CHRONIQUES ALBUMS

Les Québécois se seront quelque peu fait attendre, entre un « Dystopia » bien amené et novateur en 2008 et un EP « Marée Noire » plus simple mais tout aussi dévastateur en 2010. Fort d'un potentiel certains, désireux de se hisser au côté de l'élite en matière de « death brutal », BENEATH THE MASSACRE remet donc le couvert début 2012 avec la sortie de « Incongruous », de nouveau signé chez « Prostetic Records ». Le quatuor renoue quelque peu avec le côté mécanique et inhumain de « Mechanics of Dysfunction », mais ne laisse pas pour autant de côté l'aspect ultra technique et brutal retrouvé sur « Dystopia ». De nouveau, les morceaux sont très courts, de façon à ne laisser aucun répit entre la rapidité incroyable de la batterie et des riffs et la rage du growl de Elliot Desgagnés.

BENEATH THE MASSACRE peut se targuer de se placer aux côtés d'ORIGIN et NECROPHAGIST, tant la maîtrise et la rapidité d'exécution sont là. Le quatuor ne manque pas d'audace en ce qui concerne les plans techniques à la guitare : les envolées, les saccades, les structures quelques peu mathématiques sont toujours présentes, à l'instar d'un « Symptoms », démarrant l'album sur les chapeaux de roues. Bien sûr, le duo basse/guitare impressionne, tant dans l'avalanche de notes que dans le côté compact des guitares brutales et impardonnables.

Des morceaux comme « Pedestal » par exemple misent a contrario sur l'aspect brutal et direct, emmenant l'auditeur dans un tourbillon de violence. L'instrumental « Incongruous » montre quelque chose de plus ralenti, sans lésiner sur la technicité ni la mélodie, avec ce côté saccadé et mécanique. Mais, trop de technique tue la technique. Comme sur l'album précédent (« Dystopia »), l'auditeur peut se retrouver relativement perdu au sein de cet amas de technique et de brutalité. Il manque certains repères, comme un riff mémorable ou un solo prenant. Certes, les compositions sont très directs et « in your face », mais qu'on soit habitué ou non, il faut tout de même un temps d'adaptation et arriver à suivre la folie guitaristique de BENEATH THE MASSACRE, qui, il faut le dire, maîtrise son propos de façon dantesque.

Il est clair que les Québécois font un travail monstrueux, dégageant une force et une agressivité sans faille, proche des HATE ETERNAL ou ORIGIN, entre autres. Bien qu'encore jeune (formation en 2004), il n'empêche que le quatuor a tout compris, et qu'il a tout pour faire partie des grands groupes de death brutal et technique, grâce à cet album qui confirme quelque peu le parcours emprunté jusqu'à présent, bien qu'il manque encore quelque chose.