CHRONIQUES ALBUMS

Difficile d’imaginer dans quoi on allait s'embarquer en voyant la trogne des Italiens de STORY OF JADE, le patronyme douteux (essayez de taper “Story of Jade” dans un moteur de recherche, vous verrez. Interdit aux moins de dix-huit ans, bien évidemment...), le titre de l'album, leurs costumes et website d'un goût assez prononcé pour l'horror et le kitch finissant de jeter un voile d'interrogation bien lourd sur le sérieux et le type de musique que pouvait bien nous proposer le combo.

Il faudrait en fait remonter aux années 70-80 avec la naissance de DEATH SS, dont STORY OF JADE prend ses influences, groupe Toscanais de "Heavy Metal" aux influences "Gothiques/Electro" prenant le qualificatif d' "Horror Metal". L'aspect vestimentaire et scénique occupaient une place importante pendant les concerts et sur les livrets d’albums avec des atmosphères occultes et parfois érotiques.

Et la surprise est de taille quand, passées les premières écoutes, on se retrouve devant un album de "Heavy/Thrash" groovy et accrocheur jusqu'au bout. Le talent des italiens réside dans le fait de nous pondre des hymnes rappelant les gloires d'un bon vieux "Hard Rock" où le décrochage des cervicales se fait presque instinctivement. "Heavy Metal Killing Machine" (rien que le nom...), "Bloodsucker" sont de la partie avec leur refrains immédiatement mémorisables et entêtants au possible. "Thrash" dans l'âme aussi, avec sa rythmique plutôt fracassante "The Damned Next Door" n'est pas aussi destructeur et puissant qu'un EXODUS, mais le fait de jouer sur un riffing incisif, changeant et presque technique dans le fond rend le tout suffisamment inventif et démarquant pour le groupe. La présence de Flegias (NECRODEATH) sur "CF Virus S01" n'est en ce sens pas surprenante, et SOJ démontre que le "Thrash" d'antan est loin d'être révolu mais évolue petit à petit. Le chant de Baphomatt est réussi en tout point, criard et légèrement aliénant, même si manquant à mont goût de rugosité.

Et si STORY OF JADE voulait instaurer quelques côtés horrifiques dans leur musique, ce n'est pas la présence de quelques samples (Tronçonneuse sur "Confession Of Headless Man", bruits de cloches sur "Afterlife Confusion", notre petite "Jade" qui daigne enfin montrer le bout de son nez) qui viendront insuffler la crainte, tant sublimée et mise en valeur sur leur site web. Le point fort de cet album ne se trouve donc en aucun cas dans la mise en scène, mais bien par l'intelligence de composition, chaque titre arrivant à se démarquer et possédant un refrain efficace, un riff mordant, un break rentre-dedans. On peut même entendre des solis mélodiques et guitares sèches sur "This Bleedin'Cage" et "New World Inquisition" (possédant par ailleurs une introduction assez amusante, où une hôtesse de l'air annonce à divers junkies, pervers et sadomasochistes en tout genre un embarquement immédiat sans retour possible vers diverses exécutions), c'est vous dire si cet album est effrayant!

Leur autoproduction qu'était "The Factory Of Apocalypse" (2006) avait déjà reçu un bel accueil de la part des médias, et "The Damned Next Door" vient confirmer le potentiel des Italiens qui signent là un album accrocheur de "Heavy/Thrash" dont l'ensemble s'avère inspiré et plus qu'agréable à écouter. Pas une tuerie monumentale, mais une belle surprise à découvrir.