », il aurait mérité de donner son nom à l’album, car il est l’un des plus réussis et clôt ce nouvel album sur une touche très positive (tout y est bon, comme dans le cochon). Il y a donc de bonnes choses dans "Requiem for the Indifferent". D’ailleurs, la technique de –quasi- chacun des membres du groupe est irréprochable, les nouveaux éléments –plus si nouveaux- au premier rang. Arien a fait grimper le groupe d’un niveau depuis qu’il est derrière les fûts, et Isaac a apporté le lead guitariste dont la formation manquait –bien qu’il apprécie peu ce titre, cf l’interview. Coen est probablement l’un des grands gagnants de l’album, très présent et toujours très pertinent, surtout lorsque ses claviers ont un –simple- son de piano, comme sur l’intermède «Anima ». Alors la note, dans tout ça ? Dilemme énorme pour cet album, évidemment. D’un côté, l’on peut penser à l’héritage excellentissime des précédents opus et être tenté d’être cinglant. De l’autre, l’on peut être légèrement enclin à valoriser un album qui n’a pas tenté d’être une copie conforme de ses aînés, même s’il s’égare parfois en route et n’a pas vraiment de tueries à proposer. Selon votre point de vue, vous pourrez donc retrancher ou ajouter un gros point à la note plus haut. Il est certain en tout cas que cet album divisera. L’on n’est jamais aussi exigeant qu'avec ce que l'on aime, après tout. |
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