KELLS Anachromie [ 2012 ] |
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CD album + DVD Durée : 54.55 Style : Néo métal mélodique |
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Chronique : 27 novembre 2011 , réalisée par La.Faux | ||||
Après "Gaia" en 2005 et "Lueurs" en 2008, les français de KELLS délivrent enfin leur troisième opus, "Anachromie", produit par "Season of Mist". Plusieurs défis se posaient au combo de "néo métal mélodique" lyonnais qui s’est notamment fait connaître en ouvrant pour EPICA en 2008 et 2010, et TARJA en 2011: proposer un album qui soit encore un cran au-dessus, comme "Lueurs" l’était pour "Gaïa", affirmer encore plus leur personnalité pour se démarquer de cette étiquette tristement réductrice et peu pertinente de « métal à chanteuse », conserver la langue française… tout cela en agrandissant la communauté de fans et en incorporant de nouveaux éléments, notamment les velléités de chant hurlé de Virginie. Défis de taille, donc. Brisons le suspense tout de suite: le cahier des charges est largement rempli. C’est une galette d’une rare qualité de composition et de production qui nous est proposée, confirmant le statut de futur grand de KELLS, et pas seulement en France. L’artwork déjà, laissait augurer du bon, plus original et intrigant que les précédentes pochettes aux dominantes couleurs douteuses. Il suffit d’écouter le titre d’ouverture "Bleu" pour s’en convaincre: morceau qui officie tel un pont entre "Lueurs" et "Anachromie", single parfait tant il est efficace sans être simpliste, il révèle les énormes progrès vocaux de Virginie tout en nous offrant ce son bien lourd et "néo-métal" caractéristique du groupe. Et si "Se Taire", le premier extrait choisi par le groupe pour représenter "Anachromie", a pu effrayer les fans de la première heure par les cris très aigus et metalcore de Virginie, qu’ils se rassurent: le titre dénote un peu du reste de l’album, souffrant de cris moins réussis que sur les autres morceaux. Car oui, on peut remercier Candice d’ETHS pour avoir défié Virginie à apprendre à crier: ses cris très graves et sombres sur "Le Manège Déchanté", très variés sur "L’heure que le temps va figer", ou plus énervés sur "L’Autre Rive", apportent résolument un plus tout en restant parfaitement proportionnés par rapport à la voix claire, qui demeure majoritaire. Après plusieurs écoutes, l’on en vient même à se demander pourquoi l’idée ne leur est pas venue plus tôt, bien qu’elle ait poussé quelques cris avec Candice sur "La Sphère". La grande réussite d’"Anachromie", c’est d’avoir renforcé les points forts du groupe –une instrumentation très "néo métal", mais qui ne pousse pas à la comparaison systématique avec KORN ou autre LACUNA COIL, un refus de se plier à la tradition des ballades, des titres courts et efficaces- tout en créant de nouveaux atouts: une qualité vocale impeccable de Virginie avec l’ajout de cris, et une grande variété d’atmosphères et d’instrumentations sans que l’album perde en cohérence. En témoignent l’arabisant L’"Illusion d’une Aire" et l’asiatique "L’Autre Rive", mais également "Cristal" et ses couplets trip-hop ou "Le Manège Déchanté" et son atmosphère film d’horreur. L’album propose par ailleurs un nouveau duo avec leur ancien batteur Jano, "Nuances", qui bien que moins réussi que "Lueur", n’en demeure pas moins une variation intéressante en reprenant l’un des champs lexicaux dominants de l’album: celui de la chromie. L’instrumentation est quasi-irréprochable tout du long: déjà bien intégré en live, Julien montre une nouvelle fois toute l’étendue de sa polyvalence derrière les fûts, complétant parfaitement les parties de basse très "néo métal" de Laurent –notamment sur "L’heure que le temps va figer" et "Le Manège déchanté"- et Patrick pousse même jusqu’au solo halluciné sur certains titres comme "Addictions". Les éléments plus « symphoniques » sont moins présents que sur les précédents opus, mais c’est finalement l’ensemble guitare/basse/batterie/piano épisodique qui semble le mieux convenir au groupe. En effet, les passages à cordes ne sont pas toujours convaincants, par exemple sur les refrains d’"Emmurés" – mais ils raviront probablement les fans de l’ère "Gaia". Notons toutefois l’importance de ces instruments sur "L’Autre Rive" et surtout "L’écho", qu’ils magnifient en les enrobant d’une émotion supplémentaire, ainsi que l’apport utile d’éléments nouveaux comme cette boîte à musique sur "Bleu". Tout n’est pour autant pas parfait, bien sûr: on peut reprocher une basse un peu trop en retrait dans le mixage, sauf sur "Le Manège Déchanté" -malgré une production qui a le mérite de ne pas être trop lisse-, deux morceaux en anglais qui n’apportent pas grand chose car ils sont de simples traductions de "Se Taire" et de "L’heure que le temps va figer", et quelques titres qui décollent moins en comparaison des tueries qui les entourent. Mais ce dernier point est-il un vrai défaut ? En effet, le choix de l’enchaînement des morceaux ayant été intelligemment fait, les tueries s’égrènent tout au long de l’album (pour votre dévouée, ce sera "Bleu", "L’heure que le temps va figer", "Le Manège Déchanté" et "L’Autre Rive"), ce qui « étouffe » un peu des morceaux comme "Nuances" ou "Quelque part" qui sans être dispensables, tardent à marquer l’auditeur de leur empreinte. Pourtant, après plusieurs écoutes, certains titres révèlent une saveur toute particulière, comme "Cristal" et "L’écho". Ce dernier morceau notamment, clôturant "Anachromie", évite l’écueil de la « ballade de fin d’album » (voire tombe dans l’excès inverse en devenant un peu trop efficace là où l’émotion et la subtilité pouvaient primer) et constitue un très bon final, étant d’ailleurs un peu plus long que les autres titres qui dépassent rarement 4 minutes. Même l’intermède "L’asphalte" est réjouissant avec un univers sonore qui rappelle A PERFECT CIRCLE et qui montre le sens aigu de la qualité de composition du combo sur tout l’album. Finalement, les deux morceaux qui sont peut-être les plus difficiles à aborder sont "Se Taire" –malgré un très bon refrain/hymne et une instrumentation rendant hommage au "heavy metal"- et le très déstructuré "Addictions" où le groupe laisse libre cours à une instrumentation saturée et ébouriffée, promettant une jolie pagaille en live. Pour conclure, que vous appréciez ou non KELLS, ou que vous ne les connaissiez pas, jetez-vous sur cet album, et multipliez les écoutes pour vous laisser imprégner par son univers et sa diversité... car à l'image de la pochette, plusieurs degrés de lecture -et ici, d'écoute- sont possibles. Souhaitons une tournée à la hauteur de l’album, d’autant que le groupe a récemment signé avec "K-Prod". |
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