CHRONIQUES ALBUMS

L’ouverture de la Pologne ne cesse de nous combler avec ses groupes tous aussi bons les uns que les autres. Il est vrai que la situation polonaise a énormément changé depuis les années 80, mais le retard qu’elle avait accumulé est réellement en train de se résorber et tout particulièrement dans le domaine de la musique dite extrême. Les piliers que sont BEHEMOTH et VADER voient la relève assurée avec des groupes tels que DECAPITATED, VESANIA, HATE… Il y a une place à prendre pour ce groupe SERPENTIA formé en 1996. Ce combo est, certes, nettement moins extrême que ses compatriotes mais ne manque pas de qualités avec son quatrième album « The Day In The Year Of Candles ».

Naturellement la production de cet opus est impeccable, comme toujours avec ce qui sort de ce pays. C’est très propre, bien équilibré entre chaque instrument et surtout très puissant. Même avec une musique énergique mais pas non plus brutale, SERPENTIA arrive à obtenir un ensemble imposant.

Le style de SERPENTIA est assez difficile à classer. Le groupe semble avoir un bon nombre d’influences. Ce que l’on peut dire avec certitude, c’est qu’il s’agit bien de « metal » ! Bon, ok, c’est un peu faible alors on va être un peu plus précis. « On The Wings Of Destiny » ressemble à un croisement entre les parties saccadées de GOJIRA et des mélodies grunge/rock, le tout saupoudré de chant guttural. Le mix improbable entre ces styles est dans un premier temps assez surprenant, mais finalement très efficace et réellement intéressant. Il y aurait presque un peu de DARK TRANQUILLITY ou d’IN FLAMES des débuts dans « Proclamation of Tragedy », renforcé par cette petite touche de modernité qui fait toute la différence. On est très vite entraîné par cette force tranquille que dégage le groupe, efficace sans pour autant devenir extrême. En tout cas, l’émotion qui se dégage de ces morceaux est réellement forte. On peut sentir un groupe qui se met à nu dans ses textes. Il n’y a qu’à en lire les titres pour le percevoir, « Pain no More », « Death is My Only Friend »… De plus et ce n’est pour nous déplaire, SERPENTIA compte de très bons musiciens. Les soli de cet album sont fort agréables. En plus d’être assez techniques, ils ne sont pas dépourvus d’une certaine sensibilité. C’est toujours un sujet assez problématique que celui-ci. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les différentes interventions et particulièrement celle de « For « The All » Reasons ». Celle-ci est un bon exemple de chorus rapide, technique et en même temps très bien senti. Penchez vous aussi attentivement sur les deux titres qui ouvrent et concluent ce disque, « Archangel » et « Psalm Bezskrzydlythe Wingless Psalm ». C’est devenu une chose classique que de réaliser ce type d’exercice sur les albums mais ici, cela fonctionne d’une manière encore un peu plus prenante que ce que l’on peut entendre parfois.

En conclusion, SERPENTIA nous livre un quatrième album fort intéressant qu’il serait dommage de rater. Ce n’est pas que ce groupe soit réellement transcendant, mais sa façon de faire est telle que ne pas jeter une oreille sur ce disque pourrait vous faire défaut. Quand le travail est de qualité, il est toujours regrettable de ne pas s’y intéresser.