CHRONIQUES ALBUMS

Ovni musical qui gambade dans la sphère metal depuis 23 ans, CYNIC continue inexorablement de diffuser sa musique si complexe à définir ou même à comprendre. Oui, n'ayons pas peur des mots. La bande à Paul Masvidal n'habite pas sur la même planète que nous. Et ils vont à nouveau nous le prouver avec ce quatrième EP "Carbon-Base Anatomy". Sans compter la réédition de "Traced In Air", cela fait trois ans qu'ils n'avaient rien sorti de neuf et il est enfin temps de remettre les pendules à l'heure.

"Carbon Base Anatomy" est à l'image de son artwork, quelque chose d'indigeste, de trop fouillis pour être compris à la première écoute. Sur cette façon d'interpréter leur musique, CYNIC ne change pas ses manières. Il vous faudra deux ou trois écoutes pour s'imprégner du message que veut faire passer le combo Ricains.
Mis à part cela, le groupe reste dans la même optique musicale. Nous auront donc affaire à de nombreuses sonorités diverses et variées qui iront du riff purement "metal", au beat limite "techno". Prenez par exemple l'intro "Amidst the Coals" qui, certes, met du temps à se lancer mais brouille à merveille les pistes. Cette dernière laisse une douce voix chatouiller nos oreilles tandis que la seconde piste "Carbon Base Anatomy" revient faire monter les décibels avec sa rythmique de batterie nerveuse influencée "Jazz". Nul doute, CYNIC est bien de retour. Loin de ses débuts "death progressif", le groupe laisse exploser toute sa créativité et ce nouvel EP en est encore la preuve. Alors certes, c'est rageant d'attendre pour voir uniquement des EP's pointer le bout de leur nez mais sur celui ci, c'est tout à leur cause. Vite et bien ne font pas bon ménage et CYNIC préférera privilégier la qualité à la quantité. Quelque chose nous dit qu'il n'ont pas tort.
Méticuleux est le nom qui pourrait qualifier ce "Carbon Base-Anatomy". CYNIC sur cet EP va plus que jamais pousser dans les derniers retranchements, les arrangements de sa musique. Car quand la musique ne suffit plus au groupe, ils arrivent a étaler une palette de samples sorti d'un autre monde. La musique sera, par conséquent, jonchée de multiples effets qui ont le mérite de ne pas perturber la lecture de l'EP, car ces derniers sont judicieusement bien choisis.
Il suffit d'écouter l'instrumental "Bija!" pour être transporté dans des ambiances orientales, ou bien lancer "Elves Beam Out" pour flotter dans l'espace au même rythme que la voix de Masvidal. À ce propos, cette dernière avec son grain si chaleureux n'a pas à se forcer et user d'artifice pour coller parfaitement à l'univers qu'ils développent. Paul Masvidal a tendance à faire passer le chant en secondaire de par sa simplicité, mais au fond, on se laisse facilement prendre par ces vocalises qui font souvent flotter l'auditeur dans la créativité infinie de leur musique.

Au final, CYNIC reste CYNIC, toujours aussi gourmand en expérimentation. Mais ce qui lui permet de rester dans le bon chemin, c'est de pas trop en faire. À croire qu'il a une limite qu'il s'impose à lui-même, comme pour ne pas tomber dans l'indigeste. "Carbon Base Anatomy" est une autre page qui s'écrit dans l'histoire d'un groupe, qui ne fait jamais rien comme les autres.