CHRONIQUES ALBUMS

Un groupe, qu'est-ce que c'est ? Un nom ? Une marque ? Une somme de potes ou de personnes qui se réunissent pour faire de la musique ? Est-ce qu'on peut encore légitimer un groupe quand la présence d'un membre fondateur s'en va ? Tout dépend comment le groupe prétend porter le nom. Regardez Pink Floyd lorsque Roger Waters est parti : il a perdu le procès avec ses prétendus amis et a dû leur laisser exploiter le nom. Jon Lord, fondateur de Deep Purple s'en est allé et a laissé le bébé à ses amis sans amertume. Tommi
Iommi en bon camarade ou en bon buisnessman n'a pas voulu exploiter la réunion du sabbath version Dio Appice sous le nom de Black Sabbath pour des raisons obscures (contrat? Loyauté? Prévision d'une réunion aussi avec Ozzy?).

Stratovarius continue donc son chemin sans son membre fondateur Timo Tollki. Un peu comme si un homme quitte le domicile familial en laissant les gosses et les meubles, charge à la maman de trouver un beau-père à la hauteur. Quand on remplace Tollki, on ne remplace pas quelqu'un de charismatique, qui "en envoit" sur scène, on remplace un guitariste compositeur principal, cerveau du groupe. Le remplaçant ne devient pas simple exécutant, mais se doit d'avoir un talent de composition afin de faire vivre un groupe qui a plus de dix albums derrière lui, une image, un concept qui se doit de rester en mouvement afin de continuer à être rentable (car oui, les membres de Stratovarius exercent un métier et ont repris une entreprise comme Bernard Tapie avait repris Testud à l'époque).

Elysium est tout de même le deuxième album de Stratovarius sans Tollki, remplacé par Matias Kupiainen. Si Polaris le précédant album peut se voir comme une sorte de transition et de passage de relais pour Kupiainen, Elysium est la première copie rendue avec attente des fans par le nouveau 6 cordiste. Ainsi, la question était de savoir comment Kupiainen allait se fondre dans le groupe mais aussi se révéler et prendre place avec ses camarades actionnaires.

Et bien Elysium est un très bon 13 ème album et Stratovarius continue de sortir du très bon travail sans s'essouffler. Ce qui m'a toujours plu dans Stratovarius, c'est l'accessibilité des chansons, la variété des styles, sans pour autant que cela devienne de la soupe progressive imbuvable, élitiste et mathématique. 9 Chansons, Deux voire trois speed dont l'excellente "Under Flaming skies" deux ballades, du lyrisme de haut vol dans "Fairness Justified", des ambiances arabisantes. Personnellement, j'offre une mention spéciale pour "lifetime in a moment" au tempo très lent, redondant, avec des arrières goûts de "Kashmir", une ossature qui met idéalement en valeur la voix de Kutipelto.
Enfin, la chanson éponyme "Elysium" installe Kupiainen au panthéon des guitaristes d'exception. 18 minutes d'ambiance, de virtuosité, d'heroïsme qui laisse cependant une part à chacun.
En conclusion, Stratovarius est une marque qui avance et a trouvé en la personne de Kuipiainen un guitariste directeur artistique de valeur qui porte haut les couleurs de l'entreprise.