SHINING
Live blackjazz [ 2011 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD album + DVD
Durée : 60.00
Style : Black/jazz expérimental
  Infos :Live
  Contact label : http://www.indierecordings.net/
  Contact groupe : http://www.shining.no/v2/ http://www.myspace.com/shiningofficial
 
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  Chronique : 05 novembre 2011 , réalisée par Margoth
   
Nous voici devant un live de SHINING. Mais attention, ici, vous ne verrez point de scarification ou de malheureux photographes violentés, nous parlons bien du combo norvégien et non suédois. Vous savez, ceux qui ont un peu débarqué de nulle part l'année dernière pour nous incendier les oreilles avec leur sombre mixture auditive migraineuse. C'est tout du moins ce qu'avait l'air de penser mon collègue qui avait chroniqué «Blackjazz», malgré le fait qu'il l'ait catalogué comme coup de cœur. On ne pourra que lui donner raison sur le fait que les premières écoutes sont assez éprouvantes mais lorsqu'on creuse le sujet, on finit par se rendre compte que SHINING n'est pas si expérimental que cela. Il s'agit de jazz saturé, les distorsions volontairement à leur paroxysme, un jazz extrême, en somme. Et pour appuyer le propos «extrême», on rajoute des influences «black» en ce qui concerne la composante principale d'un morceau (avant les envolées instrumentales à la limite de l'improvisation), en plus d'emprunter certaines atmosphères propres au style. Et pour rajouter un côté extrêmement glacial, on plombe le tout avec quelques sonorités industrielles (au niveau des claviers notamment). Tout ceci nous donne une bien belle curiosité, artistiquement très riche et intéressante, qui semblera expérimentale pour les metalleux et jazzeux pure souche, moins mystérieux pour ceux connaissant les deux chapelles. Bon, mâtiner d'un côté jazzy du metal extrême, ça s'est déjà vu, on l'admet (TREPALIUM en l’occurrence), mais SHINING possède la particularité de défricher le chemin bien plus profondément que ceux s'y étant déjà frottés. A dire vrai, quand on y réfléchit de plus près, le côté «jazz» est sans doute le plus présent, d'où l'identité très forte émanant des Norvégiens qui ont pu se la forger avec pas moins de cinq albums. Oui, c'était peut-être la première fois qu'on en entendait parler en France mais sans doute pas dans son pays natal.

On en veut pour preuve ce témoignage live provenant du grand nord, au "Rockefeller" d'Oslo en janvier dernier, pour être exacte. Une chose est sûre, au vu des plusieurs centaines de personnes dans la salle, ça change du comité réduit du minuscule "Grrrnd Zero" de Lyon qui l'avait accueilli pour la toute première fois dans nos contrées l'an dernier. Et le constat reste toujours le même que sur album : SHINING, on adore ou on déteste, pas de juste milieu. Le show, comme son nom l'indique, est tourné autour du dernier album du combo puisque plus de la moitié de la setlist est tirée de «Blackjazz». Malgré tout, on retrouve des morceaux issus d'albums précédents tels que «The Red Room» ou «Winterreise», entre autres. Et le moins que l'on puisse dire, pour ceux faisant partis des adorateurs du combo (dont votre serviteur, donc), regarder cette prestation est une sacrée claque ! Les musiciens sont parfaitement en place, son leader charismatique est avenant avec son public et bouge bien (même s'il aurait pu se montrer plus loquace), malgré le fait qu'il ne s'occupe que de la bagatelle de trois instruments (guitare, saxo et un autre instrument à vent électrique mystérieux) ! Les autres sont beaucoup plus statiques, concentrés sur leurs instruments, un peu normal vu la complexité de la musique. Par contre, on ne pourra pas leur reprocher de ne pas vivre leur musique car ils semblent tous possédés par elle. Il suffit de voir le claviériste enchaînant tour à tour les caresses sur son instrument de son toucher de velours avant de partir dans la maltraitance, à se demander comment le support tient encore debout. Le public est également à fond malgré l'impossibilité de pogoter (essayez, vous vous sentirez bien embêtés), attentif ou headbanguant selon les passages et ce, même chez les plus jeunes. Il est en effet difficile de rester de marbre, la performance des musiciens est totalement ahurissante techniquement, carrée et très professionnelle. Mais le contraste entre les différentes ambiances que le groupe est capable de produire est tout bonnement saisissant. On sent notre sang se glacer à de nombreuses reprises, soit par une atmosphère inquiétante, des vocaux tranchants, voire même atteignant des sphères emplies carrément de terreur. Difficile de ressortir indemne d'une telle performance, le concert fini, on reste au moins cinq minutes sonné du spectacle.

Malheureusement, il subsiste quelques petits défauts à ce «Live Blackjazz». Ce n'est pas tant la performance en elle-même, mais plutôt la technique. Le public aurait pu gagner à être plus présent dans le mixage, car on finit souvent par penser qu'il pourrait s'agir d'un album studio disposant d'interludes live entre les morceaux. Le caractère clinique de la musique des Norvégiens n'arrange en rien ce constat, le son est tellement propre qu'on se demande s'il ne s'agit pas de prises studio intégrales. Au niveau des lights, difficile de savoir si c'est vraiment un défaut ou non, car le parti-pris apporte une certaine ambiance seyant plutôt bien au groupe, mais s'il vous plaît, si vous souffrez d'épilepsie, ne regardez surtout pas ce DVD car vous vous retrouverez vite en crise dès le premier morceau (le pire à ce niveau). Les lights blanches clignotent frénétiquement, ça amène une sorte de transe mais cela flingue quand même bien les yeux malgré tout. Et pour ce qui est du CD, il est vraiment regrettable qu'il soit un brin différent de son DVD. Les deux premiers morceaux sont inversés, on se retrouve amputé d'un morceau en plus du rappel (n'aurait-il pas été plus judicieux de sortir un format double-CD pour avoir l'intégralité de l'audio, quitte à sortir ce live sous plusieurs déclinaisons ?). Sans compter que les morceaux se révèlent assez mal entrecoupés par moment. Surtout lorsqu'on a vu le DVD, c'est d'autant plus flagrant.

Malgré ces défauts, le DVD mérite à lui seul d'être vu pour tous les amateurs du groupe. Il s'agit d'une véritable claque, malgré le fait qu'il soit en premier lieu difficilement digeste. Mais qu'importe, si vous avez réussi à apprivoiser un album complet de la formation norvégienne, cela ne devrait pas poser problème. Son faux jumeau CD se révèle quant à lui moins intéressant par les passages coupés (le performance devant être trop longue pour loger dans une galette), ce qui est bien dommage car il ne faut pas oublier que certains sont peut-être plus attachés au support audio que visuel d'un live. Et le fait de retrouver de fins audiophiles dans le public de SHINING ne serait guère étonnant. Dans tous les cas, si vous aviez apprécié «Blackjazz», vous pouvez y aller les yeux fermés.







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