CHRONIQUES ALBUMS

"Un album de metal expérimental en provenance d'Italie ? Voilà qui a tout pour inciter à la prudence tout auditeur averti".

Il y a dix ans, voici l'introduction qui aurait pu être écrite en préambule d'un article sur un groupe italien. À cette époque, beaucoup de groupes transalpins produisaient effectivement du "metal expérimental", mais souvent bien malgré eux. Depuis, l'Italie a tout de même bien travaillé, avant tout pour essayer de se sortir de ce côté kitch et d'effacer tous ces clichés récurrents venant souvent caractériser leur scène.

Porté par le label "Baker team records" (qui publiera en 2012 le nouvel album de CADAVERIA), ADIMIRON s'affiche comme un groupe qui possède certaines ambitions. Nouveau label, nouveau merchandising, nouvel album et nouveau son, les italiens veulent avec "K2" atteindre les sommets.

Les multiples changements de style qui jalonnent la discographie d'ADIMIRON montrent que le groupe a longtemps cherché sa voie. Assurément, la route choisie sur "K2" n'est pas la plus facile. Loin du son un peu médiocre de leur précédente réalisation ("When reality wakes up", 2008) les musiciens se lâchent enfin aussi bien en terme d'envie qu'au niveau des compositions. "K2" propose ainsi un métissage sonore, de quoi faire passer de belles soirées à tous les amateurs de débat sur les catégories de metal. Mélange de "thrash", "death", "postcore" le tout sur un socle plus "progressif", ADIMIRON revendique haut et fort son appartenance à la scène "thrash", bien que ce nouvel album lorgne définitivement plus du coté de groupes plus proches d'OPETH que de KREATOR (références uniquement citées pour l'image). Du "thrash expérimental" ? Les deux mots côte à côte sonnent bizarrement, mais le progrès est en marche.
En trois ans, les musiciens ont rudement progressé. Le chant en particulier est nettement plus convaincant, avec un growl gueulé énergique et un chant clair net et bien posé, idéal pour créer un petit climat de spleen ("Where nothing changes", et son ambiance flirtant avec KATATONIA) contrastant avec la puissance établie tout au long du disque.
Ce mélange au rendu final agressif et torturé prend bien, seuls les headbangers auront sans doute du mal à suivre les multiples changements de rythme. Malgré ce mix parfois très dense, "K2" conserve la maîtrise de la complexité ainsi qu'une certaine homogénéité. Trop peut-être, car dans ce bloc compact surgit une marque sonore tendant à se répéter sur la majorité des morceaux. Heureusement, certaines transitions plus posées évitent qu'un phénomène de lassitude n'apparaisse.

Cette fois, ADIMIRON semble tenir le bon bout en offrant avec "K2" l'image d'un groupe plus solide, plus original et plus impliqué dans sa musique. Assurément l'album le plus réussi de la discographie du groupe, "K2" ne présage que le meilleur pour la suite de la carrière d'ADIMIRON, les musiciens n'ont plus qu'à confirmer leurs efforts.