CHRONIQUES ALBUMS

Nous voilà face à un album peuplé de petits bonhommes bizarres (voir artwork), créés par quatre savants fous s'autoproclamant docteurs. Ils nous viennent de Suède et ont la bizarrerie de délaisser les fioles et les lunettes à verres spiralés au profit de guitare, basse, batterie et micro (n'ayant pas vu leurs têtes, je ne pourrais me prononcer sur leurs coupes de cheveux, qui sont peut-être dignes d'Albert Einstein). Le produit de leur expérience était censé faire « étrange » dans nos oreilles, expérimentations douteuses et hybrides... Mais n'allez pas croire l'étiquette de promotion hurlant au «thrash/crossover», ce qu'on a là avec ce «Dr. Living Dead !» éponyme est loin d'être barré.

On ne peut pas leur reprocher de ne pas faire du «thrash», puisque c'est ce qui compose le disque. Pour le côté «crossover», on repassera par contre... Oui, peut-être pourra-t-on noter des chœurs très hardcoreux («World War Nine») dans certains refrains, mais le mélange des genres s'arrêtera là (tellement obsolète d'ailleurs qu'on le reconnaîtra uniquement pour leur faire plaisir). Les quatre docteurs font partie des indéniables bons élèves. Nul doute qu'ils doivent posséder leur doctorat en médecine pour pouvoir pratiquer en toute liberté. Et musicalement, également, ils ont bouffé du «thrash» de l'école allemande et ça s'entend ! «Dr. Living Dead» s'avère être un opus où on retrouve un thrash teuton des familles, dans la plus grande tradition. Rien de révolutionnaire à se mettre dans les oreilles, donc. Mais, même si le mimétisme n'est pas toujours une tare pour un groupe, force est d'admettre que cela ne sied pas véritablement à ces Suédois. Avalanche de titres qui respectent les codes sans réellement d'identité, ça singe DESTRUCTION par-ci par-là («Slime From Above», «Hard Target») et puis s'en va... Sans qu'on n'ait vraiment retenu quoique ce soit. Manque cruel de personnalité additionné à une homogénéité effrayante et un chanteur pas toujours très juste (bien gentil de vouloir imiter Schmier, mais autant le faire bien, tant qu'à faire). Les titres s'enchaînent et le fait que la structure soit toujours la même (intro/instrumental rapide/chant qui s'ajoute/retour à l'instrumental/retour chant/coupage net) s'avère ennuyeux au plus haut point et on n'est pas mécontent de la courte durée de cet album (des chansons aussi, d'ailleurs).

Bref, pas besoin de faire un roman, DR. LIVING DEAD! Version 2011 est un groupe on ne peut plus dispensable. D'autres thrasheux font dans la même originalité (aucune donc) et se débrouillent bien mieux, malgré un manque de personnalité flagrant. Autant qu'un fan du style en manque d'assaut auditif aille investir ce dernier côté, plutôt que celui du quatuor suédois, fade et sans saveur. En espérant qu'ils se remettent en question dans leur prochaine session d'expérimentation médicale.