CHRONIQUES ALBUMS

Lorsqu'un Cd est classé en "rock-metal", on ne sait jamais trop à quoi s'attendre : on peut en effet avoir classé sous ce terme des choses relativement classiques à la AQME, à des relatifs ovnis comme NEHR. NEHR, donc, est un trio parisien formé d'une bassiste-claviériste-programmeuse-chanteuse Audrey Henry, avec le guitariste Julien Guerreau et le batteur Jef Ertlé. Et le panel d'inspiration de leur musique est extrêmement large, si l'on en croit la note de présentation dudit groupe, je cite : « Entre Tool, NIN, Deftones, Noir Désir, Pj Harvey et Tori Amos (...) ». Le jeune groupe sort donc en support physique leur deuxième album « Transe Moderne » disponible en téléchargement depuis un an déjà. L'artwork relativement étrange représente un morceau d'arbre mort, pourtant croyez-moi, NEHR n'est pas un groupe en bois...


Le panel de groupes cité au-dessus ne peut donner qu'une très vague idée de la musique de NEHR, une musique qui est tout sauf linéaire et simple à suivre, et je pourrais citer pleins d'autres artistes qui se rapprochent par certains aspects de leur musique, mais pas du tout par d'autres : « Alice In Chains », « Kylesa », « Bjork »,ou encore les belges de « Venus ». D'ailleurs il sera, je pense, impossible à qui que ce soit d'adhérer à 100 % du contenu de l'album, à l'image du premier morceau « Cocon » et de son thème lancinant au piano, d'une lenteur difficilement supportable et aux paroles un peu trop perchées pour moi (des histoires de cocons qui font disparaître des étoiles de mer, on a déjà vu plus étrange, notamment chez UNEXPECT ou DIABLO SWING ORCHESTRA (deux références pour moi), mais avec sans doute moins de répétitions et en anglais, ce qui apparaît au final moins gênant). Les paroles en français ne sont d'ailleurs pas forcément le point fort du groupe à mon goût, mais les morceaux sont d'ordinaire suffisamment bien fichus pour qu'on se permette de passer outre. Mais pour essayer de décrire la structure globale des morceaux, disons qu'ils sont souvent articulés autour d'une ou deux phrases en français avec deux ou trois passages musicaux très différents les uns des autres, mais formant un ensemble cohérent, et la majorité du temps très intéressant. Le côté "metal" est rarement mis en avant et jamais très violent, même si suffisamment intense pour échapper à la classification sous la simple appellation "rock" (sur « Naturelle » ou « Parle », notamment), la batterie et les guitares étant réellement plus rock que vraiment metal.
Mais une atmosphère pesante et particulière est indubitablement là, en particulier dans la voix exquise et étrange de la chanteuse et de certains arrangements industriels ( « Curious Philosophy », « Manège à l'envers »). La voix sera souvent le véritable pivot de ces morceaux, permettant de poser des ambiances précises et concrètes, des ambiances simili-enfantines du refrain d'un « Transe Moderne » à des choeurs éthérés sur « Manège à l'envers » rappelant presque EVANESCENCE. Les deux morceaux que je mettrais personnellement le plus en avant seraient « Rien ne Change » et ses deux atmosphères, la première aux guitares acoustique et bluesy et la deuxième plus ou moins baroque et étrange avec une voix devant une espèce de son de clavecin, et « Concentre-toi » avec son introduction toute en douceur, pour arriver sur, probablement, le riff le plus efficace de l'album. Mais je tiens à préciser que ce n'est sur ce plan-là qu'un avis totalement subjectif et que certains pourraient en préférer d'autres avec des arguments tout à fait audibles et compréhensibles.


Au final, voici une oeuvre complexe et à part et qui, si elle est trop étrange sans doute pour faire l'unanimité absolue, possède tous les arguments d'un excellent album alternatif, même si on regrettera l'absence d'un vrai titre phare, comme pouvait l'être un « Rester » sur l'album précédent. Pour toute personne intéressée, je ne saurais que leur donner ce conseil : Écouter avant d'acheter, et surtout écouter plusieurs titres car, comme je l'ai dit, la multitude d'ambiance évoquées et perçues dans cet album, ne saurait se contenter d'une écoute distraite et à l'arrache d'un titre lambda.